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Messaoudi... ou les frères la victoire

Nationale 1F

lundi 9 juin 2014 - © Davy Bodiguel

 8 min 0 de lecture

Deux frères aux deux premières places d’un championnat de Nationale : l’image est belle et dans tous les cas suffisamment rare pour être soulignée. La fraterie Messaoudi aura en effet vécu une superbe réussite sportive en 2013/14 : d’un côté, Yacine l’ainé, formateur dans l’âme au Metz Handball, a su diriger avec brio une génération de « Dragonnettes » promise à un bel avenir. De l’autre, le cadet Samir a validé non sans mal la première étape d’un ambitieux projet du côté de la Stella St Maur. L’occasion pour Handzone de se pencher sur une histoire de famille pas banale.

Initié par Laurent Bezeau, le retour progressif de Brest vers le haut niveau aura égayé la saison de Nationale 1 Féminine. Mais ce n’est évidemment pas le seul fait marquant en N1… en poule 2, Metz et la Stella St Maur se sont tirés la bourre en seconde partie de saison pour au final terminer respectivement 1er et second du championnat. Avec comme particularité, deux frères à leur tête : l’ainé Yacine a fait très fort en menant l’équipe réserve de Metz à maturité… jamais un centre de formation n’avait en effet accumulé autant de points dans une même saison. « Je pensais vraiment que l’équipe était en capacité de finir sur le podium ». Mais de là à finir premier ? « En début de saison, je n’aurais pas misé sur une première place en toute honnêteté. Au fur et à mesure de l’année, on a énormément progressé et durant la phase retour, on a dominé les débats de la tête et des épaules. On a progressé beaucoup plus vite que nos adversaires et c'est ce dont je suis le plus fier ».

L’amalgame a pris du temps, reconnaît Yacine Messaoudi. « L’équilibre n’est jamais évident surtout lorsqu’il s’agit d’un centre de formation où la priorité est avant tout le projet individuel. Pour avoir une réussite collective, c’est extrêmement compliqué car les jeunes joueuses sont toutes présentes pour signer un jour professionnelle au Metz Handball… mais en sachant aussi que toutes ne réussiront pas à l’être. » Un apprentissage passant notamment par des débuts hésitants : « lors du match aller face à St Maur, on n’était pas bien du tout avant de recevoir. Mais la victoire ce jour-là a été le déclic car ça nous a prouvé que l’on pouvait lutter avec les gros du championnat mais aussi parce que c’était une réelle victoire collective. On a utilisé ces résultats de la N1 comme alibi pour travailler non seulement individuellement mais aussi continuer notre lancée collective ».

« Plus je me fais plumer par la LFH et mieux je me porte »

Metz ne partait cependant pas dans l’inconnu, les cadres de l’équipe comme Tamara Horacek ou Déborah Kpodar ont facilité l’éclosion de ce groupe. « C’est comme ça que l’on avait fonctionné avec Grâce Zaadi. On a l’opportunité de prendre des juniors et on s’appuie sur ces filles-là pour mener à bien le projet. Elles ont toutes franchi un cap et ça s’est surtout ressenti lors du match à enjeu face à St Amand (victoire 28-38 en mars) où elles ont toutes répondu présentes, c’est à ce moment que l’on a pris conscience que l’on avait franchi un cap individuellement ou collectivement. » Battre les meilleurs mais aussi s’incliner chez le dernier Ste Maure Troyes : « c’est paradoxal mais ce n’est aussi pas surprenant : je n’avais pas trop d’inquiétudes face aux équipes de haut de tableau… par contre, il y a une perte de motivation que l’on a pu constater face aux moins bien classées. J’ai lutté contre ça, on s’est fait rentrer dedans à Troyes, on a pris une vraie gifle qui nous a été salvatrice. Ça nous a permis de bien finir la saison, à l’inverse de nos concurrents comme St Amand qui n’a pas réussi à se relever. Ce qui montre de vraies ressources mentales chez mes joueuses ». Une belle réussite sportive qui en appelle d’autres même si l’équipe réserve Messine s’attend à changer de visage à la rentrée prochaine : « beaucoup de joueuses vont intégrer la D1 de façon définitive et ça pour moi, c’est une vraie évaluation. Plus je me fais plumer par la LFH et mieux je me porte ». Yacine Messaoudi reconnaît la valeur de cette génération : « je ne suis pas sûr de retrouver une génération comme celle-ci mais je pense qu’elles incarnent vraiment le devenir du Metz Handball. Avant mon arrivée, Zaadi, Glauser… ce sont des filles qui sont sorties du chapeau… mais là, elles arrivent en force et aujourd’hui, le vrai recrutement Messin vient avant tout du centre de formation. Mon travail, c’est encore et toujours de prévoir et il y a des filles vraiment intéressantes au pôle. Et l’année prochaine, on va vraiment s’appuyer sur les filles moins de 18 ».

La Stella St Maur pose la première pierre

Derrière Metz, la Stella St Maur a creusé son sillon jusqu’à passer devant St Amand les Eaux. A sa tête, le cadet de la famille Messaoudi, Samir, s’appuyait sur un groupe taillé pour la D2… Mais encore fallait-il réussir ce challenge. De l’avis même de son frère ainé Yacine : « c’est fort ce qu’il a fait parce que c’est quelqu’un qui vient d’arriver dans le hand féminin et qu’il faut des vraies qualités d’adaptation pour réussir tout de suite un projet aussi ambitieux. J’ai du respect pour lui aussi parce que c’était le projet le plus intéressant mais aussi le plus difficile du championnat. Après notre victoire au match retour à St Maur, il n’avait aucune chance de monter en D2. Lui, il y croyait encore et il n’a rien lâché… pour moi, ça montre que c’était le meilleur entraîneur de la poule. Il a fallu qu’il se casse la tête, qu’il ait la capacité au quotidien à répondre à son groupe et ses adversaires. Pour rien au monde, je n’aurais aimé être à sa place parce que sa situation était extrêmement complexe. » Justement, Samir Messaoudi… un entraîneur heureux ? « oui, content et satisfait du résultat final sachant qu’on était à six points des premières à 8 journées de la fin… donc ça ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. On n’avait pas planifié que St Amand s’effondre mais on y a cru jusqu’au bout. J’avais l’intime conviction que St Amand allait perdre contre Metz et Aulnay. Et j’allais dans le Nord pour jouer une finale. Le déclic, c’est à partir du moment où St Amand s’est lourdement incliné à Metz. L’autre déclic, c’est la défaite chez nous face à Metz… ça a vraiment créé de la révolte et de l’injustice chez mes joueuses ».

« On a envie de s’éclater en D2 »

Et les joueuses Stellistes avaient elle la même impression ? « Je leur ai dit sans cesse qu’il fallait y croire... même si des fois, elles m’ont pris pour un fou. Tant que mathématiquement, c’était jouable, il fallait jouer à fond sachant qu’en filles, l’équilibre peut quelquefois être très instable. » En marge d’un championnat à deux vitesses, la Stella a brillé en Coupe de France : « elle nous a permis de jouer décomplexé, les filles ont compris le potentiel et la valeur du groupe sur ces matchs-là. Le fait d’accrocher de grosses cylindrées (deux exploits face à Yutz, Besançon puis l'élimination méritante en quart de finale contre Issy), l’équipe a pris confiance et conscience de son potentiel. On a été notamment capable de tenir la dragée haute à Issy-Paris pendant 52 minutes ». Au soir du championnat, St Maur termine son œuvre deux fois consécutivement à domicile… avec l’accession en D2 en forme d'apothéose.

« C’est quelque chose que le club attendait depuis quelque temps, c’est vraiment une superbe année… qui ne se représentera pas de sitôt alors autant la savourer ». A l’initiative dans le recrutement, Allison Pineau a pris une part prépondérante dans le succès Stelliste : « Allison est ravi. Pour tous ceux qui ricanaient ou pensaient que le projet ne pouvait pas aboutir, on a su répondre… On commence doucement mais tout le monde sait désormais que l’on a un vrai projet en Ile de France. » Quant à la saison prochaine, St Maur sait qu’il fera figure de petit poucet en D2 : « on a fait le choix de pas prendre le statut VAP (voie d’accès au professionnalisme) et on a fait signer des étrangères. On a envie de s’éclater en D2 en jouant le maintien sur cette première année. Dans le meilleur des mondes, c’est d’assurer le plus vite le maintien pour jouer libéré par la suite ». Nul doute que la Stella St Maur a de beaux jours devant elle… comme à ses plus belles heures, l’équipe Val-de-Marnaise est parée pour vivre une belle aventure dans l’antichambre de l’élite… Avec toujours un certain Messaoudi à sa tête, un nom qui décidemment commence à se faire connaître dans le paysage handballistique Français.

Messaoudi... ou les frères la victoire 

Nationale 1F

lundi 9 juin 2014 - © Davy Bodiguel

 8 min 0 de lecture

Deux frères aux deux premières places d’un championnat de Nationale : l’image est belle et dans tous les cas suffisamment rare pour être soulignée. La fraterie Messaoudi aura en effet vécu une superbe réussite sportive en 2013/14 : d’un côté, Yacine l’ainé, formateur dans l’âme au Metz Handball, a su diriger avec brio une génération de « Dragonnettes » promise à un bel avenir. De l’autre, le cadet Samir a validé non sans mal la première étape d’un ambitieux projet du côté de la Stella St Maur. L’occasion pour Handzone de se pencher sur une histoire de famille pas banale.

Initié par Laurent Bezeau, le retour progressif de Brest vers le haut niveau aura égayé la saison de Nationale 1 Féminine. Mais ce n’est évidemment pas le seul fait marquant en N1… en poule 2, Metz et la Stella St Maur se sont tirés la bourre en seconde partie de saison pour au final terminer respectivement 1er et second du championnat. Avec comme particularité, deux frères à leur tête : l’ainé Yacine a fait très fort en menant l’équipe réserve de Metz à maturité… jamais un centre de formation n’avait en effet accumulé autant de points dans une même saison. « Je pensais vraiment que l’équipe était en capacité de finir sur le podium ». Mais de là à finir premier ? « En début de saison, je n’aurais pas misé sur une première place en toute honnêteté. Au fur et à mesure de l’année, on a énormément progressé et durant la phase retour, on a dominé les débats de la tête et des épaules. On a progressé beaucoup plus vite que nos adversaires et c'est ce dont je suis le plus fier ».

L’amalgame a pris du temps, reconnaît Yacine Messaoudi. « L’équilibre n’est jamais évident surtout lorsqu’il s’agit d’un centre de formation où la priorité est avant tout le projet individuel. Pour avoir une réussite collective, c’est extrêmement compliqué car les jeunes joueuses sont toutes présentes pour signer un jour professionnelle au Metz Handball… mais en sachant aussi que toutes ne réussiront pas à l’être. » Un apprentissage passant notamment par des débuts hésitants : « lors du match aller face à St Maur, on n’était pas bien du tout avant de recevoir. Mais la victoire ce jour-là a été le déclic car ça nous a prouvé que l’on pouvait lutter avec les gros du championnat mais aussi parce que c’était une réelle victoire collective. On a utilisé ces résultats de la N1 comme alibi pour travailler non seulement individuellement mais aussi continuer notre lancée collective ».

« Plus je me fais plumer par la LFH et mieux je me porte »

Metz ne partait cependant pas dans l’inconnu, les cadres de l’équipe comme Tamara Horacek ou Déborah Kpodar ont facilité l’éclosion de ce groupe. « C’est comme ça que l’on avait fonctionné avec Grâce Zaadi. On a l’opportunité de prendre des juniors et on s’appuie sur ces filles-là pour mener à bien le projet. Elles ont toutes franchi un cap et ça s’est surtout ressenti lors du match à enjeu face à St Amand (victoire 28-38 en mars) où elles ont toutes répondu présentes, c’est à ce moment que l’on a pris conscience que l’on avait franchi un cap individuellement ou collectivement. » Battre les meilleurs mais aussi s’incliner chez le dernier Ste Maure Troyes : « c’est paradoxal mais ce n’est aussi pas surprenant : je n’avais pas trop d’inquiétudes face aux équipes de haut de tableau… par contre, il y a une perte de motivation que l’on a pu constater face aux moins bien classées. J’ai lutté contre ça, on s’est fait rentrer dedans à Troyes, on a pris une vraie gifle qui nous a été salvatrice. Ça nous a permis de bien finir la saison, à l’inverse de nos concurrents comme St Amand qui n’a pas réussi à se relever. Ce qui montre de vraies ressources mentales chez mes joueuses ». Une belle réussite sportive qui en appelle d’autres même si l’équipe réserve Messine s’attend à changer de visage à la rentrée prochaine : « beaucoup de joueuses vont intégrer la D1 de façon définitive et ça pour moi, c’est une vraie évaluation. Plus je me fais plumer par la LFH et mieux je me porte ». Yacine Messaoudi reconnaît la valeur de cette génération : « je ne suis pas sûr de retrouver une génération comme celle-ci mais je pense qu’elles incarnent vraiment le devenir du Metz Handball. Avant mon arrivée, Zaadi, Glauser… ce sont des filles qui sont sorties du chapeau… mais là, elles arrivent en force et aujourd’hui, le vrai recrutement Messin vient avant tout du centre de formation. Mon travail, c’est encore et toujours de prévoir et il y a des filles vraiment intéressantes au pôle. Et l’année prochaine, on va vraiment s’appuyer sur les filles moins de 18 ».

La Stella St Maur pose la première pierre

Derrière Metz, la Stella St Maur a creusé son sillon jusqu’à passer devant St Amand les Eaux. A sa tête, le cadet de la famille Messaoudi, Samir, s’appuyait sur un groupe taillé pour la D2… Mais encore fallait-il réussir ce challenge. De l’avis même de son frère ainé Yacine : « c’est fort ce qu’il a fait parce que c’est quelqu’un qui vient d’arriver dans le hand féminin et qu’il faut des vraies qualités d’adaptation pour réussir tout de suite un projet aussi ambitieux. J’ai du respect pour lui aussi parce que c’était le projet le plus intéressant mais aussi le plus difficile du championnat. Après notre victoire au match retour à St Maur, il n’avait aucune chance de monter en D2. Lui, il y croyait encore et il n’a rien lâché… pour moi, ça montre que c’était le meilleur entraîneur de la poule. Il a fallu qu’il se casse la tête, qu’il ait la capacité au quotidien à répondre à son groupe et ses adversaires. Pour rien au monde, je n’aurais aimé être à sa place parce que sa situation était extrêmement complexe. » Justement, Samir Messaoudi… un entraîneur heureux ? « oui, content et satisfait du résultat final sachant qu’on était à six points des premières à 8 journées de la fin… donc ça ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. On n’avait pas planifié que St Amand s’effondre mais on y a cru jusqu’au bout. J’avais l’intime conviction que St Amand allait perdre contre Metz et Aulnay. Et j’allais dans le Nord pour jouer une finale. Le déclic, c’est à partir du moment où St Amand s’est lourdement incliné à Metz. L’autre déclic, c’est la défaite chez nous face à Metz… ça a vraiment créé de la révolte et de l’injustice chez mes joueuses ».

« On a envie de s’éclater en D2 »

Et les joueuses Stellistes avaient elle la même impression ? « Je leur ai dit sans cesse qu’il fallait y croire... même si des fois, elles m’ont pris pour un fou. Tant que mathématiquement, c’était jouable, il fallait jouer à fond sachant qu’en filles, l’équilibre peut quelquefois être très instable. » En marge d’un championnat à deux vitesses, la Stella a brillé en Coupe de France : « elle nous a permis de jouer décomplexé, les filles ont compris le potentiel et la valeur du groupe sur ces matchs-là. Le fait d’accrocher de grosses cylindrées (deux exploits face à Yutz, Besançon puis l'élimination méritante en quart de finale contre Issy), l’équipe a pris confiance et conscience de son potentiel. On a été notamment capable de tenir la dragée haute à Issy-Paris pendant 52 minutes ». Au soir du championnat, St Maur termine son œuvre deux fois consécutivement à domicile… avec l’accession en D2 en forme d'apothéose.

« C’est quelque chose que le club attendait depuis quelque temps, c’est vraiment une superbe année… qui ne se représentera pas de sitôt alors autant la savourer ». A l’initiative dans le recrutement, Allison Pineau a pris une part prépondérante dans le succès Stelliste : « Allison est ravi. Pour tous ceux qui ricanaient ou pensaient que le projet ne pouvait pas aboutir, on a su répondre… On commence doucement mais tout le monde sait désormais que l’on a un vrai projet en Ile de France. » Quant à la saison prochaine, St Maur sait qu’il fera figure de petit poucet en D2 : « on a fait le choix de pas prendre le statut VAP (voie d’accès au professionnalisme) et on a fait signer des étrangères. On a envie de s’éclater en D2 en jouant le maintien sur cette première année. Dans le meilleur des mondes, c’est d’assurer le plus vite le maintien pour jouer libéré par la suite ». Nul doute que la Stella St Maur a de beaux jours devant elle… comme à ses plus belles heures, l’équipe Val-de-Marnaise est parée pour vivre une belle aventure dans l’antichambre de l’élite… Avec toujours un certain Messaoudi à sa tête, un nom qui décidemment commence à se faire connaître dans le paysage handballistique Français.

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