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Good Idea ! Bad choice ?

Coupe LNH

mardi 14 avril 2009 - © François Dasriaux

 7 min 39 de lecture

Les feux de la rampe sont éteints en Floride et après beaucoup de dits, de non dits, d’exploits et de déceptions, il est temps de faire un point sur cette aventure pour le moins hors du commun que la délocalisation de la Coupe de la Ligue en Floride. Si les points noirs ont largement été évoqués dont celui majeur du loupé magistral au niveau du public, il n’en reste pas moins que sur la durée de la saison, jamais une coupe de la Ligue n'aura amené autant d’émotions et fait parler d’elle. Sortie de son anonymat médiatique et financier par la décision de se lancer dans le projet américain, la Coupe de la LNH version 2009 a souffert de beaucoup de manques pour au final finir en apothéose.

L’apothéose il y en eut une, une sportive le tout couronné d’une histoire magique comme seul le sport est capable d’en fournir. Cette victoire d’u IOPHB, car c’est bien de cela que l’on parle, est un ovni rafraîchissant pour le handball hexagonal. Que tout cela se soit passé en Floride, à Miami, dans une AAA vide, ne change pas grand-chose à l’affaire ! La troupe de Christophe Mazel a démontré que Montpellier pouvait être battu dans une finale et tout le handball tricolore doit le savoir pour s’en persuader à son tour, cela ferait du bien et cela a fait du bien de voir que la seule opposition possible et crédible n’était pas du fait que du seul Chambéry.

Donc côté sportif après des quarts de finale cannois hautes en couleurs où chaque équipe qualifiée avait démontré son enthousiasme pour l’aventure, on avait commencé l’aventure avec deux demi-finales de haute volée. Entre le Chambéry – Montpellier de très haute tenue handballistique et le Istres – Paris totalement fou dans son scénario. De quoi vous faire pétiller les yeux et donner envie de vivre très vite la suite ! Alors quand on finit sur une finale comme celle vécue par Istres et Montpellier, l’idée que le handball est un des sports les plus spectaculaire et passionnant vous envahit la tête, même sans être un acharné de la petite balle pégueuse. Donc il y a de quoi se dire que sportivement parlant, la réussite était éclatante et rafraîchissante.

Ensuite il ne faut pas oublier la couverture médiatique française de l’événement ! Entre l’avant compétition et la compétition, les médias français ont réellement mis la Coupe de la Ligue en lumière. Certes tout le monde n’a fait dans le « mousse et pampre » sur le sujet, mais quelqu’un de mythique dans le handball français avait fait afficher lors d’une Ecole Technique Française : « Peu importe comment on parle du Handball, l’important est qu’on en parle ». Là, c’est complètement réalisé ! Reste à savoir si la presse nationale aura encore envie de sortir les ordi, micros et caméras pour une deuxième aventure, si elle doit exister, même si les conditions de déplacement et d’hébergement ont été quasi parfaites. Mais sur cette première, difficile de comparer la couverture à Albertville et ses prédécesseurs avec celle de Miami.

Enfin les joueurs. Car même si tout le monde parle argent, place, résultat ou merchandising, il ne faut pas oublier que le spectacle vendu est fait par les acteurs du jeu. Et eux, l’aventure les a fait rêver tout de suite, les résultats et la manière qu’a mis chaque club à essayer d’arracher sa qualification pour le dernier carré contraste furieusement avec les matches de poules de saison dernière, ersatz de matches de haut niveau pour beaucoup dans une compétition où beaucoup de clubs se demandaient quelle place il pouvait avoir là dedans.

Bon parler du positif, c’est bien, mais la problématique c’est que pour contre balancer tout cela, il y a des idées noires qui sont venues meubler bien des têtes pendant 4 jours. Loin des rodomontades et des fanfaronnades cannoises de l’organisateur américain annonçant 4 fois 20 000 personnes pour les 4 matches de l’événement, il est clair que la fréquentation a été un bide retentissant. Un peu plus de 1000 spectateurs pour les matches de midi heure locale, pas beaucoup plus de 300 pour ceux de 17h00, on pouvait se demander si il fallait en rire ou en pleurer. Même habilement réduite de moitié par un rideau noir, l’American Airlines Arena était une coquille vide pendant 2 jours. Donc constat flagrant et rédhibitoire d’échec dans ce domaine. Bien évidemment plein de raisons, des bonnes et des beaucoup plus douteuses peuvent être avancées. La date correspondant au début des vacances scolaires et du « Spring Break » bacchanale mythique des étudiants américains. L’heure des matches, la crise financière, la non connaissance du produit pour les américains et tant qu’on y est, le soleil et la plage non ? Tout était génétiquement écrit dans tout cela. La date était connue depuis longtemps, la crise financière à bon dos sur bien des domaines, quand à la connaissance du handball par les Américains, on va dire « No comment… »

Tout cela ressemble plutôt à un amalgame entre une erreur de casting au niveau local et une incroyable crédulité de la LNH. Pour l’organisateur local, on a vite senti que tout était brinquebalant, claudiquant et étonnant, continuant à asséner des chiffres tous plus fantaisistes les uns que les autres, Christian Zaharia n’a rien fait pour transformer son image de joueur de haut niveau des années 80 en manager à l’américaine compétent. Pas de travail en amont pour vendre le produit, pas de plan marketing cohérent et comme seul credo, une incroyable foi dans la providence qui devait lui remplir l’Arena d’un coup de baguette magique. Manque de bol, pas de sorcier indien dans tout cela pour changer le cours des choses. Juste un sponsor étonnant du nom de Lee Tiger, chanteur businessman séminole qui, pour paraphraser Coluche, avait eu le choix à sa naissance entre le talent de Bruce Springsteen et la tenue de Bruce Springsteen, et qui a eu tout faux dans son choix… Côté indien ça sentait plus le vieux beau libidineux qui s’achète un passage à l’AAA à un million de dollar que du sérieux capable de changer la tournure des événements.

Pour ce qui est de la LNH, les yeux brillants du rêve américain que constituait l’aventure, il y a eu là aussi un peu de laisser aller ou de confiance un peu mal placée. Entre croire les discours et savoir de quoi était faite la réalité il n’y avait que 8000 Kilomètres, ça fait beaucoup et peu à la fois. Ensuite le couac entre la toute nouvelle fédération américaine de Handball et les tenants du projet a aussi été plus que néfaste à l’affaire. Sans faire dans le grandiose, l’AHF aurait pu mobiliser ses maigres troupes, mais troupes handballistiques tout de même, pour amener un côté « américain » au projet, ce qui aurait peut-être séduit un peu plus. Enfin faire croire que dès la première édition les américains allaient se ruer plein d’émois et d’attentes inassouvies dans la salle pour voir les messies français venir leur distribuer la bonne parole était un peu étonnant. Un peu de pondération annonçant une entreprise folle mais en forme de bêta-test aurait sans doute rendu la pilule moins amère, là on a servi un bouillon de onze heure à la place d’un repas annoncé préparé par Lucullus en personne.

Mais malgré tout cela, il n’en reste pas moins que l’aventure avait de quoi et se devait d’être tentée ! La meilleure preuve que l’idée d’exporter du handball aux USA est loin d’être saugrenue est que la très puissante Bundesliga vient de signer un accord avec la fédération américaine pour exporter dans une premier temps des matches de gala avant d’envisager de le faire sur des finalités de compétitions comme la Super Coupe. La LNH aurait-elle eu raison trop tôt où avec les mauvaises personnes ? Même avec l’échec au niveau des spectateurs, La question cherche encore une réponse… Tout le monde est engagé pour encore deux éditions, si les fonds promis (1 million de dollars, pas de la petite bière quand même) arrivent au final sur le compte en banque de la LNH, la suite sera à étudier de très, très près ! Si cela reste en l’état (environ 1/3 du montant promis réellement versé) cela aura été une belle aventure pour les joueurs, une opération médiatique étonnante qui a viré du dithyrambique au flingage en règle en l’espace de quelques jours et un échec personnel pour le président de la LNH Alain Smadja et par ricochet de son staff. Même dans ce cas, regretter, se flageller et détruire à grand coup de réactions épidermiques tout ce qui a été mis en place depuis le début de la LNH ne serait pas du meilleur aloi. L’idée était bonne au vu du néant médiatique total que cette épreuve supportait dans l’hexagone, elle pourrait l’être encore. Reste simplement à remettre un peu d’ordre dans le projet et les personnes pour relancer l’opération avec peut-être moins de fastes et d’effets d’annonce et un peu plus de discernement sur les tenants américains de l’opération.

Good Idea ! Bad choice ? 

Coupe LNH

mardi 14 avril 2009 - © François Dasriaux

 7 min 39 de lecture

Les feux de la rampe sont éteints en Floride et après beaucoup de dits, de non dits, d’exploits et de déceptions, il est temps de faire un point sur cette aventure pour le moins hors du commun que la délocalisation de la Coupe de la Ligue en Floride. Si les points noirs ont largement été évoqués dont celui majeur du loupé magistral au niveau du public, il n’en reste pas moins que sur la durée de la saison, jamais une coupe de la Ligue n'aura amené autant d’émotions et fait parler d’elle. Sortie de son anonymat médiatique et financier par la décision de se lancer dans le projet américain, la Coupe de la LNH version 2009 a souffert de beaucoup de manques pour au final finir en apothéose.

L’apothéose il y en eut une, une sportive le tout couronné d’une histoire magique comme seul le sport est capable d’en fournir. Cette victoire d’u IOPHB, car c’est bien de cela que l’on parle, est un ovni rafraîchissant pour le handball hexagonal. Que tout cela se soit passé en Floride, à Miami, dans une AAA vide, ne change pas grand-chose à l’affaire ! La troupe de Christophe Mazel a démontré que Montpellier pouvait être battu dans une finale et tout le handball tricolore doit le savoir pour s’en persuader à son tour, cela ferait du bien et cela a fait du bien de voir que la seule opposition possible et crédible n’était pas du fait que du seul Chambéry.

Donc côté sportif après des quarts de finale cannois hautes en couleurs où chaque équipe qualifiée avait démontré son enthousiasme pour l’aventure, on avait commencé l’aventure avec deux demi-finales de haute volée. Entre le Chambéry – Montpellier de très haute tenue handballistique et le Istres – Paris totalement fou dans son scénario. De quoi vous faire pétiller les yeux et donner envie de vivre très vite la suite ! Alors quand on finit sur une finale comme celle vécue par Istres et Montpellier, l’idée que le handball est un des sports les plus spectaculaire et passionnant vous envahit la tête, même sans être un acharné de la petite balle pégueuse. Donc il y a de quoi se dire que sportivement parlant, la réussite était éclatante et rafraîchissante.

Ensuite il ne faut pas oublier la couverture médiatique française de l’événement ! Entre l’avant compétition et la compétition, les médias français ont réellement mis la Coupe de la Ligue en lumière. Certes tout le monde n’a fait dans le « mousse et pampre » sur le sujet, mais quelqu’un de mythique dans le handball français avait fait afficher lors d’une Ecole Technique Française : « Peu importe comment on parle du Handball, l’important est qu’on en parle ». Là, c’est complètement réalisé ! Reste à savoir si la presse nationale aura encore envie de sortir les ordi, micros et caméras pour une deuxième aventure, si elle doit exister, même si les conditions de déplacement et d’hébergement ont été quasi parfaites. Mais sur cette première, difficile de comparer la couverture à Albertville et ses prédécesseurs avec celle de Miami.

Enfin les joueurs. Car même si tout le monde parle argent, place, résultat ou merchandising, il ne faut pas oublier que le spectacle vendu est fait par les acteurs du jeu. Et eux, l’aventure les a fait rêver tout de suite, les résultats et la manière qu’a mis chaque club à essayer d’arracher sa qualification pour le dernier carré contraste furieusement avec les matches de poules de saison dernière, ersatz de matches de haut niveau pour beaucoup dans une compétition où beaucoup de clubs se demandaient quelle place il pouvait avoir là dedans.

Bon parler du positif, c’est bien, mais la problématique c’est que pour contre balancer tout cela, il y a des idées noires qui sont venues meubler bien des têtes pendant 4 jours. Loin des rodomontades et des fanfaronnades cannoises de l’organisateur américain annonçant 4 fois 20 000 personnes pour les 4 matches de l’événement, il est clair que la fréquentation a été un bide retentissant. Un peu plus de 1000 spectateurs pour les matches de midi heure locale, pas beaucoup plus de 300 pour ceux de 17h00, on pouvait se demander si il fallait en rire ou en pleurer. Même habilement réduite de moitié par un rideau noir, l’American Airlines Arena était une coquille vide pendant 2 jours. Donc constat flagrant et rédhibitoire d’échec dans ce domaine. Bien évidemment plein de raisons, des bonnes et des beaucoup plus douteuses peuvent être avancées. La date correspondant au début des vacances scolaires et du « Spring Break » bacchanale mythique des étudiants américains. L’heure des matches, la crise financière, la non connaissance du produit pour les américains et tant qu’on y est, le soleil et la plage non ? Tout était génétiquement écrit dans tout cela. La date était connue depuis longtemps, la crise financière à bon dos sur bien des domaines, quand à la connaissance du handball par les Américains, on va dire « No comment… »

Tout cela ressemble plutôt à un amalgame entre une erreur de casting au niveau local et une incroyable crédulité de la LNH. Pour l’organisateur local, on a vite senti que tout était brinquebalant, claudiquant et étonnant, continuant à asséner des chiffres tous plus fantaisistes les uns que les autres, Christian Zaharia n’a rien fait pour transformer son image de joueur de haut niveau des années 80 en manager à l’américaine compétent. Pas de travail en amont pour vendre le produit, pas de plan marketing cohérent et comme seul credo, une incroyable foi dans la providence qui devait lui remplir l’Arena d’un coup de baguette magique. Manque de bol, pas de sorcier indien dans tout cela pour changer le cours des choses. Juste un sponsor étonnant du nom de Lee Tiger, chanteur businessman séminole qui, pour paraphraser Coluche, avait eu le choix à sa naissance entre le talent de Bruce Springsteen et la tenue de Bruce Springsteen, et qui a eu tout faux dans son choix… Côté indien ça sentait plus le vieux beau libidineux qui s’achète un passage à l’AAA à un million de dollar que du sérieux capable de changer la tournure des événements.

Pour ce qui est de la LNH, les yeux brillants du rêve américain que constituait l’aventure, il y a eu là aussi un peu de laisser aller ou de confiance un peu mal placée. Entre croire les discours et savoir de quoi était faite la réalité il n’y avait que 8000 Kilomètres, ça fait beaucoup et peu à la fois. Ensuite le couac entre la toute nouvelle fédération américaine de Handball et les tenants du projet a aussi été plus que néfaste à l’affaire. Sans faire dans le grandiose, l’AHF aurait pu mobiliser ses maigres troupes, mais troupes handballistiques tout de même, pour amener un côté « américain » au projet, ce qui aurait peut-être séduit un peu plus. Enfin faire croire que dès la première édition les américains allaient se ruer plein d’émois et d’attentes inassouvies dans la salle pour voir les messies français venir leur distribuer la bonne parole était un peu étonnant. Un peu de pondération annonçant une entreprise folle mais en forme de bêta-test aurait sans doute rendu la pilule moins amère, là on a servi un bouillon de onze heure à la place d’un repas annoncé préparé par Lucullus en personne.

Mais malgré tout cela, il n’en reste pas moins que l’aventure avait de quoi et se devait d’être tentée ! La meilleure preuve que l’idée d’exporter du handball aux USA est loin d’être saugrenue est que la très puissante Bundesliga vient de signer un accord avec la fédération américaine pour exporter dans une premier temps des matches de gala avant d’envisager de le faire sur des finalités de compétitions comme la Super Coupe. La LNH aurait-elle eu raison trop tôt où avec les mauvaises personnes ? Même avec l’échec au niveau des spectateurs, La question cherche encore une réponse… Tout le monde est engagé pour encore deux éditions, si les fonds promis (1 million de dollars, pas de la petite bière quand même) arrivent au final sur le compte en banque de la LNH, la suite sera à étudier de très, très près ! Si cela reste en l’état (environ 1/3 du montant promis réellement versé) cela aura été une belle aventure pour les joueurs, une opération médiatique étonnante qui a viré du dithyrambique au flingage en règle en l’espace de quelques jours et un échec personnel pour le président de la LNH Alain Smadja et par ricochet de son staff. Même dans ce cas, regretter, se flageller et détruire à grand coup de réactions épidermiques tout ce qui a été mis en place depuis le début de la LNH ne serait pas du meilleur aloi. L’idée était bonne au vu du néant médiatique total que cette épreuve supportait dans l’hexagone, elle pourrait l’être encore. Reste simplement à remettre un peu d’ordre dans le projet et les personnes pour relancer l’opération avec peut-être moins de fastes et d’effets d’annonce et un peu plus de discernement sur les tenants américains de l’opération.

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