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Trophée des Champions: repli sur le sol français ?

LMSL

vendredi 2 août 2013 - © Yves Michel

 4 min 49 de lecture

La situation préoccupante et l’instabilité politique qui secouent depuis quelques semaines la Tunisie, inquiètent les dirigeants de la Ligue Nationale de Handball. Le Trophée des Champions qui doit se dérouler à Sousse (150 km au sud de Tunis) les 7 et 8 septembre prochains, pourrait être remis en question et une solution de repli fortement envisagée sur le sol français. 

Plus les jours passent, plus la Tunisie s’enfonce dans une crise politique ponctuée par des mouvements de protestation qui opposent partisans et détracteurs du gouvernement. La situation s’est surtout dégradée depuis l’assassinat en février puis en juillet, de deux opposants au pouvoir en place. En début de semaine, la mort de huit militaires tombés dans une embuscade commise, selon les autorités, par un groupe "terroriste" islamiste n’a pas amélioré le climat.

C’est dans ce contexte qu’à très exactement cinq semaines de l’organisation du Trophée des Champions, les dirigeants de la LNH se retrouvent dans une position très délicate, partagés entre le maintien de l’épreuve à Sousse mais avec les risques que cela peut comporter, son repli sur le sol français ou solution extrême qui n’a pas été ouvertement évoquée, son annulation pure et simple. Plusieurs télé-conférences ont été organisées depuis le début de la semaine pour parler de la situation. « Nous restons très attentifs, assure Etienne Capon, le directeur général de la LNH. Il y a deux aspects à distinguer. Il y a le terrorisme d’un côté avec une poche identifiée à la frontière algérienne mais surtout, cette protestation persistante au niveau de la rue. La tension entre les deux camps est de plus en plus marquée. Ce que nous craignons, c’est une récupération politique d’un côté comme de l’autre. Par ailleurs, nous ne sommes pas à l’abri de problèmes logistiques. Il y a eu des appels à la grève générale et Tunisair par exemple, a suspendu tous ses vols pendant une journée, donc c’est inquiétant. » L’inquiétude est légitime et même si la sécurité sur place est renforcée, on ne peut imaginer une seule seconde, que la compétition se déroule sous contrôle policier ou alors, pour éviter tout débordement populaire et revendicatif, que le huis clos soit décrété (comme c'est le cas depuis février 2012, pour tous les matches de handball du championnat de Tunisie).

Dès lors, le temps presse et une décision doit être prise dans les plus brefs délais. Un plan "B" a même été imaginé par le bureau de la LNH. « Cette solution a été envisagée dès qu’on a décidé que le Trophée se déroulerait en Tunisie, confirme Alain Poncet, le président de Chambéry.  On ne part pas de zéro. Très honnêtement, j’étais plutôt confiant mais aujourd’hui, la situation n’évolue pas dans le bon sens. Comme cela ne se rétablira pas dans un mois, il faut passer à autre chose.»  Mais alors si la compétition programmée à moins d’une semaine de la reprise du championnat et à laquelle participent le PSG handball, Montpellier, Dunkerque (vainqueur en 2012) et Chambéry ne peut pas se dérouler sur le sol tunisien, où peut-elle avoir lieu ? En France, c’est évident... Sur Paris ? Pourquoi pas. Le stade Coubertin étant le plus indiqué. Mais ce repli n’est pas sans poser de problèmes, essentiellement logistiques mais surtout budgétaires. « La charge économique est nouvelle, acquiesce Etienne Capon. Nos partenaires étaient essentiellement tunisiens et le financement de l’épreuve était largement assuré par les sponsors. Nous allions même dégager un bénéfice. Là, il va falloir que la Ligue supporte le surcoût. » Et ce financement oscille entre 100 et 120 000 euros. « C’est le prix d’une compétition sans trouble et qui se déroule en toute sécurité, fait remarquer Jean-Pierre Vandaele. » Le président de Dunkerque qui est aussi le trésorier de la LNH reconnait que cette nouvelle dépense n’arrive pas au bon moment et que trouver de nouveaux partenaires en si peu de temps et surtout en plein mois d’août est quasi irréalisable. Une annulation pure et simple pourrait-elle être envisagée ? « Non ! martèle Etienne Capon. Le Trophée est la 1ère compétition de la saison, c’est une échéance importante dans la préparation des équipes qui sont engagées. On ne peut pas l’annuler au dernier moment. On sait que la Tunisie est un pays de consensus mais là, la situation ne semble pas évoluer dans le bon sens. Le temps (à peine quelques semaines) est contre nous ! »



Le Trophée des Champions a vu le jour en 2010 et a élu domicile pendant ces trois 1ères éditions à Monaco. Cette année, un appel à candidatures a été lancé et outre la Tunisie, la ville de Bayonne et la Vendée ont présenté un dossier. Ces deux dernières candidatures ont été retoquées. «A l’époque, nous avons été déçus de ne pas être retenus, confie Jean-Pierre Guesnet, le président de l’Aviron bayonnais. Cela ne m’étonne pas outre mesure qu’un plan "B" soit aujourd’hui évoqué. Ce qui est en train de se passer en Tunisie, était extrêmement prévisible. Il fallait à mon avis, laisser la compétition se dérouler en France, au moins cette année. De notre côté, on a bossé comme des fous pour présenter un dossier viable. Avec le recul, je me demande encore si nous n’avons pas été considérés comme des faire-valoir, si on ne nous a pas reçu par politesse alors que le choix était déjà fait. » Amertume pour les uns, circonspection et attente pour les autres, la 4ème édition du Trophée des Champions retransmise, rappelons-le, sur les antennes de Canal + doit trouver un cadre serein et essentiellement sportif. Une décision sur le lieu de son organisation doit être prise. Et vite !

Trophée des Champions: repli sur le sol français ?  

LMSL

vendredi 2 août 2013 - © Yves Michel

 4 min 49 de lecture

La situation préoccupante et l’instabilité politique qui secouent depuis quelques semaines la Tunisie, inquiètent les dirigeants de la Ligue Nationale de Handball. Le Trophée des Champions qui doit se dérouler à Sousse (150 km au sud de Tunis) les 7 et 8 septembre prochains, pourrait être remis en question et une solution de repli fortement envisagée sur le sol français. 

Plus les jours passent, plus la Tunisie s’enfonce dans une crise politique ponctuée par des mouvements de protestation qui opposent partisans et détracteurs du gouvernement. La situation s’est surtout dégradée depuis l’assassinat en février puis en juillet, de deux opposants au pouvoir en place. En début de semaine, la mort de huit militaires tombés dans une embuscade commise, selon les autorités, par un groupe "terroriste" islamiste n’a pas amélioré le climat.

C’est dans ce contexte qu’à très exactement cinq semaines de l’organisation du Trophée des Champions, les dirigeants de la LNH se retrouvent dans une position très délicate, partagés entre le maintien de l’épreuve à Sousse mais avec les risques que cela peut comporter, son repli sur le sol français ou solution extrême qui n’a pas été ouvertement évoquée, son annulation pure et simple. Plusieurs télé-conférences ont été organisées depuis le début de la semaine pour parler de la situation. « Nous restons très attentifs, assure Etienne Capon, le directeur général de la LNH. Il y a deux aspects à distinguer. Il y a le terrorisme d’un côté avec une poche identifiée à la frontière algérienne mais surtout, cette protestation persistante au niveau de la rue. La tension entre les deux camps est de plus en plus marquée. Ce que nous craignons, c’est une récupération politique d’un côté comme de l’autre. Par ailleurs, nous ne sommes pas à l’abri de problèmes logistiques. Il y a eu des appels à la grève générale et Tunisair par exemple, a suspendu tous ses vols pendant une journée, donc c’est inquiétant. » L’inquiétude est légitime et même si la sécurité sur place est renforcée, on ne peut imaginer une seule seconde, que la compétition se déroule sous contrôle policier ou alors, pour éviter tout débordement populaire et revendicatif, que le huis clos soit décrété (comme c'est le cas depuis février 2012, pour tous les matches de handball du championnat de Tunisie).

Dès lors, le temps presse et une décision doit être prise dans les plus brefs délais. Un plan "B" a même été imaginé par le bureau de la LNH. « Cette solution a été envisagée dès qu’on a décidé que le Trophée se déroulerait en Tunisie, confirme Alain Poncet, le président de Chambéry.  On ne part pas de zéro. Très honnêtement, j’étais plutôt confiant mais aujourd’hui, la situation n’évolue pas dans le bon sens. Comme cela ne se rétablira pas dans un mois, il faut passer à autre chose.»  Mais alors si la compétition programmée à moins d’une semaine de la reprise du championnat et à laquelle participent le PSG handball, Montpellier, Dunkerque (vainqueur en 2012) et Chambéry ne peut pas se dérouler sur le sol tunisien, où peut-elle avoir lieu ? En France, c’est évident... Sur Paris ? Pourquoi pas. Le stade Coubertin étant le plus indiqué. Mais ce repli n’est pas sans poser de problèmes, essentiellement logistiques mais surtout budgétaires. « La charge économique est nouvelle, acquiesce Etienne Capon. Nos partenaires étaient essentiellement tunisiens et le financement de l’épreuve était largement assuré par les sponsors. Nous allions même dégager un bénéfice. Là, il va falloir que la Ligue supporte le surcoût. » Et ce financement oscille entre 100 et 120 000 euros. « C’est le prix d’une compétition sans trouble et qui se déroule en toute sécurité, fait remarquer Jean-Pierre Vandaele. » Le président de Dunkerque qui est aussi le trésorier de la LNH reconnait que cette nouvelle dépense n’arrive pas au bon moment et que trouver de nouveaux partenaires en si peu de temps et surtout en plein mois d’août est quasi irréalisable. Une annulation pure et simple pourrait-elle être envisagée ? « Non ! martèle Etienne Capon. Le Trophée est la 1ère compétition de la saison, c’est une échéance importante dans la préparation des équipes qui sont engagées. On ne peut pas l’annuler au dernier moment. On sait que la Tunisie est un pays de consensus mais là, la situation ne semble pas évoluer dans le bon sens. Le temps (à peine quelques semaines) est contre nous ! »



Le Trophée des Champions a vu le jour en 2010 et a élu domicile pendant ces trois 1ères éditions à Monaco. Cette année, un appel à candidatures a été lancé et outre la Tunisie, la ville de Bayonne et la Vendée ont présenté un dossier. Ces deux dernières candidatures ont été retoquées. «A l’époque, nous avons été déçus de ne pas être retenus, confie Jean-Pierre Guesnet, le président de l’Aviron bayonnais. Cela ne m’étonne pas outre mesure qu’un plan "B" soit aujourd’hui évoqué. Ce qui est en train de se passer en Tunisie, était extrêmement prévisible. Il fallait à mon avis, laisser la compétition se dérouler en France, au moins cette année. De notre côté, on a bossé comme des fous pour présenter un dossier viable. Avec le recul, je me demande encore si nous n’avons pas été considérés comme des faire-valoir, si on ne nous a pas reçu par politesse alors que le choix était déjà fait. » Amertume pour les uns, circonspection et attente pour les autres, la 4ème édition du Trophée des Champions retransmise, rappelons-le, sur les antennes de Canal + doit trouver un cadre serein et essentiellement sportif. Une décision sur le lieu de son organisation doit être prise. Et vite !

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