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Christian Gaudin avance sans bruit

LMSL

jeudi 31 mai 2012 - © Yves Michel

 8 min 13 de lecture

Depuis sept ans qu’il est à la tête de l’équipe de Saint-Raphaël, Christian Gaudin a gravi tous les échelons. Ordonné, méthodique, réfléchi et entier, le double champion du Monde a encore réalisé des prouesses cette saison en plaçant le club sur le podium de la LNH. En attendant mieux ? Une participation à la Ligue des Champions fait partie des objectifs de celui qui était parmi les nominés pour le meilleur entraîneur de l'année. 

Son palmarès comme entraîneur est encore à écrire mais Christian Gaudin a pris le métier par le bon bout. Arrivé à Saint Raphaël comme joueur en 2003, passé technicien deux ans plus tard, le Bourguignon d’origine a tout connu. Une saison en 2ème division, un intermède parmi l’élite en 2004, deux autres passages à l’étage inférieur mais depuis la remontée, il y a cinq ans, le club s’est non seulement stabilisé mais a connu une progression sans précédent. Le classement parle de lui-même : deux fois 6ème, deux fois 4ème et cette saison, une bien belle 3ème place, à 3 points de Chambéry, à onze de Montpellier. Huitième budget de la LNH loin derrière les champions de France héraultais, l’équipe varoise veut passer un cap, la Ligue des Champions prenant forme dans les esprits. Mais pour évoluer dans la cour des grands, les Azuréens devront encore faire des efforts. 

En septembre prochain, l’effectif ne sera pas modifié. Seul Adrien Di Panda (en provenance de Leon en Espagne) est annoncé en lieu et place de l’arrière droit Mykola Stetsyura qui a choisi de rentrer chez lui, en Ukraine. 


Christian, Saint Raphaël vient d’effectuer sa meilleure saison… 
Si on m’avait dit cela en septembre, j’aurais signé tout de suite. C’est une très très belle saison. Je n’aime pas utiliser des termes trop élogieux mais je pense qu’aujourd’hui, on peut avouer qu’on est à 95% de ce qu’on aurait pu faire. 

Les 5% manquants sont de quelle nature ? 
Ce sont les petits regrets que tu peux avoir sur certains matches mais au cours d’une saison, tout s’équilibre. Mais c’est vrai que le dernier but marqué à la dernière seconde chez nous par Dunkerque, le dernier match à Chambéry, le quart de finale aller de la coupe EHF sont autant de choses qui auraient pu mieux fonctionner mais je ne fais pas la fine bouche. 

La coupe de l’EHF, le championnat, quand on voit la fin de Dunkerque, on se dit que tu n’aurais pas pu mener de front les deux compétitions…
En effet, je n’avais pas l’effectif pour. L’an dernier, on a fait un quart de finale et on est passé de très près, cette année, si on ne fait pas un match aller catastrophique chez nous face à Dunkerque, on peut aller en demi. Progresser sur la scène européenne ne peut être que profitable. Mais d’un autre côté, il est possible que le fait d’avoir été éliminés, nous a permis de nous recentrer sur notre priorité, le championnat. 

Faire mieux désormais, c’est atteindre la Ligue des Champions ? 
Quand on entend tout ce qui se passe autour de nous, on se dit qu'on n’est pas armé pour. Bien-sûr que j’aimerais la jouer mais il faut être réaliste. Si c’est pour y participer et se brûler les ailes, ce n’est pas la peine. Quand tu veux monter l’Everest, il faut être équipé et ne pas y aller en maillot de bain. Une de mes inquiétudes, c’est d'affirmer: on va y aller tranquille. Je pense pour ma part, qu’il ne faut pas attendre une qualification en Ligue des Champions, pour  trouver un million de plus, par exemple. Il faut anticiper. Il faut passer la vitesse supérieure. Je sais que c’est compliqué en raison du contexte économique mais soyons plus conquérants.

Aller chercher Chambéry cette saison, c’était inconcevable ? 
Déjà, on a joué le coup à fond mais je ne suis pas sûr que cette saison, on était capable de franchir un tel cap.  

La solution, c’est aussi former des jeunes ? 
Oui, s’appuyer sur le centre de formation est une des solutions mais on ne peut pas compter uniquement sur cela d’autant que notre centre est très jeune. On a vu les prémisses avec l’incorporation de Garain, Sanssouci et Krakowski puis cette année, Guillermin, Marmounier, Bonnefoi, Boschi, Demaille. A Tremblay, mercredi, j’avais même pris Djeric, un « 94 ». Ce sont des joueurs qui ont du potentiel, maintenant, on ne peut pas finir 3ème du championnat avec uniquement le centre de formation. 


Daniel Narcisse a été annoncé comme recrue possible… c’est pour quand ? 
Moi, j’aimerais que ce soit dès septembre mais si ça se fait, ce ne sera pas avant 2013-2014 car il lui reste encore une année de contrat à honorer à Kiel. 

Paris veut voir très grand les prochaines années. Qu’est-ce que tu en penses ? 
C’est une très bonne chose. Ça fait des années que Montpellier montre la voie à tout le monde, que Chambéry essaie de tenir le cap mais ils sont un peu isolés. Si un gros investisseur, quel qu’il soit, arrive, cela peut réveiller tout le monde. Sinon, c’est la mort assurée. On ne pourra pas compter indéfiniment sur les subventions publiques. Le hand français est reconnu internationalement avec notamment l’équipe de France mais on doit faire autre chose avec les coupes européennes. Et quand je dis cela, cela va au-delà du sportif. 

Comment cela ? 
Il y a quand même des faits assez surprenants. L’an dernier comme cette année, au niveau des quarts de finale, il y avait trois clubs allemands, qui ne se rencontrent pas et qui de plus, reçoivent tous les trois au match retour. Les Allemands sont totalement investis dans ces coupes d’Europe. Par exemple, les dirigeants se rendent à chaque tirage, ce que ne font pas les Français. Quand on veut faire grandir un club, il faut aussi savoir se faire connaître. Il ne faut pas ensuite se plaindre car les absents ont toujours tort. 

Ce vendredi, c’est la nuit du handball, tu es dans les trois entraîneurs nominés *
C’est une reconnaissance. Cela fait sept ans que j’entraîne et qu’on a un beau parcours. Cette nomination rejaillit sur tout le club. C’est bien d’être nominé car je dois dire que l’an passé, j’ai été un peu frustré. Cinq entraîneurs étaient en course, je n’y étais pas alors qu’on avait terminé 4ème et fait un quart de finale de coupe d’Europe. Je ne suis pas aigri mais j’ai trouvé ça… surprenant. Remarque, cela permet de se remettre en question. 

Et si tu es désigné comme LE meilleur entraîneur de l’année ? 
Ben, la prochaine fois, pour faire une interview, il faudra que tu prennes rendez-vous à l’avance (rires). Non, pour être sérieux, si c’est le cas, je prendrai ça comme un encouragement et je serai très heureux. 

La semaine prochaine, les Barjots fêtent leur 20ème anniversaire. L’esprit « barjot » perdure ? 
Non, il y a un temps pour tout. On ne peut pas être et avoir été. Je ne pourrai pas être présent lors de cette soirée car des obligations me retiennent dans le Var avec le club. C’est une très bonne chose que ceux de 92 puis ceux qui ont suivi, se retrouvent. Si j’avais été libre, j’y serais allé pour voir les potes et renouer avec ceux que j’ai perdus de vue. Après, l’esprit barjot, ça ne veut rien dire. Au même titre dans dix ans, l’esprit « Experts ». Une belle page a été tournée, il faut regarder devant. C’est ce que je fais avec Saint Raphaël où je ressens tous les jours, un véritable engouement.

* Christian Gaudin est nominé en compagnie de Patrice Canayer (Montpellier) et Patrick Cazal (Dunkerque)

Christian Gaudin avance sans bruit 

LMSL

jeudi 31 mai 2012 - © Yves Michel

 8 min 13 de lecture

Depuis sept ans qu’il est à la tête de l’équipe de Saint-Raphaël, Christian Gaudin a gravi tous les échelons. Ordonné, méthodique, réfléchi et entier, le double champion du Monde a encore réalisé des prouesses cette saison en plaçant le club sur le podium de la LNH. En attendant mieux ? Une participation à la Ligue des Champions fait partie des objectifs de celui qui était parmi les nominés pour le meilleur entraîneur de l'année. 

Son palmarès comme entraîneur est encore à écrire mais Christian Gaudin a pris le métier par le bon bout. Arrivé à Saint Raphaël comme joueur en 2003, passé technicien deux ans plus tard, le Bourguignon d’origine a tout connu. Une saison en 2ème division, un intermède parmi l’élite en 2004, deux autres passages à l’étage inférieur mais depuis la remontée, il y a cinq ans, le club s’est non seulement stabilisé mais a connu une progression sans précédent. Le classement parle de lui-même : deux fois 6ème, deux fois 4ème et cette saison, une bien belle 3ème place, à 3 points de Chambéry, à onze de Montpellier. Huitième budget de la LNH loin derrière les champions de France héraultais, l’équipe varoise veut passer un cap, la Ligue des Champions prenant forme dans les esprits. Mais pour évoluer dans la cour des grands, les Azuréens devront encore faire des efforts. 

En septembre prochain, l’effectif ne sera pas modifié. Seul Adrien Di Panda (en provenance de Leon en Espagne) est annoncé en lieu et place de l’arrière droit Mykola Stetsyura qui a choisi de rentrer chez lui, en Ukraine. 


Christian, Saint Raphaël vient d’effectuer sa meilleure saison… 
Si on m’avait dit cela en septembre, j’aurais signé tout de suite. C’est une très très belle saison. Je n’aime pas utiliser des termes trop élogieux mais je pense qu’aujourd’hui, on peut avouer qu’on est à 95% de ce qu’on aurait pu faire. 

Les 5% manquants sont de quelle nature ? 
Ce sont les petits regrets que tu peux avoir sur certains matches mais au cours d’une saison, tout s’équilibre. Mais c’est vrai que le dernier but marqué à la dernière seconde chez nous par Dunkerque, le dernier match à Chambéry, le quart de finale aller de la coupe EHF sont autant de choses qui auraient pu mieux fonctionner mais je ne fais pas la fine bouche. 

La coupe de l’EHF, le championnat, quand on voit la fin de Dunkerque, on se dit que tu n’aurais pas pu mener de front les deux compétitions…
En effet, je n’avais pas l’effectif pour. L’an dernier, on a fait un quart de finale et on est passé de très près, cette année, si on ne fait pas un match aller catastrophique chez nous face à Dunkerque, on peut aller en demi. Progresser sur la scène européenne ne peut être que profitable. Mais d’un autre côté, il est possible que le fait d’avoir été éliminés, nous a permis de nous recentrer sur notre priorité, le championnat. 

Faire mieux désormais, c’est atteindre la Ligue des Champions ? 
Quand on entend tout ce qui se passe autour de nous, on se dit qu'on n’est pas armé pour. Bien-sûr que j’aimerais la jouer mais il faut être réaliste. Si c’est pour y participer et se brûler les ailes, ce n’est pas la peine. Quand tu veux monter l’Everest, il faut être équipé et ne pas y aller en maillot de bain. Une de mes inquiétudes, c’est d'affirmer: on va y aller tranquille. Je pense pour ma part, qu’il ne faut pas attendre une qualification en Ligue des Champions, pour  trouver un million de plus, par exemple. Il faut anticiper. Il faut passer la vitesse supérieure. Je sais que c’est compliqué en raison du contexte économique mais soyons plus conquérants.

Aller chercher Chambéry cette saison, c’était inconcevable ? 
Déjà, on a joué le coup à fond mais je ne suis pas sûr que cette saison, on était capable de franchir un tel cap.  

La solution, c’est aussi former des jeunes ? 
Oui, s’appuyer sur le centre de formation est une des solutions mais on ne peut pas compter uniquement sur cela d’autant que notre centre est très jeune. On a vu les prémisses avec l’incorporation de Garain, Sanssouci et Krakowski puis cette année, Guillermin, Marmounier, Bonnefoi, Boschi, Demaille. A Tremblay, mercredi, j’avais même pris Djeric, un « 94 ». Ce sont des joueurs qui ont du potentiel, maintenant, on ne peut pas finir 3ème du championnat avec uniquement le centre de formation. 


Daniel Narcisse a été annoncé comme recrue possible… c’est pour quand ? 
Moi, j’aimerais que ce soit dès septembre mais si ça se fait, ce ne sera pas avant 2013-2014 car il lui reste encore une année de contrat à honorer à Kiel. 

Paris veut voir très grand les prochaines années. Qu’est-ce que tu en penses ? 
C’est une très bonne chose. Ça fait des années que Montpellier montre la voie à tout le monde, que Chambéry essaie de tenir le cap mais ils sont un peu isolés. Si un gros investisseur, quel qu’il soit, arrive, cela peut réveiller tout le monde. Sinon, c’est la mort assurée. On ne pourra pas compter indéfiniment sur les subventions publiques. Le hand français est reconnu internationalement avec notamment l’équipe de France mais on doit faire autre chose avec les coupes européennes. Et quand je dis cela, cela va au-delà du sportif. 

Comment cela ? 
Il y a quand même des faits assez surprenants. L’an dernier comme cette année, au niveau des quarts de finale, il y avait trois clubs allemands, qui ne se rencontrent pas et qui de plus, reçoivent tous les trois au match retour. Les Allemands sont totalement investis dans ces coupes d’Europe. Par exemple, les dirigeants se rendent à chaque tirage, ce que ne font pas les Français. Quand on veut faire grandir un club, il faut aussi savoir se faire connaître. Il ne faut pas ensuite se plaindre car les absents ont toujours tort. 

Ce vendredi, c’est la nuit du handball, tu es dans les trois entraîneurs nominés *
C’est une reconnaissance. Cela fait sept ans que j’entraîne et qu’on a un beau parcours. Cette nomination rejaillit sur tout le club. C’est bien d’être nominé car je dois dire que l’an passé, j’ai été un peu frustré. Cinq entraîneurs étaient en course, je n’y étais pas alors qu’on avait terminé 4ème et fait un quart de finale de coupe d’Europe. Je ne suis pas aigri mais j’ai trouvé ça… surprenant. Remarque, cela permet de se remettre en question. 

Et si tu es désigné comme LE meilleur entraîneur de l’année ? 
Ben, la prochaine fois, pour faire une interview, il faudra que tu prennes rendez-vous à l’avance (rires). Non, pour être sérieux, si c’est le cas, je prendrai ça comme un encouragement et je serai très heureux. 

La semaine prochaine, les Barjots fêtent leur 20ème anniversaire. L’esprit « barjot » perdure ? 
Non, il y a un temps pour tout. On ne peut pas être et avoir été. Je ne pourrai pas être présent lors de cette soirée car des obligations me retiennent dans le Var avec le club. C’est une très bonne chose que ceux de 92 puis ceux qui ont suivi, se retrouvent. Si j’avais été libre, j’y serais allé pour voir les potes et renouer avec ceux que j’ai perdus de vue. Après, l’esprit barjot, ça ne veut rien dire. Au même titre dans dix ans, l’esprit « Experts ». Une belle page a été tournée, il faut regarder devant. C’est ce que je fais avec Saint Raphaël où je ressens tous les jours, un véritable engouement.

* Christian Gaudin est nominé en compagnie de Patrice Canayer (Montpellier) et Patrick Cazal (Dunkerque)

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