« Je sens vite quand je vais bien me sentir quelque part, ou pas. » Quand Perrine
Petiot change d’équipe, l’erreur d’appréciation est rare. Adolescente, la Ligérienne native de Saint-Priest-en-Jarez (*) optait ainsi pour le centre de formation de feu le HBC Nîmes plutôt qu’un autre. « Ce club me faisait très envie. Il jouait la Coupe d’Europe. Je connaissais aussi Blandine Dancette, une ancienne joueuse de Saint-Etienne. J’y ai surtout rencontré ma future entraîneure, Manuela Ilie, qui m’a aidé pendant toutes ces années. C’était ma deuxième maman. J’ai passé trois ans magnifiques, j’ai gardé beaucoup d’amies de cette période-là. Malheureusement, ça s’est très mal fini… » Par le dépôt de bilan de l’entité gardoise, il y a dix ans.
 
Le feeling de la longiligne demi-centre (1,82 m), qui glisse en poste 2 pour défendre, a été encore meilleur avec Celles-sur-Belle, rejoint en 2018. « C’est ma deuxième maison. Sportivement, j’ai vécu énormément de choses. » En guise d’apogée, un titre de championne de D2 en 2021 suivi de deux ans de LBE traversées en pointillé, en raison d’une succession de blessures. Sous contrat jusqu’en 2027, elle se préparait à entamer une huitième saison dans les Deux-Sèvres. Malgré les incertitudes estivales liées aux sanctions administratives pour mauvaise gestion des finances. Fin août, après épuisement de tous les recours, la rétrogradation du club poitevin en N1 a précipité fin d’idylle et de contrat. Et généré un transfert express à Saint-Grégoire/Rennes. « J’ai déménagé le dimanche (31 août), j’ai eu une journée d’acclimatation le lundi. Le mardi, j’arrivais à l’entraînement et je me présentais aux filles. Et quatre jours après, je jouais » un match de championnat… à Nîmes. « Au Parnasse, là où je me suis entraînée pendant mes années de centre de formation. C’était très particulier de jouer dans ces conditions. J’étais partagée entre plein de choses. »
 
Perrine Petiot le réaffirme, quitter son club de cœur au débotté était tout, sauf une désertion. « Je suis venue pour le sportif, pour jouer en D2. Plus les semaines ont passé, plus tout m’a semblé rentrer dans l’ordre. Aujourd’hui, je suis juste contente d’être là. » Tant dans le chef-lieu d’Ille-et-Vilaine qu’à… la première place de l’antichambre. « C’est une surprise, c’est carrément historique pour le club », septième à son meilleur dans une poule unique (saison 23-24), et proche de retomber en N1 voici quelques mois (12ème sur 13).
 
De l’intérieur, pourtant, la métamorphose n’a rien de miraculeuse. « Au quotidien, on travaille très bien. Chaque minute de chaque entraînement est bénéfique au jeu qu’on développe le week-end. J’ai l’impression qu’on ne perd pas de temps. L’approche tactique et technique de Romain est tellement qualitative qu’il n’y a pas un moment où on n’avance pas. » Romain, c’est M. Corre, nouveau coach très imprégné par son quinquennat de chef du centre de formation de Brest. « Il a une vision individuelle du développement de la joueuse. C’est très important dans notre groupe, où il y a de jeunes joueuses qui ont du potentiel. Même pour moi, c’est intéressant. Je retrouve un aspect que j’avais un peu abandonné : développer des parties de mon jeu, essayer de les rendre meilleures. C’est super ! »
 
Il n’y a pas d’âge pour évoluer, avancer. Trentenaire depuis février, l’étudiante en psychologie est la doyenne du SGRMH. « Malheureusement ! », en rit-elle.
« Ca me fait bizarre, c’est la première fois que ça m’arrive. J’essaie de partager mon expérience dans les moments chauds, de communiquer sur ce qui me paraît important. » Un vécu dont la pièce maîtresse est une sélection, unique, en équipe de France (République Tchèque, qualifications à l’Euro, octobre 2021). « Grâce à Celles et à mon travail, les portes se sont ouvertes. C’était incroyable, inattendu. Un rêve s’était réalisé. Malheureusement, cette semaine a été vite balayée par des événements plus tristes. »
 
Si la sœur cadette de Martin (ex-arrière droit de Proligue, reconverti entraîneur des U17 nationaux de Besançon) n’élude aucune souffrance passée, elle n’aspire désormais qu’à vivre au présent. « Je veux profiter de notre dynamique positive. J’espère qu’elle durera le plus longtemps possible. » Pourquoi pas au-delà du sommet inattendu de Toussaint. Rennes est attendu à la Maison des sports de Clermont-Ferrand, chez l’autre formation invaincue de ce championnat miniature à 10. Bretonnes et Auvergnates partagent un bilan de quatre succès et un nul. « Ce sera très intéressant de voir comment nous allons gérer ça. Clermont, c’est un cran au-dessus de Vaulx-en-Velin (battu 25-21 le week-end passé). C’est l’équipe la plus en forme du championnat, la plus compétitive. » Le CAM 63 détient en outre le statut VAP, contrairement à Saint-Grégoire. En conséquence, lance Perrine Petiot, « le projet n’est pas de monter cette année. Par contre, jouer les play-offs en fin de saison, les premières places, ça me va très bien aussi ! » 
 
(*) l'hôpital de Saint-Etienne, où est née la meneuse de jeu, se situe dans cette commune de l'agglomération.
 
Clermont – Rennes (sixième journée de D2), samedi 1er novembre à 20 h