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Mondial EDF M: Clap de fin pour "Quinquin"

Mondial

lundi 23 janvier 2017 - © Yves Michel

 6 min 44 de lecture

Que la France monte ou non en fin de semaine sur la plus haute marche du podium mondial, Alain Quintallet, le préparateur physique des Bleus tirera sa révérence. Après douze ans de pratique au sein de la sélection. Entre temps, il a passé le relais à Guillaume Gille.

A Lille, notre envoyé spécial Yves MICHEL

Ils sont tous passés entre ses mains. En équipe de France depuis 2004. Cette année-là, bien avant l'été, Claude Onesta lui a proposé de prendre en charge le volet "préparation physique" des Bleus. Cela commence par les Jeux d'Athènes, cela se terminera cette semaine et tout le monde espère dimanche soir après la finale. Mais après plus de 12 ans de bons et loyaux services, de joies et de quelques peines, Alain Quintallet s'éloignera de la sélection. Pas pour se transformer en pêcheur à la ligne du côté de Montbard, son fief bourguignon mais pour prendre un nouveau virage à 67 ans. Dans le sport évidemment, dans l'écriture certainement pour laisser une trace de son immense acquis.


Comment es-tu arrivé à la préparation physique ?
Je me considère comme un autodidacte… petit, je m’entraînais tout seul, donc la préparation physique, je la faisais tout seul. Le virage a eu lieu en 1989, j’étais prof de gym, il y avait les sports-études et à l’époque, il fallait aussi être spécialiste handball. La Fédé m’a proposé de prendre en charge la direction du sports-études de Dijon. C'est là que j’ai croisé Gilles Cometti, mon guide en matière de prépa physique et j’ai eu la chance de me construire avec lui.

Quelle est la part du préparateur physique dans la médaille éventuelle ?
Je n’y pense pas trop lorsque je travaille avec les gars… enfin si, une fois, avec Accambray à Londres. C’est le seul moment où je me suis dit « là, c’est notre boulot qui a payé. On avait bossé ensemble comme des damnés » William avait fait un travail physique énorme avec des perfs en muscu exceptionnelles, 240 kg sur une jambe , bref… des trucs de fou et quand je l’ai vu entrer sur le terrain avec l’envie de défoncer tout le monde, j'étais content.

Quel joueur encore en équipe de France t’a le plus impressionné ?
Accambray, c’était un moment particulier, après, il y en a plein qui m’ont bluffé et bien-sûr, au 1er rang de la liste, Niko… Daniel aussi car il a une longévité dans le maintien de ses qualités technico-physiques, Luc Abalo m’a beaucoup impressionné par sa motricité et ses qualités naturelles, il y a quelques années, un peu moins maintenant.

Tu es sévère avec lui…
Non, je pense que s’il travaille moins, ses qualités vont régresser. Le danger pour lui c’est qu’il a tellement de qualités, qu'il oublie de les renforcer, du coup, il sera moins régulier et il se blessera.

Pour ceux qui arrivent, la PP est-elle naturellement intégrée à leur programme ?
A vrai dire, je ne sais pas. Ils sont plus habitués à faire des routines de préparation. Tu les regardes au bord du terrain, ils font des abdos, du gainage, tous seuls, cela veut dire qu’ils se sont appropriés un petit peu plus la préparation physique. Mais le joueur dans un 1er temps, ce qui le motive, c’est le jeu. Pour lui, la préparation physique, c’est un élément indispensable mais qui est contraignant.

Des mauvais souvenirs en 12 ans ?
Le dernier résultat… les Jeux, je n’arrive pas à digérer, en une phrase, "ça me gonfle". La Serbie, ça a été une grosse déception mais c’était une faute de l’ensemble.
 
Mais Rio aussi, non ?
Euh… Rio… (visiblement gêné), enfin, bon… je ne peux pas dire grand-chose mais… on a fait des erreurs. D’accord, les Danois ont bien exploité le match et comme à ce niveau-là, le moindre faux pas est fatal, on s’est retrouvé en difficultés.

Ce Mondial, c’est à ne pas rater et pas uniquement parce que c’est ton dernier…
Ah là, il ne faut pas déconner ! Ce Mondial a pour moi, un double objectif. Le gagner bien-sûr mais également faciliter l’intégration de Guillaume Gille.

Comment se déroule le passage de témoin ?
J’ai toujours défendu l’idée que le préparateur physique et surtout celui de l’Equipe de France mais aussi en club, devait être un entraîneur de handball. Et en 2012, quand j’ai réfléchi à ma succession, il n’y avait pas 36 noms. J’ai pensé alors à deux personnes mais celui qui franchement, était le plus facile à intégrer, c’est Guillaume parce qu’il a un vécu international et je savais qu’il était intéressé par les problématiques de la prépa.   

Comment cela se passe ?
Très bien. Je n’ai pas à le guider, il prend énormément d’initiatives. Il se base aussi sur mes méthodes mais amène des choses nouvelles. A ce niveau-là, je pars l’esprit hyper serein. L’entente qu’il a avec Didier, me ravit au plus haut point.

Quels sont aussi, tes meilleurs souvenirs en 12 ans ?
Le 1er titre olympique, à Pékin, c’est quelque chose qui marque mais le championnat du Monde en Croatie, un an plus tard, cela a été exceptionnel. Quand j’y repense, cela me donne toujours des frissons. Quand je vois en finale les Croates mettre le genou à terre, moi je suis juste derrière le banc, les canettes pleuvent parce que le public est mécontent, tu vois Balic qui baisse la tête, là tu te dis, c’est bon, on y est !

Le mot stop, tu vas te faire une raison à le prononcer ?
Je n’y ai pas encore pensé. J’aurai sans doute un petit peu de nostalgie mais sans plus. Et puis je vais être content de voir comment ils évoluent derrière mais je reste perpétuellement tourné vers l’avenir. Je suis déjà dans… ce que je vais faire demain.  



"Quinquin" ? Ce sont les autres qui en parlent le mieux...

Il y a ceux qui le connaissent depuis si longtemps et d'autres qui ont appris à le découvrir. Car "Quinquin" est un peu le confident, l'accompagnant de ceux qui sont mis de côté. Au Qatar en 2015, il s'asseyait près de Samuel Honrubia en tribunes, cette fois-ci, il a pris Yanis Lenne (le 17ème homme) sous son aile. « Il ne me lâche pas une seconde, témoigne l’ailier sélestadien. Comme je n’ai pas le droit d'aller m’échauffer sur le terrain, je suis dans une salle à côté avec Alain et j’ai remarqué que j’étais son cobaye, son jouet depuis le début de la compétition (rires).» Et qu'en pense le staff ? Par exemple, Jean Christophe Mabire, l'un des kinés. Record de longévité chez les Bleus puisque le Normand est arrivé en 1995. « Il est agréable à vivre, même s'il aime avoir toujours raison. Il est constamment dans l'analyse et dans la vie de groupe, il a pris de la place.» Même son de cloche du côté du manager général Claude Onesta qui est allé chercher l'intéressé alors que la situation en équipe de France n'était pas au zénith. « Sa vraie force est d'être issu du handball et au fil du temps, il a généré une préparation très handball. Grâce à lui, on a progressé plus vite que les autres. En revanche, en dehors du terrain, il est insupportable. Il se mêle de tout ! Il est préparateur mais aussi coach, médecin, kiné et même magasinier ! » Didier Dinart lui, a un rapport particulier avec "Quinquin". C'est le Dijonnais qui a fait venir en métropole l'actuel co-entraîneur des Bleus. « Il s'est démené pour trouver l'argent nécessaire pour que je rentre en sports-études. C'est vraiment lui qui m'a mis le pied à l'étrier. Là, il a décidé de partir donc c'est acté. De toute façon, s'il ne part pas, c'est moi qui vais le pousser vers la sortie. Le fils va tuer le père (rires). Avec son départ, ce sera une partie du staff qui s'en va.» Mais c'est dimanche dans la soirée, le plus tard possible donc, qu'Alain Quintallet compte tirer sa révérence.

Mondial EDF M: Clap de fin pour "Quinquin" 

Mondial

lundi 23 janvier 2017 - © Yves Michel

 6 min 44 de lecture

Que la France monte ou non en fin de semaine sur la plus haute marche du podium mondial, Alain Quintallet, le préparateur physique des Bleus tirera sa révérence. Après douze ans de pratique au sein de la sélection. Entre temps, il a passé le relais à Guillaume Gille.

A Lille, notre envoyé spécial Yves MICHEL

Ils sont tous passés entre ses mains. En équipe de France depuis 2004. Cette année-là, bien avant l'été, Claude Onesta lui a proposé de prendre en charge le volet "préparation physique" des Bleus. Cela commence par les Jeux d'Athènes, cela se terminera cette semaine et tout le monde espère dimanche soir après la finale. Mais après plus de 12 ans de bons et loyaux services, de joies et de quelques peines, Alain Quintallet s'éloignera de la sélection. Pas pour se transformer en pêcheur à la ligne du côté de Montbard, son fief bourguignon mais pour prendre un nouveau virage à 67 ans. Dans le sport évidemment, dans l'écriture certainement pour laisser une trace de son immense acquis.


Comment es-tu arrivé à la préparation physique ?
Je me considère comme un autodidacte… petit, je m’entraînais tout seul, donc la préparation physique, je la faisais tout seul. Le virage a eu lieu en 1989, j’étais prof de gym, il y avait les sports-études et à l’époque, il fallait aussi être spécialiste handball. La Fédé m’a proposé de prendre en charge la direction du sports-études de Dijon. C'est là que j’ai croisé Gilles Cometti, mon guide en matière de prépa physique et j’ai eu la chance de me construire avec lui.

Quelle est la part du préparateur physique dans la médaille éventuelle ?
Je n’y pense pas trop lorsque je travaille avec les gars… enfin si, une fois, avec Accambray à Londres. C’est le seul moment où je me suis dit « là, c’est notre boulot qui a payé. On avait bossé ensemble comme des damnés » William avait fait un travail physique énorme avec des perfs en muscu exceptionnelles, 240 kg sur une jambe , bref… des trucs de fou et quand je l’ai vu entrer sur le terrain avec l’envie de défoncer tout le monde, j'étais content.

Quel joueur encore en équipe de France t’a le plus impressionné ?
Accambray, c’était un moment particulier, après, il y en a plein qui m’ont bluffé et bien-sûr, au 1er rang de la liste, Niko… Daniel aussi car il a une longévité dans le maintien de ses qualités technico-physiques, Luc Abalo m’a beaucoup impressionné par sa motricité et ses qualités naturelles, il y a quelques années, un peu moins maintenant.

Tu es sévère avec lui…
Non, je pense que s’il travaille moins, ses qualités vont régresser. Le danger pour lui c’est qu’il a tellement de qualités, qu'il oublie de les renforcer, du coup, il sera moins régulier et il se blessera.

Pour ceux qui arrivent, la PP est-elle naturellement intégrée à leur programme ?
A vrai dire, je ne sais pas. Ils sont plus habitués à faire des routines de préparation. Tu les regardes au bord du terrain, ils font des abdos, du gainage, tous seuls, cela veut dire qu’ils se sont appropriés un petit peu plus la préparation physique. Mais le joueur dans un 1er temps, ce qui le motive, c’est le jeu. Pour lui, la préparation physique, c’est un élément indispensable mais qui est contraignant.

Des mauvais souvenirs en 12 ans ?
Le dernier résultat… les Jeux, je n’arrive pas à digérer, en une phrase, "ça me gonfle". La Serbie, ça a été une grosse déception mais c’était une faute de l’ensemble.
 
Mais Rio aussi, non ?
Euh… Rio… (visiblement gêné), enfin, bon… je ne peux pas dire grand-chose mais… on a fait des erreurs. D’accord, les Danois ont bien exploité le match et comme à ce niveau-là, le moindre faux pas est fatal, on s’est retrouvé en difficultés.

Ce Mondial, c’est à ne pas rater et pas uniquement parce que c’est ton dernier…
Ah là, il ne faut pas déconner ! Ce Mondial a pour moi, un double objectif. Le gagner bien-sûr mais également faciliter l’intégration de Guillaume Gille.

Comment se déroule le passage de témoin ?
J’ai toujours défendu l’idée que le préparateur physique et surtout celui de l’Equipe de France mais aussi en club, devait être un entraîneur de handball. Et en 2012, quand j’ai réfléchi à ma succession, il n’y avait pas 36 noms. J’ai pensé alors à deux personnes mais celui qui franchement, était le plus facile à intégrer, c’est Guillaume parce qu’il a un vécu international et je savais qu’il était intéressé par les problématiques de la prépa.   

Comment cela se passe ?
Très bien. Je n’ai pas à le guider, il prend énormément d’initiatives. Il se base aussi sur mes méthodes mais amène des choses nouvelles. A ce niveau-là, je pars l’esprit hyper serein. L’entente qu’il a avec Didier, me ravit au plus haut point.

Quels sont aussi, tes meilleurs souvenirs en 12 ans ?
Le 1er titre olympique, à Pékin, c’est quelque chose qui marque mais le championnat du Monde en Croatie, un an plus tard, cela a été exceptionnel. Quand j’y repense, cela me donne toujours des frissons. Quand je vois en finale les Croates mettre le genou à terre, moi je suis juste derrière le banc, les canettes pleuvent parce que le public est mécontent, tu vois Balic qui baisse la tête, là tu te dis, c’est bon, on y est !

Le mot stop, tu vas te faire une raison à le prononcer ?
Je n’y ai pas encore pensé. J’aurai sans doute un petit peu de nostalgie mais sans plus. Et puis je vais être content de voir comment ils évoluent derrière mais je reste perpétuellement tourné vers l’avenir. Je suis déjà dans… ce que je vais faire demain.  



"Quinquin" ? Ce sont les autres qui en parlent le mieux...

Il y a ceux qui le connaissent depuis si longtemps et d'autres qui ont appris à le découvrir. Car "Quinquin" est un peu le confident, l'accompagnant de ceux qui sont mis de côté. Au Qatar en 2015, il s'asseyait près de Samuel Honrubia en tribunes, cette fois-ci, il a pris Yanis Lenne (le 17ème homme) sous son aile. « Il ne me lâche pas une seconde, témoigne l’ailier sélestadien. Comme je n’ai pas le droit d'aller m’échauffer sur le terrain, je suis dans une salle à côté avec Alain et j’ai remarqué que j’étais son cobaye, son jouet depuis le début de la compétition (rires).» Et qu'en pense le staff ? Par exemple, Jean Christophe Mabire, l'un des kinés. Record de longévité chez les Bleus puisque le Normand est arrivé en 1995. « Il est agréable à vivre, même s'il aime avoir toujours raison. Il est constamment dans l'analyse et dans la vie de groupe, il a pris de la place.» Même son de cloche du côté du manager général Claude Onesta qui est allé chercher l'intéressé alors que la situation en équipe de France n'était pas au zénith. « Sa vraie force est d'être issu du handball et au fil du temps, il a généré une préparation très handball. Grâce à lui, on a progressé plus vite que les autres. En revanche, en dehors du terrain, il est insupportable. Il se mêle de tout ! Il est préparateur mais aussi coach, médecin, kiné et même magasinier ! » Didier Dinart lui, a un rapport particulier avec "Quinquin". C'est le Dijonnais qui a fait venir en métropole l'actuel co-entraîneur des Bleus. « Il s'est démené pour trouver l'argent nécessaire pour que je rentre en sports-études. C'est vraiment lui qui m'a mis le pied à l'étrier. Là, il a décidé de partir donc c'est acté. De toute façon, s'il ne part pas, c'est moi qui vais le pousser vers la sortie. Le fils va tuer le père (rires). Avec son départ, ce sera une partie du staff qui s'en va.» Mais c'est dimanche dans la soirée, le plus tard possible donc, qu'Alain Quintallet compte tirer sa révérence.

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