Depuis la réforme décidée par l'EHF en 2020, être reversé d'une Coupe d'Europe à une autre n'est normalement plus possible. Sauf cas individuels bien particuliers, tel celui de Gnonsiane Niombla. En septembre, la Rhodanienne avait commencé l'actuelle saison continentale en Ligue des Champions, avec le club roumain de Bistrita. Elle la terminera ce week-end, sous le maillot de Dijon (le n° 29, évidemment), dans le carré final de Ligue européenne. « Il ne s'est rien passé de fou », sourit l'arrière gauche qui n'avait jamais changé de collectif en plein exercice. « Juste une rupture de contrat avec Bistrita, d'un commun accord », courant janvier, « et une arrivée à Dijon un mois et demi après. Clément Alcacer, l'entraîneur, m'a appelé, m'a fait venir. On se connaissait de l'époque de Metz, quand il était entraîneur du centre de formation. La blessure de Stine Lonborg a précipité les choses. » Une double fracture du poignet droit qui rendait indispensable l'engagement d'une suppléante à la Danoise.
« Si Stine ne s'était pas blessée, je n'aurais jamais eu cette opportunité-là. On s'est trouvés, eux comme moi, dans les meilleures dispositions pour travailler ensemble. » La collaboration a démarré mi-mars, moins d'une semaine avant le quart de finale de C2 Dijon – Bensheim (31-27, 28-26). Elle pourrait connaître son apogée à Graz, l'équivalent de Budapest dans cette compétition. Niombla y disputera son sixième Final Four en carrière. La championne du monde (2017) et d'Europe (2018) avec l'équipe de France en a connu trois d'affilée en Ligue des Champions : 2017 et 2018 avec le CSM Bucarest, 2019 à Metz. Elle a inauguré la déclinaison en Ligue EHF, en 2021, pendant sa période Siofok, et atteint la finale du dernier en date, l'an passé avec Bistrita.
Vierge de toute expérience dans ce format condensé (*), le quatrième de Ligue féminine ne pouvait rêver meilleure guide, conseillère, pour défricher ce contexte à part. Régi par ses propres codes. « C'est riche en émotions, très rapide. Il faut le vivre une fois pour se rendre compte de la chose. Je me rappelle du premier Final Four de Metz. Aucune défaite en championnat, on roule sur tout le monde en Champions League, on gagne deux fois Rostov, et quand doit jouer Rostov une troisième fois, on se fait laminer soixante minutes. Pour certaines filles qui découvraient cela, c'était quelque chose de surprenant, d'émotionnellement très fort. »
La mise en condition bourguignonne a commencé dès l'arrivée sur le sol autrichien, jeudi. Un délai court. La JDA de Niombla l'espère suffisant pour bouleverser l'ordre de départ établi. « Nous sommes outsiders, on ne va pas se mentir. Ikast est une grosse écurie. Dijon a perdu deux fois contre Blomberg (en phase de groupes), Thüringen a beaucoup de joueuses internationales, expérimentées. Pour espérer faire un résultat, il faut essayer de ne pas se faire manger par l'événement. Essayer de jouer à 100 %. » Compter aussi, si besoin, sur la glorieuse incertitude du hand. L'ex-Fleuryssoise et Parisienne convoque l'édition 2021 : « Siofok jouait contre Ikast en demi-finale. On n'avait pas une seule chance de gagner, on gagne à la fin. On va contre Nantes, où Bruna De Paula et Déborah Kpodar gagnent la finale. L'année dernière avec Bistrita, Storhamar bat Nantes en demi-finale sans être favori, et nous bat en finale avec deux cartons rouges contre nous. Ca peut aller dans un sens comme dans un autre. C'est pour ça que ce format est génial. J'y crois vraiment. »
Ici plus qu'ailleurs, tout peut arriver. L'inattendu, l'irrationnel, et surtout le meilleur. Succéder à Nantes, seul vainqueur hexagonal de la Ligue EHF. C'était donc face à l'ancienne formation hongroise de Gnonsiane Niombla. Une internationale sénégalaise (depuis 2023) en quête, à 34 printemps, du trophée européen de club qui manque à son palmarès. Ses meilleures alliées pour le conquérir ? La pointe de vitesse de Nina Dury et Rosario Urban en montée de balle, les bras létaux de Claire Vautier et Celine Sivertsen, les moyens coercitifs de Lilou Pintat en poste 3 et d'Ann-Cathrin Giegerich dans la cage. Du solide, dont l'épopée européenne en douze étapes (quatorze, à l'issue de ce week-end) avait pris sa source dans un lointain deuxième tour préliminaire, en octobre, contre... des Autrichiennes (**).
(*) il y a vingt ans, le Cercle Dijon Bourgogne a été finaliste (en aller-retour) de la Challenge Cup., l'équivalent d'une C4. Il avait échoué de peu contre Leverkusen : 28-27, 22-25.
(**) Hypo Niederösterreich, facilement écarté : 42-26 et 28-16.
Programme du Final Four de Ligue européenne (à Graz, Autriche)
Samedi, 15 h : Blomberg (ALL) – Ikast (DAN). A 18 h : Thüringen (ALL) – DIJON.
Dimanche 4 mai, 15 h : match pour la troisième place. A 18 h : finale.
Diffusion sur Eurosport 360, la plateforme Max... ou la chaîne allemande gratuite DF1 (réception par satellite).