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US Ivry : la vitrine vole en éclats

LMSL

jeudi 15 mai 2014 - © Yves Michel

 6 min 33 de lecture

Après 57 ans de présence ininterrompue au sein de l’élite du hand national, l’US Ivry s’apprête à quitter la D1 masculine. Ce mercredi soir, la défaite face à Montpellier a mis fin aux derniers frêles espoirs de maintien.

Sauf improbable miracle venu des voix célestes de la LNH, il faudra s’y faire. L’US Ivry disparait des écrans radar de la D1 masculine, au moins pour une saison. Ce n’est pourtant pas la victoire de Montpellier (25-30) ce mercredi soir à Delaune qui a précipité à elle seule, les Val-de-Marnais vers l’abîme. Elle y a contribué mais sans plus. Même si un infime espoir subsistait dans une lutte à distance avec Sélestat, inconsciemment dans toutes les têtes, l’affaire était entendue depuis bien longtemps. Pourtant, face aux Héraultais, les hommes de Pascal Léandri (notre photo de tête) n’ont nourri aucun complexe d’infériorité. Ils se sont accroché, ont bousculé leur adversaire pendant plus d’une mi-temps mais ont craqué en seconde. Sans être irrésistible mais incroyablement efficace au bon moment (vers la 37ème minute lorsqu’une contestation répétée vaut à Mathieu Bataille une double exclusion), Montpellier n’a eu ensuite qu’à gérer son avantage.

Et à 21h34, lorsque le buzzer de clôture a retenti, tout le monde a dû se rendre à l’évidence: une des institutions du hand tricolore était reléguée au niveau inférieur. « On ne se faisait pas trop d’illusions, avoue l'arrière gauche Fabien Ruiz-Margaria. On n’était plus maître de notre destin. C’est toute la saison, qu’on a faite à l’envers. Ça fait trois ans qu’on flirtait avec la zone rouge, c’est normal qu’un jour on s’y retrouve et qu’on n’en sorte pas. On a toujours essayé de mettre nos valeurs en avant mais ça n’a pas suffi. » Tous les avis sont à peu près unanimes, depuis 2008, soit un an après le titre de champion de France, la façade ivryenne s’est lézardée et le miracle a du être permanent pour maintenir le navire-amiral à flots. « C’est vrai que de retrouver Ivry à ce niveau est difficile à analyser car si les raisons étaient flagrantes, elles auraient été détectées bien avant, conçoit l’ancien sélectionneur national Daniel Costantini. Ces dernières années, tout est parti en brioche (sic) avec une politique de "cul entre deux chaises". On a utilisé des jeunes du centre de formation mais en même temps, on a recruté des étrangers. Comme il n'y avait pas beaucoup d’argent, on a pris des joueurs moyens. Quelquefois on a eu du bol en tombant sur un Diego Simonet mais c’est une exception. Ça va leur faire du bien de descendre pour retrouver les vrais fondamentaux du handball. »  La faute à pas de chance ou alors une répétition d’erreurs et de stratégie qui a vite conduit à un tel désastre.



Béatrice Barbusse a dirigé le club de février 2007 à novembre 2012. Après cinq ans et neuf mois de présidence, elle a du renoncer, poussée vers la sortie par l’équipe actuellement en place. « Lorsque j’ai pris les rênes du club, je me suis aperçue des lourdeurs de la machine et surtout d’un manque de compétence à certains niveaux. J’ai écarté certaines personnes dont le directeur sportif. Pendant trois ans avec mon équipe, on s’est attaché à l’indispensable comme l'installation d’un pôle partenariat. Les contributions privées ont été multipliées par cinq. Depuis, tout a été détruit. Les deux dernières années de ma présidence, j’ai été torpillée par les personnes qui ont depuis, pris ma place.  Ce qui arrive maintenant ne m’étonne pas, il y a je le répète, un déficit de compétences, il faut tout reprendre à zéro. » Dans un contexte économique difficile, l’ambiance viciée et les luttes intestines n’ont pas contribué à maintenir Ivry au sommet du handball national.

Cette descente vers la Pro D2 n’est-elle pas en fait un mal pour un bien ? « C’est inévitablement une page qui se tourne, opine l’entraîneur futur directeur sportif Pascal Léandri. Même si c’est un chapitre douloureux qu’on voulait éviter. Le projet reste ambitieux et contrairement à ce qui pourrait être dit, le club est sain. Ce soir (mercredi), je suis abattu, je ne vais certainement pas bien dormir mais je reste revanchard. La semaine prochaine, on jouera à Aix et on va tout faire pour assurer la 13ème place. Tout d’abord pour son propre ego mais aussi j’ai entendu dire que parmi les équipes qui disputaient la montée, il y en avait qui n’étaient pas au mieux financièrement. »  Car tout en préparant la prochaine saison en Pro D2, Ivry n’est pas définitivement condamné à quitter l’élite. Le budget actuel (2,8 millions d’euros) ne devrait pas considérablement baisser et si d’aventure, un repêchage devait intervenir…. « On ne le refusera pas, commente Fabien Ruiz-Margaria. Je ne crois pas trop aux miracles et je ne compte pas sur cette éventualité pour rester en D1 mais si l'opportunité se présente... Quoi qu'il se passe, il faut se servir de cet échec, repartir sur de bonnes bases et si on est en D2, faire tout pour remonter. »

Trois questions à Sebastian Simonet

Le clin d'œil du calendrier est cruel. C'est le soir où la fratrie Simonet était réunie pour la 1ère fois au grand complet sur le parquet de Delaune avec Pablo (22 ans) et Sébastian (28 ans) sous les couleurs ivryennes et Diego (24 ans) sous celles de Montpellier, que le résultat de la rencontre précipite l'US Ivry vers la D2. Au grand désarroi de "Seba", le frère aîné. 

J’imagine que pour toi, c’est une énorme désillusion ?
C’est dur à encaisser et je ne suis pas fier de ce qu’on a fait. Il y a trois ans quand je suis arrivé, c’était pour jouer l’Europe. Et là, je me retrouve en bas de classement avec un billet pour la D2. Je n’ai jamais vécu de descente, il va falloir s’y faire. Il me reste  un an de contrat, je vais bien-sûr rester et tout faire pour remonter. 

Où sont les raisons de cet échec ?
C’est difficile à expliquer. Cette année, on a souvent perdu de peu à la maison mais aussi à l’extérieur. On a par moments bien joué mais on n’a jamais su trouver l’efficacité pour gagner les matches importants. Il y a eu des blessés mais cela fait partie d’une saison. Depuis un mois et la défaite face à Tremblay, on savait que l’espoir de se maintenir était mince. Les matches qui ont suivi et qu’on a perdus ne nous ont pas rassurés.

Il y a un an, Créteil descendait et là, c’est leur retour en D1
Oui mais eux, ils ont maintenu quasiment la même équipe. Ce qui m’inquiète, c’est qu’il va y avoir beaucoup de changements. Un nouvel entraîneur et six ou sept joueurs sont sur le départ (voir plus bas). Depuis 3 ans, j’évoluais avec la plupart d'entre eux, c’était plus des amis que des partenaires. On va me dire que c’est la vie mais j’espère que les dirigeants vont penser à faire un bon recrutement.



Ceux qui vont quitter le club

Xavier Lorgere   (arrière gauche)
Veljko Indjic      (pivot)
Ondrej Sulc       (arrière droit)       Stella St Maur (N2)
Morgan Staigre  (arrière gauche)   Crea-Oissel (N1)
Novica Rudovic  (arrière gauche)
Jérémy Darras   (ailier droit)         Tremblay (D1)
Damir Smajilagic  (ailier gauche)       Arrêt
Javier Humet     (arrière droit) a demandé à partir mais il lui reste 1 an de contrat



L’US IVRY en quelques chiffres

promotion en Division 1 masculine en 1957
8 fois champion de France        1963, 1964, 1966, 1970, 1971, 1983, 1997 et 2007
Vainqueur de la Coupe de France    1996
Vainqueur de la Coupe de la Ligue   2007
Tour principal de la LDC                  2008
Demi-finaliste de la Cpe des Coupes 1997
¼ finaliste de la Coupe EHF             2009

Classement depuis le titre en 2007 :
3ème en 2008, 5ème en 2009 et 2010, 12ème en 2011, 11ème en 2012, 10ème en 2013 et 13ème en 2014.  

US Ivry : la vitrine vole en éclats  

LMSL

jeudi 15 mai 2014 - © Yves Michel

 6 min 33 de lecture

Après 57 ans de présence ininterrompue au sein de l’élite du hand national, l’US Ivry s’apprête à quitter la D1 masculine. Ce mercredi soir, la défaite face à Montpellier a mis fin aux derniers frêles espoirs de maintien.

Sauf improbable miracle venu des voix célestes de la LNH, il faudra s’y faire. L’US Ivry disparait des écrans radar de la D1 masculine, au moins pour une saison. Ce n’est pourtant pas la victoire de Montpellier (25-30) ce mercredi soir à Delaune qui a précipité à elle seule, les Val-de-Marnais vers l’abîme. Elle y a contribué mais sans plus. Même si un infime espoir subsistait dans une lutte à distance avec Sélestat, inconsciemment dans toutes les têtes, l’affaire était entendue depuis bien longtemps. Pourtant, face aux Héraultais, les hommes de Pascal Léandri (notre photo de tête) n’ont nourri aucun complexe d’infériorité. Ils se sont accroché, ont bousculé leur adversaire pendant plus d’une mi-temps mais ont craqué en seconde. Sans être irrésistible mais incroyablement efficace au bon moment (vers la 37ème minute lorsqu’une contestation répétée vaut à Mathieu Bataille une double exclusion), Montpellier n’a eu ensuite qu’à gérer son avantage.

Et à 21h34, lorsque le buzzer de clôture a retenti, tout le monde a dû se rendre à l’évidence: une des institutions du hand tricolore était reléguée au niveau inférieur. « On ne se faisait pas trop d’illusions, avoue l'arrière gauche Fabien Ruiz-Margaria. On n’était plus maître de notre destin. C’est toute la saison, qu’on a faite à l’envers. Ça fait trois ans qu’on flirtait avec la zone rouge, c’est normal qu’un jour on s’y retrouve et qu’on n’en sorte pas. On a toujours essayé de mettre nos valeurs en avant mais ça n’a pas suffi. » Tous les avis sont à peu près unanimes, depuis 2008, soit un an après le titre de champion de France, la façade ivryenne s’est lézardée et le miracle a du être permanent pour maintenir le navire-amiral à flots. « C’est vrai que de retrouver Ivry à ce niveau est difficile à analyser car si les raisons étaient flagrantes, elles auraient été détectées bien avant, conçoit l’ancien sélectionneur national Daniel Costantini. Ces dernières années, tout est parti en brioche (sic) avec une politique de "cul entre deux chaises". On a utilisé des jeunes du centre de formation mais en même temps, on a recruté des étrangers. Comme il n'y avait pas beaucoup d’argent, on a pris des joueurs moyens. Quelquefois on a eu du bol en tombant sur un Diego Simonet mais c’est une exception. Ça va leur faire du bien de descendre pour retrouver les vrais fondamentaux du handball. »  La faute à pas de chance ou alors une répétition d’erreurs et de stratégie qui a vite conduit à un tel désastre.



Béatrice Barbusse a dirigé le club de février 2007 à novembre 2012. Après cinq ans et neuf mois de présidence, elle a du renoncer, poussée vers la sortie par l’équipe actuellement en place. « Lorsque j’ai pris les rênes du club, je me suis aperçue des lourdeurs de la machine et surtout d’un manque de compétence à certains niveaux. J’ai écarté certaines personnes dont le directeur sportif. Pendant trois ans avec mon équipe, on s’est attaché à l’indispensable comme l'installation d’un pôle partenariat. Les contributions privées ont été multipliées par cinq. Depuis, tout a été détruit. Les deux dernières années de ma présidence, j’ai été torpillée par les personnes qui ont depuis, pris ma place.  Ce qui arrive maintenant ne m’étonne pas, il y a je le répète, un déficit de compétences, il faut tout reprendre à zéro. » Dans un contexte économique difficile, l’ambiance viciée et les luttes intestines n’ont pas contribué à maintenir Ivry au sommet du handball national.

Cette descente vers la Pro D2 n’est-elle pas en fait un mal pour un bien ? « C’est inévitablement une page qui se tourne, opine l’entraîneur futur directeur sportif Pascal Léandri. Même si c’est un chapitre douloureux qu’on voulait éviter. Le projet reste ambitieux et contrairement à ce qui pourrait être dit, le club est sain. Ce soir (mercredi), je suis abattu, je ne vais certainement pas bien dormir mais je reste revanchard. La semaine prochaine, on jouera à Aix et on va tout faire pour assurer la 13ème place. Tout d’abord pour son propre ego mais aussi j’ai entendu dire que parmi les équipes qui disputaient la montée, il y en avait qui n’étaient pas au mieux financièrement. »  Car tout en préparant la prochaine saison en Pro D2, Ivry n’est pas définitivement condamné à quitter l’élite. Le budget actuel (2,8 millions d’euros) ne devrait pas considérablement baisser et si d’aventure, un repêchage devait intervenir…. « On ne le refusera pas, commente Fabien Ruiz-Margaria. Je ne crois pas trop aux miracles et je ne compte pas sur cette éventualité pour rester en D1 mais si l'opportunité se présente... Quoi qu'il se passe, il faut se servir de cet échec, repartir sur de bonnes bases et si on est en D2, faire tout pour remonter. »

Trois questions à Sebastian Simonet

Le clin d'œil du calendrier est cruel. C'est le soir où la fratrie Simonet était réunie pour la 1ère fois au grand complet sur le parquet de Delaune avec Pablo (22 ans) et Sébastian (28 ans) sous les couleurs ivryennes et Diego (24 ans) sous celles de Montpellier, que le résultat de la rencontre précipite l'US Ivry vers la D2. Au grand désarroi de "Seba", le frère aîné. 

J’imagine que pour toi, c’est une énorme désillusion ?
C’est dur à encaisser et je ne suis pas fier de ce qu’on a fait. Il y a trois ans quand je suis arrivé, c’était pour jouer l’Europe. Et là, je me retrouve en bas de classement avec un billet pour la D2. Je n’ai jamais vécu de descente, il va falloir s’y faire. Il me reste  un an de contrat, je vais bien-sûr rester et tout faire pour remonter. 

Où sont les raisons de cet échec ?
C’est difficile à expliquer. Cette année, on a souvent perdu de peu à la maison mais aussi à l’extérieur. On a par moments bien joué mais on n’a jamais su trouver l’efficacité pour gagner les matches importants. Il y a eu des blessés mais cela fait partie d’une saison. Depuis un mois et la défaite face à Tremblay, on savait que l’espoir de se maintenir était mince. Les matches qui ont suivi et qu’on a perdus ne nous ont pas rassurés.

Il y a un an, Créteil descendait et là, c’est leur retour en D1
Oui mais eux, ils ont maintenu quasiment la même équipe. Ce qui m’inquiète, c’est qu’il va y avoir beaucoup de changements. Un nouvel entraîneur et six ou sept joueurs sont sur le départ (voir plus bas). Depuis 3 ans, j’évoluais avec la plupart d'entre eux, c’était plus des amis que des partenaires. On va me dire que c’est la vie mais j’espère que les dirigeants vont penser à faire un bon recrutement.



Ceux qui vont quitter le club

Xavier Lorgere   (arrière gauche)
Veljko Indjic      (pivot)
Ondrej Sulc       (arrière droit)       Stella St Maur (N2)
Morgan Staigre  (arrière gauche)   Crea-Oissel (N1)
Novica Rudovic  (arrière gauche)
Jérémy Darras   (ailier droit)         Tremblay (D1)
Damir Smajilagic  (ailier gauche)       Arrêt
Javier Humet     (arrière droit) a demandé à partir mais il lui reste 1 an de contrat



L’US IVRY en quelques chiffres

promotion en Division 1 masculine en 1957
8 fois champion de France        1963, 1964, 1966, 1970, 1971, 1983, 1997 et 2007
Vainqueur de la Coupe de France    1996
Vainqueur de la Coupe de la Ligue   2007
Tour principal de la LDC                  2008
Demi-finaliste de la Cpe des Coupes 1997
¼ finaliste de la Coupe EHF             2009

Classement depuis le titre en 2007 :
3ème en 2008, 5ème en 2009 et 2010, 12ème en 2011, 11ème en 2012, 10ème en 2013 et 13ème en 2014.  

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