bandeau handzone

Jérôme Fernandez et Toulouse: "Ma dynamique est brisée"

LMSL

vendredi 21 novembre 2014 - Handzone

 5 min 48 de lecture

Deux jours après la défaite du Fénix à Paris, Jérôme Fernandez lève le voile sur ce que pourrait être son avenir. Vraisemblablement loin de Toulouse. C’est avec sa franchise habituelle qu’il est revenu sur les derniers mois écoulés. L’homme parle de sa passion pour une discipline qui rythme sa vie depuis son plus jeune âge et sa volonté de transmettre l’expérience accumulée.

Interview réalisée à Toulouse par Pierre-Maël Tisnès

Votre contrat avec le Fénix prend fin en juin prochain. Qu'en est-il ? 
Si le président de Toulouse avait voulu me prolonger, il l’aurait déjà fait. Il m’avait demandé de poser mes conditions, ce que j’ai fait. J’ai demandé un an de plus en tant que joueur, et d’être coach derrière, aux mêmes conditions d’efforts de salaire consentis depuis mon arrivée à Toulouse.

Avez vous obtenu cet accord ?
Non, puisqu’on m’a répondu qu’il faudrait que je consente à un nouvel effort pour obtenir ce nouveau statut. Ça fait quatre ans que je fais des efforts, je voulais le même salaire pour construire ce projet. 

Serez-vous encore au Fénix au moment des Jeux Olympiques ?
Non, je n’en suis plus sûr du tout. Les JO sont en 2016, je suis en fin de contrat en 2015. C’est pour ça que j’ai anticipé. Mais j’avais le sentiment que ce qu’on allait me proposer, n’allait pas me plaire. Je vais même plus loin: je pense qu’on ne me proposera plus rien. Je vais donc faire ce que j’ai toujours fait, prendre les devants et enchaîner.

Avez-vous déjà reçu des propositions de la part d’autres clubs ?
Oui et ce depuis quelques mois. Pas mal de clubs pourraient encore avoir besoin d’un joueur comme moi. En revanche, très peu sont capables de dire qu’ils vont parier sur moi comme entraîneur.

Ce poste de coach, c’est une condition impérative ? et réalisable ?
Pour moi, c’est une condition sine qua non. Je voulais un contrat de joueur jusqu’en 2016 puis un contrat d’entraineur, écrit et déjà signé pour la suite. Il y a moins de clubs intéressés pour cela, mais il y en a. Donc oui, c’est faisable. Je veux pouvoir continuer à vivre de ma passion, à être là où ça bouge, là où ça évolue.

D’où vous vient ce besoin d’entrainer ?
J’ai ça en moi depuis Montpellier. J’ai toujours essayé de comprendre pourquoi on me faisait faire telle ou telle chose. Au bout d’un moment, on se rend compte que certaines d’entre elles peuvent coincer. Quand on se dit «on n’est pas bon à ce niveau et on ne le travaille pas à l’entrainement», c’est là que commence la réflexion d’entraineur. Et la compétition me fait triper. Et ça, tu ne l’as qu’en entrainant un club professionnel.

L’an passé, vous auriez évoqué l’éventualité de coacher avec Joël Da Silva...
On avait discuté entre nous pour faire un staff à deux. C’est un gars qui travaille beaucoup, qui pense à énormément de choses. Je voulais pouvoir être un bon complément pour lui. Concernant Joël, c’est moi qui lui ai appris que le président cherchait quelqu’un d’autre. Je lui ai passé l’info quand j’ai compris qu’il ne l’avait pas reçu. Je lui ai dit tout le bien que je pensais de lui, à quel point je lui souhaitais de réussir. Pour moi, Philippe (Dallard, le président du Fénix, NDLR) a "déconné". Il n’a pas accordé d’entretien à Joël Da Silva alors qu’il aurait du le faire. D’un côté, je suis content que ça se passe aussi bien pour lui à Saint Raphaël.

Joël Da Silva manque-t-il au Fénix ?
D’une certaine manière, oui. Ma dynamique (la dynamique telle que je la concevais au sein du club) est brisée depuis le départ de Joël*. Mais on est dans un sport professionnel, où à chaque fin de contrat, tout peut se passer. Mais c’est toujours le président qui décide. C’est pour ça que de mon côté, j’ai pris les devants. La différence, c’est que je fais ça depuis pratiquement vingt ans. Changer, reconstruire, changer, reconstruire... Joël était là toute la journée au palais des sports, il bossait comme un dingue, il préparait les séances, gonflait les ballons, s’occupait de tout sans rien dire ou demander à personne. Aujourd’hui, pour moi, le projet est mort. Dans un souci de carrière, certains joueurs vont devoir faire le choix de partir.

* Jérôme Fernandez fait référence à la qualité d'organisateur de Joël Da Silva.

Comment envisagez-vous l’avenir ?
Je resterai en France. Le championnat est en train de prendre un réel essor... Il y a des projets super sympas partout. A Sélestat, à Nimes, à Aix*... dans tous ces clubs on peut construire quelque chose. J’ai envie de participer à la progression des joueurs que j’aurai sous ma coupe. Et si un jour ils ont envie de partir, je ne les retiendrai pas. Au contraire, je préfère les aider à trouver la meilleure situation.

Vous ne vous êtes jamais réellement "fixé"... 
J’ai toujours su pertinemment, à part peut être au Barça, que je bougerais. Il n’y a qu’à Barcelone que j’étais prêt à m’installer durablement. J’ai essayé de le faire à Toulouse. C’est pour ça que je m’y suis beaucoup investi, que j’ai essayé de beaucoup participer, à la vidéo, à conseiller les mecs... leur faire profiter de mon expérience. Je ne serai jamais un coach qui se mettra en valeur. C’est le joueur qui tire, qui passe, qui fait le bon choix au bon moment. Et ça, c’est le coach qui l’enseigne. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être un joueur complet, d’avoir travaillé dur pour ça. Quand je serai coach, je souhaite que mes joueurs partagent la même vision.

Avez-vous discuté des J.O avec Claude Onesta ?
Claude ne m’a rien promis. Il m’a dit que son idée était que je sois à Rio, à ses côtés. "Tant que tu es bon, tu seras sur le terrain" (dixit l'entraîneur national).

Avez-vous le sentiment du devoir accompli ?
Quand je regarde en arrière, que ce soit dans ma vie sportive ou dans ma vie privée, les moments très durs m’ont toujours servi à apprécier les très bons. Tu te construis dans la difficulté, pour mieux profiter de la vie. C’est ce que j’ai appris.

* Selon nos informations, si le club de Nîmes nous a indiqué n'avoir fait aucune offre à Jérôme Fernandez, la piste aixoise paraît être la plus sérieuse et sans doute la plus avancée. L'intéressé devrait très rapidement se prononcer sur la suite qu'il va donner à sa carrière... de joueur et comme il l'a expliqué, d'entraîneur.                                                           

Jérôme Fernandez et Toulouse: "Ma dynamique est brisée" 

LMSL

vendredi 21 novembre 2014 - Handzone

 5 min 48 de lecture

Deux jours après la défaite du Fénix à Paris, Jérôme Fernandez lève le voile sur ce que pourrait être son avenir. Vraisemblablement loin de Toulouse. C’est avec sa franchise habituelle qu’il est revenu sur les derniers mois écoulés. L’homme parle de sa passion pour une discipline qui rythme sa vie depuis son plus jeune âge et sa volonté de transmettre l’expérience accumulée.

Interview réalisée à Toulouse par Pierre-Maël Tisnès

Votre contrat avec le Fénix prend fin en juin prochain. Qu'en est-il ? 
Si le président de Toulouse avait voulu me prolonger, il l’aurait déjà fait. Il m’avait demandé de poser mes conditions, ce que j’ai fait. J’ai demandé un an de plus en tant que joueur, et d’être coach derrière, aux mêmes conditions d’efforts de salaire consentis depuis mon arrivée à Toulouse.

Avez vous obtenu cet accord ?
Non, puisqu’on m’a répondu qu’il faudrait que je consente à un nouvel effort pour obtenir ce nouveau statut. Ça fait quatre ans que je fais des efforts, je voulais le même salaire pour construire ce projet. 

Serez-vous encore au Fénix au moment des Jeux Olympiques ?
Non, je n’en suis plus sûr du tout. Les JO sont en 2016, je suis en fin de contrat en 2015. C’est pour ça que j’ai anticipé. Mais j’avais le sentiment que ce qu’on allait me proposer, n’allait pas me plaire. Je vais même plus loin: je pense qu’on ne me proposera plus rien. Je vais donc faire ce que j’ai toujours fait, prendre les devants et enchaîner.

Avez-vous déjà reçu des propositions de la part d’autres clubs ?
Oui et ce depuis quelques mois. Pas mal de clubs pourraient encore avoir besoin d’un joueur comme moi. En revanche, très peu sont capables de dire qu’ils vont parier sur moi comme entraîneur.

Ce poste de coach, c’est une condition impérative ? et réalisable ?
Pour moi, c’est une condition sine qua non. Je voulais un contrat de joueur jusqu’en 2016 puis un contrat d’entraineur, écrit et déjà signé pour la suite. Il y a moins de clubs intéressés pour cela, mais il y en a. Donc oui, c’est faisable. Je veux pouvoir continuer à vivre de ma passion, à être là où ça bouge, là où ça évolue.

D’où vous vient ce besoin d’entrainer ?
J’ai ça en moi depuis Montpellier. J’ai toujours essayé de comprendre pourquoi on me faisait faire telle ou telle chose. Au bout d’un moment, on se rend compte que certaines d’entre elles peuvent coincer. Quand on se dit «on n’est pas bon à ce niveau et on ne le travaille pas à l’entrainement», c’est là que commence la réflexion d’entraineur. Et la compétition me fait triper. Et ça, tu ne l’as qu’en entrainant un club professionnel.

L’an passé, vous auriez évoqué l’éventualité de coacher avec Joël Da Silva...
On avait discuté entre nous pour faire un staff à deux. C’est un gars qui travaille beaucoup, qui pense à énormément de choses. Je voulais pouvoir être un bon complément pour lui. Concernant Joël, c’est moi qui lui ai appris que le président cherchait quelqu’un d’autre. Je lui ai passé l’info quand j’ai compris qu’il ne l’avait pas reçu. Je lui ai dit tout le bien que je pensais de lui, à quel point je lui souhaitais de réussir. Pour moi, Philippe (Dallard, le président du Fénix, NDLR) a "déconné". Il n’a pas accordé d’entretien à Joël Da Silva alors qu’il aurait du le faire. D’un côté, je suis content que ça se passe aussi bien pour lui à Saint Raphaël.

Joël Da Silva manque-t-il au Fénix ?
D’une certaine manière, oui. Ma dynamique (la dynamique telle que je la concevais au sein du club) est brisée depuis le départ de Joël*. Mais on est dans un sport professionnel, où à chaque fin de contrat, tout peut se passer. Mais c’est toujours le président qui décide. C’est pour ça que de mon côté, j’ai pris les devants. La différence, c’est que je fais ça depuis pratiquement vingt ans. Changer, reconstruire, changer, reconstruire... Joël était là toute la journée au palais des sports, il bossait comme un dingue, il préparait les séances, gonflait les ballons, s’occupait de tout sans rien dire ou demander à personne. Aujourd’hui, pour moi, le projet est mort. Dans un souci de carrière, certains joueurs vont devoir faire le choix de partir.

* Jérôme Fernandez fait référence à la qualité d'organisateur de Joël Da Silva.

Comment envisagez-vous l’avenir ?
Je resterai en France. Le championnat est en train de prendre un réel essor... Il y a des projets super sympas partout. A Sélestat, à Nimes, à Aix*... dans tous ces clubs on peut construire quelque chose. J’ai envie de participer à la progression des joueurs que j’aurai sous ma coupe. Et si un jour ils ont envie de partir, je ne les retiendrai pas. Au contraire, je préfère les aider à trouver la meilleure situation.

Vous ne vous êtes jamais réellement "fixé"... 
J’ai toujours su pertinemment, à part peut être au Barça, que je bougerais. Il n’y a qu’à Barcelone que j’étais prêt à m’installer durablement. J’ai essayé de le faire à Toulouse. C’est pour ça que je m’y suis beaucoup investi, que j’ai essayé de beaucoup participer, à la vidéo, à conseiller les mecs... leur faire profiter de mon expérience. Je ne serai jamais un coach qui se mettra en valeur. C’est le joueur qui tire, qui passe, qui fait le bon choix au bon moment. Et ça, c’est le coach qui l’enseigne. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être un joueur complet, d’avoir travaillé dur pour ça. Quand je serai coach, je souhaite que mes joueurs partagent la même vision.

Avez-vous discuté des J.O avec Claude Onesta ?
Claude ne m’a rien promis. Il m’a dit que son idée était que je sois à Rio, à ses côtés. "Tant que tu es bon, tu seras sur le terrain" (dixit l'entraîneur national).

Avez-vous le sentiment du devoir accompli ?
Quand je regarde en arrière, que ce soit dans ma vie sportive ou dans ma vie privée, les moments très durs m’ont toujours servi à apprécier les très bons. Tu te construis dans la difficulté, pour mieux profiter de la vie. C’est ce que j’ai appris.

* Selon nos informations, si le club de Nîmes nous a indiqué n'avoir fait aucune offre à Jérôme Fernandez, la piste aixoise paraît être la plus sérieuse et sans doute la plus avancée. L'intéressé devrait très rapidement se prononcer sur la suite qu'il va donner à sa carrière... de joueur et comme il l'a expliqué, d'entraîneur.                                                           

Dans la même rubrique

  1 2 3 4