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A Aix et au-delà, tout le monde est derrière Théo Derot

LMSL

mardi 12 septembre 2017 - © Yves Michel

 6 min 1 de lecture

A Aix, la préparation a été chamboulée non pas dans son organisation mais dans son état d’esprit. En ce début de saison, Théo Derot manque à l’appel. La maladie est venue perturber sa progression et bien au-delà de la Provence, une immense chaîne de solidarité s’est créée autour de l'arrière international. Au PAUC où l'ambition européenne est dans toutes les têtes, le joueur fait plus que jamais partie du projet.

par Yves MICHEL

Les marques d’encouragement et de soutien comme ce t-shirt porté par tous les joueurs nantais en marge de la finale du Trophée des Champions ou ce maillot signé par tous ceux du PSG et floqué à son nom, lui vont droit au cœur et contribuent à lui redonner la pêche. Depuis quelques jours, ce n’est pas contre un adversaire bien identifié que se bat Théo Derot mais un mal un peu plus sournois.

L’arrière international avait décidé de donner un nouvel élan à sa carrière. En quittant Nantes et en tentant une nouvelle aventure à Aix, se rapprochant ainsi des siens et de cette Provence qui l’a vu naître et où il a appris le handball. Mais voilà, pendant la prépa, au retour du tournoi de Doboj (Bosnie), les résultats d’un examen médical ont tempéré son impatience et son ardeur. Le joueur devra traverser une épreuve inédite hors du 40x20 dans un cadre plus austère loin de la clameur du public. Au club, le coup est rude à encaisser et même si les objectifs n'ont pas changé, tous ceux qui côtoient de près ou de loin l'ancien Nantais, se font un devoir de ne pas le laisser tomber. « C’est en tout cas une épreuve au-delà du sportif, appuie Stéphane Cambriels, le gérant du PAUC. D’abord parce que c’est un enfant d’ici et qu'on connait bien sa famille. On essaie de le soutenir le mieux possible même si on sait que c’est lui qui va mener le combat, que forcément il va être un peu isolé du fait des conditions de soins. C’est difficile à titre personnel mais aussi pour le club dans le sens associatif du terme. Sur l'aspect sportif, c'était une recrue importante de la saison mais cela passe immédiatement au second plan.» Jérôme Fernandez lui, a appris à définir l'ordre des priorités. Il doit composer sans Théo mais également sans le gardien Wesley Pardin touché à une jambe et qui ne fera son retour qu'à la trêve. Pour cette entame, l’entraîneur aixois fait contre mauvaise fortune bon cœur, l’infirmerie étant moins garnie qu’il y a un an. « Je préfèrerais avoir cinq ou six blessés et pas un mec à l’hôpital qui se bat pour survivre, souffle Jérôme Fernandez. C’est forcément un cas complexe auquel nous devons faire face. C’est un gars énormément apprécié de tous, ce qui lui arrive a ému tout le monde et forcément, on relativise ce qui compose le côté sportif. Tout en montrant qu’on reste un club fort et que le groupe manifeste un élan de solidarité à son égard. Ça lui permet de rester soudé et motivé.» Même si la gestion du quotidien n’est pas simple, tout a été fait pour que Théo ne reçoive que des ondes positives, qu’il n’ait pas la terrible sensation d’être oublié. «Tout ce qui a été fait notamment dans des clubs où il n'est pas passé, les courriers, les messages, on lui transmet et il en prend connaissance, explique Stéphane Cambriels. C'est quelque chose qui le touche et qui l'aide dans sa bataille car il se sent concerné par la famille au sens large. Au départ, je pensais qu'il ne fallait pas en faire trop mais tant que c'est dans la sobriété, autant lui marquer tous ces signes d'affection et de soutien.» L'absence de Théo Derot dans le dispositif aixois laisse un grand vide. Le rendement de l'équipe en sera obligatoirement affecté même si d'autres talents sont prêts à relever le défi. Mais jamais, son remplacement n'a été envisagé. « Sur le plan du jeu, il n’y a pas besoin de prendre un joker, martèle Jérôme Fernandez. Je veux au contraire qu’il comprenne qu’on lui garde sa place, qu’on pense à lui en allant chercher des résultats et qu'on n'attend qu’une seule chose, c'est qu’il gagne son combat et qu’il revienne parmi nous. Si on devait prendre quelqu’un, ça serait pour étoffer le groupe mais pas dans l'immédiat, plutôt en cours de saison mais en tout cas, cela ne sera pas sur son poste.» A Aix, on a su par le passé traverser les épreuves. Celle-là en est une, elle intervient une année où le club nourrit l'ambition d'aller taquiner l'Europe.



Aix a de réelles ambitions européennes

En 2012, alors que le club étrennait sa 1ère saison parmi l’élite avec un effectif dont Matthieu Ong est aujourd’hui le seul rescapé, les dirigeants provençaux avaient annoncé la couleur et lancé "Objectif EHF 2017". L'idée d'être européen cinq années plus tard avec une équipe plus étoffée et surtout une infrastructure à la mesure du projet trottait déjà les têtes. En juin dernier, à 4 points près, le rêve aurait pu devenir réalité. Encore une fois, l'ouvrage est remis sur le métier et avec la 5ème masse salariale de l'élite, un recrutement (même perturbé) à la hauteur avec notamment le pivot espagnol Inaki Pecina (photo ci-dessus) et surtout une salle de 6000 places livrée à la mi-octobre, Pays d'Aix entrera dans une autre dimension et aura le devoir de lorgner vers l'Europe. « Nous sommes une poignée à construire le modèle depuis dix ans, argumente Stéphane Cambriels. Quand on affiche ce projet de viser l'EHF en 2017, on prend un risque vis à vis du monde du handball car cela peut paraître très ambitieux et même prétentieux d'affirmer cela. Mais ça serait complètement farfelu de dire qu'on joue autre chose que le haut de tableau, par contre, on reste raisonnable et conscient de la concurrence sachant que cela va être très difficile. » Aix doit surtout s'installer dans la régularité. 4ème attaque lors du précédent exercice, 11ème défense, c’est inévitablement dans ce dernier secteur que l’amélioration devra être ressentie et les efforts sans doute redoublés.« Comme on dit, ça commence toujours par ça mais au-delà, il y a le jeu rapide, rajoute Jérôme Fernandez. Quand tu as une bonne défense, tu peux mieux te projeter sur le jeu de transition et avoir moins de pression sur ton attaque placée. » Avec 17-18 joueurs professionnels dans l’effectif de base, le coach provençal peut se targuer d’avoir un des bancs les plus profonds du championnat. Les résultats qui vont suivre seront attendus avec impatience. « On ne se dérobe pas, on assume complètement les objectifs. Après, il y a toujours des aléas avec un gros peloton qui poursuit le même but derrière le quatuor de tête, à nous de nous en extraire. Si on termine 6ème, ce sera un semi-échec, si c’est autour de la 9-10ème place ce sera une grosse déconvenue. »  Aix est donc à la croisée des chemins mais dans toutes les têtes, c'est Théo Derot qui aura à mener le plus gros combat de la saison.

A Aix et au-delà, tout le monde est derrière Théo Derot 

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mardi 12 septembre 2017 - © Yves Michel

 6 min 1 de lecture

A Aix, la préparation a été chamboulée non pas dans son organisation mais dans son état d’esprit. En ce début de saison, Théo Derot manque à l’appel. La maladie est venue perturber sa progression et bien au-delà de la Provence, une immense chaîne de solidarité s’est créée autour de l'arrière international. Au PAUC où l'ambition européenne est dans toutes les têtes, le joueur fait plus que jamais partie du projet.

par Yves MICHEL

Les marques d’encouragement et de soutien comme ce t-shirt porté par tous les joueurs nantais en marge de la finale du Trophée des Champions ou ce maillot signé par tous ceux du PSG et floqué à son nom, lui vont droit au cœur et contribuent à lui redonner la pêche. Depuis quelques jours, ce n’est pas contre un adversaire bien identifié que se bat Théo Derot mais un mal un peu plus sournois.

L’arrière international avait décidé de donner un nouvel élan à sa carrière. En quittant Nantes et en tentant une nouvelle aventure à Aix, se rapprochant ainsi des siens et de cette Provence qui l’a vu naître et où il a appris le handball. Mais voilà, pendant la prépa, au retour du tournoi de Doboj (Bosnie), les résultats d’un examen médical ont tempéré son impatience et son ardeur. Le joueur devra traverser une épreuve inédite hors du 40x20 dans un cadre plus austère loin de la clameur du public. Au club, le coup est rude à encaisser et même si les objectifs n'ont pas changé, tous ceux qui côtoient de près ou de loin l'ancien Nantais, se font un devoir de ne pas le laisser tomber. « C’est en tout cas une épreuve au-delà du sportif, appuie Stéphane Cambriels, le gérant du PAUC. D’abord parce que c’est un enfant d’ici et qu'on connait bien sa famille. On essaie de le soutenir le mieux possible même si on sait que c’est lui qui va mener le combat, que forcément il va être un peu isolé du fait des conditions de soins. C’est difficile à titre personnel mais aussi pour le club dans le sens associatif du terme. Sur l'aspect sportif, c'était une recrue importante de la saison mais cela passe immédiatement au second plan.» Jérôme Fernandez lui, a appris à définir l'ordre des priorités. Il doit composer sans Théo mais également sans le gardien Wesley Pardin touché à une jambe et qui ne fera son retour qu'à la trêve. Pour cette entame, l’entraîneur aixois fait contre mauvaise fortune bon cœur, l’infirmerie étant moins garnie qu’il y a un an. « Je préfèrerais avoir cinq ou six blessés et pas un mec à l’hôpital qui se bat pour survivre, souffle Jérôme Fernandez. C’est forcément un cas complexe auquel nous devons faire face. C’est un gars énormément apprécié de tous, ce qui lui arrive a ému tout le monde et forcément, on relativise ce qui compose le côté sportif. Tout en montrant qu’on reste un club fort et que le groupe manifeste un élan de solidarité à son égard. Ça lui permet de rester soudé et motivé.» Même si la gestion du quotidien n’est pas simple, tout a été fait pour que Théo ne reçoive que des ondes positives, qu’il n’ait pas la terrible sensation d’être oublié. «Tout ce qui a été fait notamment dans des clubs où il n'est pas passé, les courriers, les messages, on lui transmet et il en prend connaissance, explique Stéphane Cambriels. C'est quelque chose qui le touche et qui l'aide dans sa bataille car il se sent concerné par la famille au sens large. Au départ, je pensais qu'il ne fallait pas en faire trop mais tant que c'est dans la sobriété, autant lui marquer tous ces signes d'affection et de soutien.» L'absence de Théo Derot dans le dispositif aixois laisse un grand vide. Le rendement de l'équipe en sera obligatoirement affecté même si d'autres talents sont prêts à relever le défi. Mais jamais, son remplacement n'a été envisagé. « Sur le plan du jeu, il n’y a pas besoin de prendre un joker, martèle Jérôme Fernandez. Je veux au contraire qu’il comprenne qu’on lui garde sa place, qu’on pense à lui en allant chercher des résultats et qu'on n'attend qu’une seule chose, c'est qu’il gagne son combat et qu’il revienne parmi nous. Si on devait prendre quelqu’un, ça serait pour étoffer le groupe mais pas dans l'immédiat, plutôt en cours de saison mais en tout cas, cela ne sera pas sur son poste.» A Aix, on a su par le passé traverser les épreuves. Celle-là en est une, elle intervient une année où le club nourrit l'ambition d'aller taquiner l'Europe.



Aix a de réelles ambitions européennes

En 2012, alors que le club étrennait sa 1ère saison parmi l’élite avec un effectif dont Matthieu Ong est aujourd’hui le seul rescapé, les dirigeants provençaux avaient annoncé la couleur et lancé "Objectif EHF 2017". L'idée d'être européen cinq années plus tard avec une équipe plus étoffée et surtout une infrastructure à la mesure du projet trottait déjà les têtes. En juin dernier, à 4 points près, le rêve aurait pu devenir réalité. Encore une fois, l'ouvrage est remis sur le métier et avec la 5ème masse salariale de l'élite, un recrutement (même perturbé) à la hauteur avec notamment le pivot espagnol Inaki Pecina (photo ci-dessus) et surtout une salle de 6000 places livrée à la mi-octobre, Pays d'Aix entrera dans une autre dimension et aura le devoir de lorgner vers l'Europe. « Nous sommes une poignée à construire le modèle depuis dix ans, argumente Stéphane Cambriels. Quand on affiche ce projet de viser l'EHF en 2017, on prend un risque vis à vis du monde du handball car cela peut paraître très ambitieux et même prétentieux d'affirmer cela. Mais ça serait complètement farfelu de dire qu'on joue autre chose que le haut de tableau, par contre, on reste raisonnable et conscient de la concurrence sachant que cela va être très difficile. » Aix doit surtout s'installer dans la régularité. 4ème attaque lors du précédent exercice, 11ème défense, c’est inévitablement dans ce dernier secteur que l’amélioration devra être ressentie et les efforts sans doute redoublés.« Comme on dit, ça commence toujours par ça mais au-delà, il y a le jeu rapide, rajoute Jérôme Fernandez. Quand tu as une bonne défense, tu peux mieux te projeter sur le jeu de transition et avoir moins de pression sur ton attaque placée. » Avec 17-18 joueurs professionnels dans l’effectif de base, le coach provençal peut se targuer d’avoir un des bancs les plus profonds du championnat. Les résultats qui vont suivre seront attendus avec impatience. « On ne se dérobe pas, on assume complètement les objectifs. Après, il y a toujours des aléas avec un gros peloton qui poursuit le même but derrière le quatuor de tête, à nous de nous en extraire. Si on termine 6ème, ce sera un semi-échec, si c’est autour de la 9-10ème place ce sera une grosse déconvenue. »  Aix est donc à la croisée des chemins mais dans toutes les têtes, c'est Théo Derot qui aura à mener le plus gros combat de la saison.

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