Encore une fois les Françaises ont sorti un match magique, encore une fois elles ont mis le jeu adverse en charpie, et encore une fois elles restent totalement en vie dans ce Mondial. D’autant plus que 2 heures après cette victoire magique, les Bleues se faisaient offrir une demi-finale mondiale sur un plateau par la victoire de l’Angola sur le Danemark. En cas contraire, il aurait fallu que le Danemark batte la Russie pour que la France passe, maintenant avec ce résultat étonnant mais salvateur, il suffit que la France batte l’Autriche mardi pour accéder à ces demies finales… Laissant le Danemark et la Russie s’expliquer entre eux. Il y a une semaine après le double échec face au Brésil et le Danemark, on était loin de penser à tout cela…

Face aux Russes, les Bleues ont encore fait des choses étonnantes et dans tous les sens du terme. A commencer par le meilleur avec une fin de rencontre énorme de Cléopâtre Darleux qui a mis toute l’équipe russe dans sa nasse à arrêts sortant les Françaises d’un mauvais pas à une de moins et gagnant la rencontre sur un dernier arrêt magique de l’aile. Le meilleur avec enfin les prises de responsabilités de Marion Limal sur les shoots longue distance, le tout bien secondé par une Audrey Deroin véritablement décoincée dans sa tête par son bon match face à l’Angola.

Et au dessus de tout cela, il y a encore cette défense… Marque de fabrique des Bleues depuis plus de 10 ans, elle a encore fait des miracles, ne lâchant jamais, ne laissant jamais un shoot simple ce qui va amener un assez pauvre 23/51 au final pour les Russes. Avec 4/10 à 6 mètres et 1/4 aux jets de 7 mètres, on a eu vraiment l’impression que les Russes avait perdu leur science du shoot face à la débauche d’énergie tricolore. Il faut dire que derrière, le danger était assez facilement identifiable. Tout d’abord Ludmilla Postnova, puissante, rapide, inventive, l’arrière gauche russe a bien failli faire plus que des misères aux Bleues et le meilleur, ou la meilleure était à côté d’elle avec la perle de 19 ans, Tatiana Khmyrova, celle que Apt avait découvert il y a 3 saisons dans le tournoi international du Luberon a été le poison majeur des bleues pendant 60 minutes.

Heureusement qu’à côté de cela, Emilya Turey s’est un peu déchiré au tir, qu’Inna Suslina nous a refait son complexe tricolore, ne passant que 5 minutes dans les buts avant de laisser sa place à Anna Sedoykina et enfin heureusement que Ludmilla Bodnieva n’a pas trouvé d’héritière au poste de pivot pourtant si bien fourni par le passé en Russie… Mais avec des si, la France ne serait pas en passe de se qualifier pour une demi-finale mondiale.

Car même si, les pertes de balles sont encore venues troubler le rendement défensif, si les Bleues ont été capables de rater plus que l’immanquable, jamais elles n’ont cessé de croire en elles et jamais elles n’ont pensé que la supériorité russe affichée ne pouvait être remise en cause. Jamais troublées par des échecs qui auraient pu les mettre en pleine crise de confiance, les filles d’Olivier Krumbholz auront toujours relancé la machine du mieux possible comme Paule Baudouin, capable de mettre la balle au dessus du but sans gardienne dedans et quelques minutes plus tard être métronomique aux penalties, là où pourtant le bas blesse très fort pour les Françaises depuis le début de ce Mondial.

Autant ne pas chercher de logique dans tout cela, juste admettre que cette équipe a trouvé un petit plus, un petit supplément d’âme dans les tracasseries de début de championnat. Elles sont loin d’être les meilleures joueuses du monde individuellement, mais ensemble elles sont capables d’effacer toutes ces disparités individuelles, c’est peut-être cela que l’on appelle l’esprit d’équipe…

A Yangzhou, Sports Garden Gym
Le 13 décembre 2009 à 12h00
France – Russie : 24 - 23 (Mi-temps : 12-14)
2 500 Spectateurs
Arbitres :
MM ANDERSEN et SODAL (Norvège)

La réaction d’Olivier KRUMBHOLZ (après le succès face aux Russes mais avant de connaître le résultat et surtout la victoire de l’Angola sur le Danemark)
Elles ont fait un match exceptionnel et c’est vrai qu’on avait une toute petite chance de gagner ce match-là. Les Russes étaient beaucoup plus fortes que nous, plus matures, plus puissantes surtout. Nous, on leur a opposé notre culot. On a su gérer, ne pas se laisser trop décrocher dans les moments difficiles et puis revenir dans les 10 dernières minutes et là, je pense que mentalement, l’agressivité et la confiance sont revenues. C’était la jeunesse triomphante. C’est un beau résultat pour les filles mais il faut rester les pieds sur terre parce qu’on a longtemps souffert. On va continuer à les tenir mobilisées et à les ramener vers toujours plus d’humilité. Au début du mondial, on avait beaucoup de pression, la poule était difficile parce qu'on avait mal débuté. Ce match-là contre les Russes, c’était un plus pour elles. Elles l’ont géré et préparé intelligemment. Il faut rester calme car ce n’est pas fini, il faut battre l’Autriche et puis surtout continuer à travailler. Mais je dois les féliciter, elles ont été énormes au niveau de la combativité. On aimerait bien aller en demi-finale. Pour celles qui étaient déjà là en 2007 et 2008, une victoire comme cela face aux Russes, cela fait chaud au cœur.