Paris 92, qui s’était rassuré tout l’été, se retrouva fort dépourvu quand la rentrée fut venue. La fable du début de championnat déplaît à Emmanuelle Thobor, pivot d’une formation au bilan comptable peu reluisant avant d’aller à Besançon (9ème). « On ne sait pas pourquoi on se retrouve dans cette situation », soit l’avant-dernière place (13ème sur 14) résultant de six matches sans victoire. « On avait fait une préparation estivale plutôt bonne. Dans les matches amicaux, rien ne pouvait laisser penser qu’on ferait un début de saison comme ça. Beaucoup d’interrogations émanent, forcément. »
Le derby inaugural perdu contre Saint-Maur (21-20) a précipité les Franciliennes dans l’engrenage. Une resucée de la seconde partie de saison dernière, achevée à une anonyme dixième place. Certes desservies par le calendrier (Brest à domicile, Metz à l’extérieur), les protégées de Naïm Sarni ont encaissé des défaites toujours plus lourdes. Leur dernière rencontre, à l’orée de la trêve internationale, paraissait suivre la lignée. Neuf longueurs de retard après trente minutes, face à Chambray-les-Tours (11-20), effacées salutairement dans la demi-heure suivante (26-26). « On s’est remis les idées en place à la mi-temps. On a réussi à corriger certaines erreurs défensives. En restant compactes, on a su poser des problèmes à Chambray. Les arrêts de Julie Foggéa nous ont aussi beaucoup aidées. On a su mettre un supplément d’âme, faire preuve de caractère, se battre en équipe pour décrocher ce match nul. »
Occuper une position de relégable n’entrait pas dans les plans de la Melunoise de 23 ans. Lutter pour le maintien dans la durée, quelques mois après avoir joué la phase de groupes de Ligue EHF, lui est toujours inenvisageable. « On est une équipe avec énormément de qualités. Il faut arriver à les remettre en place sur le terrain, les allier avec le mental pour gagner. » Telle une thérapie de groupe, « la trêve internationale nous a fait du bien. On a pu se concentrer sur nous, se poser des questions sur ce qui a marché ou pas. Elle nous a permis de revoir les enclenchements qui n’étaient pas forcément compris ou bien adaptés. »
Une piste de redressement durable suggère d’assimiler les prochaines rencontres de LBE à des tours de Coupe de France. La seule compétition qui réussit actuellement aux Lionnes de la petite couronne. Elles y ont gagné leurs deux seuls matches officiels à ce jour, chez un ressortissant de D2 (Bègles, 28-36, notre photo) et le promu havrais (26-33). « Le championnat est notre priorité. Il faut gagner des matches, se sortir de cette zone rouge », insiste toutefois la double finaliste à Bercy (2023, 2025).
S’extirper de situations très délicates, s’accrocher en croyant à des lendemains meilleurs, Emmanuelle Thobor en a l’expérience. En juillet 2021, elle savourait pleinement sa médaille de bronze continentale avec l’équipe de France U19 de ses amies Sarah Bouktit, Léna Grandveau et Coura Kanouté. « Une belle revanche », à ses yeux, sur le Covid-19, dont elle avait contracté une forme sévère entre les deux plus fortes vagues. Si agressive qu’elle a coûté de longs mois d’hospitalisation, puis de revalidation. « Si j’avais su, après cet épisode, que j'aurais une médaille, je n’y aurais jamais cru. Pour moi, c'était impossible ! Je venais juste de reprendre le handball », quatre mois précisément avant l'échéance slovène. « Je n’ai pas eu énormément de temps de jeu, j’étais quinzième ou seizième joueuse, mais c’était un énorme plaisir de pouvoir faire partie de cette sélection. J’aurais pu ne pas être prise. »
Convertie à la petite balle collante à Sénart afin d’imiter sa grande sœur, ancienne handballeuse de niveau loisir, celle qui a délaissé ses études de psychologie pour « entamer une formation dans l’entreprenariat » a en outre vécu un épisode de mauvaise santé financière. A Fleury-les-Aubrais, rayé de la carte de France professionnelle à l'automne 2022, alors qu’elle était pensionnaire du centre de formation. « Sans ces problèmes, j’aurais pu rester là-bas. J’y ai commencé ma formation, je me sentais bien. C’aurait été totalement normal de signer mon premier contrat pro au Fleury Loiret HB. » Ce sera finalement à Paris 92, mieux qu’une solution de repli. Le bail initial de dix-huit mois, paraphé début 2023, a été renouvelé. Signe que Naïm Sarni compte beaucoup sur sa numéro 77, le temps de jeu par journée n’est jamais inférieur à 35 minutes. « Je me sens vraiment bien à Paris, assure la Seine-et-Marnaise fière de son département. Les difficultés, on en rencontre partout, peu importe le club. Il faut savoir passer au-dessus, travailler pour qu’elles puissent disparaître. » Plus qu’une morale, le mantra d’Emmanuelle Thobor.
Besançon – Paris 92 (septième journée de LBE), samedi 25 octobre à 19 h