Entre Istres et Montpellier, c’est une longue histoire d’amour vache, avec quelques échecs retentissant dans les dernières saisons sur le sol istréen, le MAHB a appris à se méfier énormément de cette équipe qui ne lâche jamais rien et qui sait puiser dans ses réserves. Le seul problème était que les réserves étaient un peu en vacances de la république provençale pour ce match. Gregory Tablon out pour une cheville gauche en vrac, Bastien Cismondo sur une jambe avec un strap qui lui prenait toute la jambe après son accident au genou plus que spectaculaire la veille face à Paris. Restait à faire avec tout cela face à cette machine à gagner qu’est Montpellier en cette fin de saison. Pour les Héraultais, la mauvaise nouvelle était l’absence confirmée de Michael Guigou non remis de sa gastro. En y ajoutant celles de Joël Abati et Cédric Burdet, cela faisait intrinsèquement beaucoup, mais cela devant être largement relativisé par la densité de l’effectif du MAHB.
Pour Istres le salut passait par la défense. C'était bien affiché par Christophe Mazel qui voulait s’appuyer sur le point fort de son collectif. Et cela ne mettait pas longtemps à se mettre en route de ce côté-là. Vincent Gérard « In the Zone » avec notamment deux « Pastis » majestueux sur William Accambray et Adrien Di Panda, des joueurs sautant sur tout ce qui peut être grappillé comme ballon et Montpellier se trouvait à tourner autour de ce bloc sans trouver les solutions. Les arrières en panne d’efficacité, des avants sevrés de ballons dont un Issam Tej ne se sortant pas de la tenaille Lis – Fleurival, l’escouade offensive du leader du championnat souffrait le martyr face à ses voisins sudistes.
Sauf que défendre le fer et le feu ne veut pas dire faire avancer le dossier tableau de marque et comme du côté du MAHB on sait ce que veut dire monter en intensité défensive et que côté gardien un Karaboué vaut largement un Gérard, Istres lui aussi avait les pires difficultés à faire enfler son quota de buts. Le match se jouait à coup de quelques contre-attaques, quelques tirs parfois chanceux et quelques coups individuels comme une rentrée positive de Mladen Bojinovic pour Montpellier, mais cela ne faisait pas la maille pour les favoris de la rencontre. Istres jouant sur son petit nuage défensif arrivait enfin à convertir la multitudes d’occasions offertes par sa défense et son gardien de plus en plus le problème majeur de Montpellier. Résultat Istres devenait le patron de la rencontre à la grande stupéfaction des 1000 spectateurs. Chose assez rare en France, Patrice Canayer avait été obligé de prendre le premier son temps mort, signe que rien ne fonctionnait vraiment au royaume de Bougnol.
La surprise devenait de plus en plus palpable avec un avantage mérité de deux buts, la seule vraie ombre au tableau pour Istres était la blessure à l’épaule gauche de son sauveur de la veille Kamel Alouini durement secoué par son compatriote Wissem Hmam, pour le reste malgré un ciel sans nuage à Miami, Istres avait réussi à en trouver un tout petit pour se hisser sur le toit du handball français.
L’envie d’en descendre n’était pas au programme du début de seconde période, là où les hommes de Christophe Mazel avaient complètement déjoué la veille face à Paris, ils restaient parfaitement sur ce projet de jeu architecturé sur une défense de fer. Comme de son côté Vincent Gérard montait encore son niveau, Montpellier n’y arrivait pas plus offensivement en début de seconde période qu’à la fin de la première. Même si la fatigue commençait sérieusement à gagner les jambes des Istréens, personne ne voulait lâcher même quand Montpellier reprenait enfin la main après une très bonne séquence de William Accambray.
Le dernier quart d’heure que tout le monde voyait fatal à leur folle ambition de titre était ouvert avec toujours ces diables rouges qui même butant régulièrement sur Daouda Karaboué trouvaient encore quelques espaces, quelques coups de pattes comme ce désaxé de François Jordan Marie trouvant la lucarne du gardien du MAHB ou Raphaël Tourraton existant de miettes et d’expédients en pivot, mais souvent gagnants. A force d’y croire, Istres entrait dans la dernière ligne droite de cette finale avec 4 buts d’avance au compteur. 5 minutes à jouer pour toucher le bonheur ultime d’offrir à Istres son premier titre national. Ce que le président Moralès refusait d’envisager à la mi-temps était en train de devenir réalité, Istres après l’Europe acquise la veille, ouvrait son compteur titre avec un enthousiasme et une fraîcheur qui visiblement avaient fait énormément défaut à une grosse partie de l’effectif montpelliérain.
Même si il reste ce fameux match des All Star, sportivement cette coupe de la Ligue à Miami a accouché d’une histoire sportive hors du commun ! Un groupe un peu venu de nulle part qui était dernier du championnat après quelques journées de championnat et qui a su rester calme et sûr de son jeu. Mené par un entraîneur qui après Nîmes montre encore une fois que les gestionnaires du jeu restent un élément essentiel de la performance. Restera toujours ce loupé magistral au niveau de l’organisateur local, mais cela est une autre histoire, celle des gamins d’Istres est 100 fois plus belle à raconter.
A Miami, America Airlines Arena
Le samedi 11 avril 2009 à 12h00
Montpellier HB - Istres OPHB : 20 - 22 (Mi-temps : 10-12)
300 Spectateurs
Arbitres :
Melle Bonaventura et Bonaventura
Statistiques du match
Les réactions
Bastien Cismondo (Istres)
Ma blessure n’avait pas d’importance, ce qu’il fallait c’est que l’ont soit tous à 100% et on l’a fait. On pensait qu’on avait tout donné hier face à Paris, et bien en fait il nous en restait encore un peu, pas trop quand même on a été obligé de combler avec de la malice et de l’intelligence. Parler de la défense ce n’est pas simple pour moi, ce n’est pas mon secteur de jeu, mais je suis confronté tous les jours à l’entraînement à eux et ce n’est pas simple que de prendre le dessus sur de tels joueurs. Avec l’arrivée de Robert Lis qui a énormément apporté à Thierry Fleurival on possède un duo quasi sans équivalent en France.
Vincent Gérard (Istres)
C’est énorme on a mené quasiment du début à la fin du match, jamais Montpellier n’a réussi à placer un coup d’accélérateur, on est toujours resté dans le match en s’appuyant sur cette défense qui est notre point fort. Montpellier est injouable quasiment tout le temps, une fois de temps en temps ils sont prenables, aujourd’hui c’était le cas et on a parfaitement su saisir notre chance. On était venus pour prendre la place en Coupe d’Europe et on revient avec le titre c’est immense. Pour moi, cela fait la 3° coupe de la Ligue, je n’ai jamais perdu un match dans cette compétition, si des clubs veulent la gagner il va falloir qu’ils pensent à moi (rires).
Christophe Mazel (Entraîneur Istres)
On savait que pour ce match tout dépendait du scénario! Si on était avec eux, on avait la possibilité de les faire douter. Tremblay avait montré en championnat qu’en ne lâchant rien, en montant en intensité on pouvait réaliser l’exploit. Ce groupe est formidable, on bosse, on bosse et au final logiquement on progresse. Même si je sais très bien que l’on n’est pas capables de battre Montpellier sur la durée, il fallait le faire aujourd’hui, on l’a fait pour offrir un premier titre au club. Pour la suite j’espère que cette victoire ne sera pas néfaste, il va falloir se remettre au travail très vite et ne pas plonger dans les délices de la victoire. Istres avait une image de mauvais garçons, on l’a enlevée mais on était passé à une image d’équipe sympa mais qui perd régulièrement, on est en train de changer ça mais il va aussi falloir garder tous ces joueurs de talents.
Patrice Canayer (Entraîneur Montpellier)
C’est notre première finale perdue depuis très longtemps, mais c’est surtout une victoire méritée pour Istres ! Les joueurs ont eu tendance à croire que ce serait facile, qu’il suffisait de rentrer sur le terrain avec le maillot du MAHB pour que cela passe, cela a été loin d’être le cas. Offensivement notre base arrière a été insuffisante, aujourd’hui l’arrière le plus percutant de Montpellier a été Jordan François Marie que l’on a prêté à Istres… Il ne faut pas se cacher derrière quoi que ce soit, l’arbitrage a été bon, Istres a su être au dessus de nous pendant que nos joueurs au statut important ont été défaillants. Je n’ai pas voulu prendre le risque de faire jouer Michael Guigou, il était trop faible pour que cela ne constitue pas un risque, mais se passer d’un tel joueur reste handicapant quel que soit l’effectif de Montpellier, comme l’ont été les absences de Cédric Burdet et Joël Abati, mais ceux qui étaient sur le terrain on failli dans bien des domaines.