On les avait quittés en milieu de semaine totalement maîtres sans partage de leur demi-finale de coupe de France. Mais dans toutes les têtes, aussi bien Nantaises que Montpelliéraines, le rendez-vous le plus marquant était fixé à ce samedi soir. Avant ce rendez-vous, au micro d'une radio locale, Valentin Porte le capitaine du MHB avait d'une simple phrase, résumé le contexte: "La saison ne se joue pas pendant ce mois d'avril mais c'est un virage à ne pas rater". Avaient-ils un peu plus la pression sur leurs épaules ? Au vu de leur entame, les Montpelliérains ont pu donner cette impression. Avec une certaine réussite pour les Nantais comme ce premier 7 mètres de Jaime Fernandez détourné par l'inévitable Hallgrimsson, véritable artisan-bâtisseur de ces dernières semaines et cette mauvaise série de Diego Simonet. L'Argentin pourtant si efficace en coupe, sera incroyablement maladroit ou contré par une défense adverse qui va prendre le dessus. En attaque, la justesse et l'efficacité du duo Maqueda-Monar vont produire les effets escomptés. Le minot sait tout faire ou presque et il n'a que 21 ans ! Tout en puissance, il va permettre à son équipe de réaliser son 1er break. A peine après 9 minutes (+3) sans pour autant que cette prise de pouvoir soit totalement usurpée. Ceux qui avaient gaspillé le moins de ballons étaient au rendez-vous. Si Montpellier va timidement retrouver des vertus dans le sillage de Charles Bolzinger ou un Diego Simonet en phase (enfin !) avec le sens du jeu, le "H" ne va rien lâcher. Il aurait pu y avoir des soubresauts après l'exclusion de Cavalcanti mais les joueurs de Patrice Canayer ne vont pas en profiter, tomber sur l'écueil islandais de la maison ligérienne et sur le trublion de la soirée... Théo Monar (photo de tête) qui pour la circonstance, était dé-chaî-né ! 4ème but perso de la soirée et au bilan une infériorité numérique parfaitement gérée. 



Les Héraultais allaient-ils s'épuiser à jouer au chat à la souris ? Leur salut va venir de la triple réussite de Charles Bolzinger (qui s'étonnera désormais de l'impact du portier du MHB ?), de l'alternatif danois Andreas Holst Jensen (avec trois buts consécutifs en cinq minutes) et de la concrétisation au moment opportun de Yanis Lenne (photo ci-dessus). La 1ère en décalage sur son aile conclu par un chabala et la seconde en montée de balle après une perte de Cavalcanti. Pour la 1ère fois de la rencontre, l'actuel leader du championnat de France s'était emparé des commandes (9-10 à la 25ème). Mais quand on porte le maillot montpelliérain sur ses épaules, comment peut-on faire preuve de manque de sang-froid ou d'avoir une idée saugrenue qui vous traverse la tête ? Suite à une exclusion tout à fait logique de Nacinovic après une faute sur Thibaud Briet, Stas Skube (33 ans) est allé demander des comptes à la paire arbitrale estimant avoir été lésé sur la possession précédente. Attitude peu appréciée par les solistes du sifflet qui inviteront le Slovène à rejoindre son pivot croate sur le banc. Les conséquences de cette double sanction auraient pu être fâcheuses pour les Héraultais d'autant qu'après cette péripétie, Nantes avait rehaussé la tête (11-10). Par deux fois, Julien Bos sera l'homme de la situation. Seul un 7 mètres de Valero Rivera offrira une courte avance avant de regagner les vestiaires (13-12).  

Le temps de se désaltérer, d'analyser ce qui avait été loupé, de distiller, pour les coaches, des consignes sans doute fondées mais qui allaient être inévitablement mises à mal... le second acte pouvait débuter. Dans cette "H Arena" qui a depuis des années, des vertus insoupçonnées avec ce serpent de mer violet qui traverse en vagues successives les gradins, arrangué par les exultations voire même les incantations de Dominique Bouzianne (photo ci-dessus), ancien gardien international du grand Gagny dans les 80's, reconverti apôtre du HBCN depuis presque dix ans. Et cette reprise, les visiteurs vont plutôt mal la débuter mais il fallait que la tension soit à son comble pour que finalement aucun des protagonistes ne soit conquérant pour prendre le large. Nantes avait trouvé cette fois Aymeric Minne (photo ci-dessous) dans le rôle bienvenu d'artilleur. Mais l'intensité va se mesurer des deux côtés. Les deux portiers auront bien-sûr leur rôle à jouer mais sur le champ, chacun va aller de son geste d'infortune. A vingt minutes du terme, rien n'était plié. Sauf que le MHB va se prendre les pieds dans le tapis et payer cher un temps faible pour se retrouver dans une situation bien délicate (23-18 à la 45ème !). L'entrée de Rémi Desbonnet ne va pas immédiatement produire son effet car deux minutes plus tard, le "H" conservait le même avantage (+5). Sauf que tout va changer et à moins d'un quart d'heure de l'épilogue, les Héraultais vont tenter l'impensable. Affoler leur vis-à-vis. L'ancien portier nimois sera déterminant dans ce sursaut d'orgueil. Les Nantais vont empiler les mauvais choix, si bien qu'à la 56ème et une remontada de 8 buts inscrits contre à peine 2 encaissés, la pièce avait basculé du côté du MHB (25-26). La tension était à son paroxysme. Pourtant c'est le "H" qui va mieux gérer en poussant son hôte à la faute et en gardant un peu plus de lucidité. Le +2 de Jorge Maqueda à 38 secondes du buzzer scellera le sort du scénario. Avant que Diego Simonet ne conclue mais il était trop tard (29-28). 

Mathématiquement, Montpellier réalise la mauvaise opération de la soirée. Déjà, c'est son 2ème revers de la saison en championnat face à Nantes ayant également concédé la défaite au match aller dès la 2ème journée (29-30). Ensuite, à la faveur de sa large victoire à Ivry (35-25), Paris est à égalité des Héraultais. Seule la différence de but particulière (-1) place le PSG en 2ème position. Mais n'oublions pas que le retour a lieu dans la capitale, dans deux semaines. Enfin, Nantes aura droit au chapitre. Avec seulement un point de retard sur ces deux leaders. Chambéry (le 4ème) peut jouer les juges de paix en affrontant le "H" et le "MHB". Et puis un certain Nantes-Paris n'est-il pas programmé début juin lors de l'avant-dernière levée de la saison ? A 7 journées du final, la prévision est simple à échaffauder: le titre se jouera entre trois équipes. Chambéry qui jeudi a signé un succès décisif sur Nîmes, terminera comme l'an passé à la 4ème place. 

En bas de classement, si Sélestat va avoir du mal à éviter le retour en Proligue, rien n'est signé pour le 2ème relégable. Istres a mis ses tripes sur le parquet pour aller s'imposer à Chartres, du coup les Euréliens sont dans une posture peu enviable, tout comme d'ailleurs Ivry et Créteil. C'est à une de ces quatre équipes que doit revenir le 2ème billet pour le purgatoire. Encore une fois, la Starligue promet de tenir un certain public en haleine. Sans oublier que Montpellier et Paris disputent encore leur coupe d'Europe respective et que la finale de la Coupe de France opposera le 10 juin à Bercy, en terrain neutre, Montpellier à Nantes. Tiens, l'occasion pour les partenaires de Valentin Porte de prendre leur revanche ?? 

Le diaporama photos de Nantes-Montpellier par Philippe PADIOLEAU