A Chambéry, l'heure est à la mobilisation générale. La 4ème place consolidée la saison dernière pratiquement sur le gong a donné de l'envie. Surtout que l'Europe est de nouveau au programme après une année blanche.

par Yves MICHEL

« C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses ». Alain Poncet s’en délecte et ne se prive pas d’utiliser cette formule autant de fois qu’il le peut. Souvent pour rassurer les plus dubitatifs qui s’inquiètent de la bonne santé de son club. Il n’y a pas si longtemps, les Savoyards jouaient les 1ers rôles dans le championnat français. Et puis la crise économique et quelques fâcheux résultats sont passés par là et le président du CSH a été contraint à revoir ses ambitions et ses moyens à la baisse. Fin 2012, un assez important déficit d’exploitation avait été relevé et un plan d’aménagement a été mis en place sur trois saisons. «Ce plan était nécessaire pour y voir un peu plus clair. La bonne nouvelle c’est que nous avons pris de l’avance et ce malgré des baisses significatives des collectivités. Cette année, nous avons perdu 25% de la subvention municipale ce qui représente 100 000 euros et 25 000 euros de la Région. Malgré ces deux mauvaises nouvelles, on est quand même sur le plan de marche et donc sereins pour la suite. » Retour en septembre dernier. Les débuts en championnat sont mitigés mais sur quatre matches consécutifs, l’équipe ne perd qu’un point, accrochant au passage un très beau succès face à Paris. Et puis, le 20 octobre, coup de tonnerre dans la cité des Ducs, Mario Cavalli décide de rendre son tablier. Après un intérim de trois rencontres assuré par Jackson Richardson, Ivica Obrvan prend les commandes. Les résultats se tiennent, Chambéry garde le contact avec le haut du tableau. Le Croate est au niveau de sa réputation : très exigeant et bourreau... de travail. « On a voulu prendre un virage significatif par rapport à ce qui existait, précise Alain Poncet. Ivica a une culture plus des Balkans que latine, il nous fallait un peu plus de rigueur. »  Et malgré quelques grimaces, la méthode a l’air de fonctionner puisqu’à la fin de la foire, les Savoyards terminent 4èmes. Un mois et demi plus tard, ils seront même repêchés pour participer à la coupe EHF. Entre temps, sur les sept pros en fin de contrat, six ont prolongé (Basic, Bicanic, Benjamin Gille, Panic, Paturel et Paty), Bertrand Gille a mis fin à sa carrière sportive. Trois jeunes du centre de formation (Richardson, Traoré, Tritta) devenus pendant l’été champions du monde dans leur catégorie d’âge, sont passés dans le monde adulte. « Sans être spectaculaire, nous avons opté pour un changement dans la continuité. Nous n’avons recruté qu’un jeune demi centre brésilien (Joao Da Silva, 21 ans), nous avions deux autres pistes pour un gardien et un arrière gauche qui n’ont pas abouti. » Chambéry le convalescent avance avec prudence mais recommence à regarder vers les sommets. « On est européen parce qu’on a été repêché donc l’objectif c’est de l’être directement au terme de cette saison. On a une équipe capable de viser le podium mais celui qui va donner le classement d’entrée, sera très fort et je m’engage à lui offrir un bon crû millésimé.» Le défi est lancé et il faudra attendre début juin pour compter les bouses en compagnie d’Alain Poncet. Ce n’est qu’à ce moment-là que le président du club savoyard saura s’il doit descendre dans sa cave.



Benjamin Gille, le dernier des Mohicans

Dans sa vie de handballeur, Benjamin Gille n’a connu que deux clubs. Celui de Loriol dans la Drôme sa terre de naissance et Chambéry. Arrivé en 2000 en Savoie alors qu’il n’avait que 18 ans, il n’en est plus jamais reparti, évoluant dans une structure qu’il a vu grandir. Au début de l’été, alors que Bertrand venait de raccrocher et que Guillaume l’avait fait un an plus tôt, Benjamin n’a pas hésité à rempiler. Le capitaine du CSH portera le maillot savoyard jusqu’en 2018. Il aura 36 ans.

L’effectif chambérien est resté stable. Est-ce un avantage ?
J’espère. On essaie de tirer profit de cette stabilité pour progresser. On pourra peut-être nous reprocher de ne pas nous renouveler, sauf qu’il y a du sang neuf avec des jeunes du centre de formation qui se sont d’ailleurs illustrés cet été au plus haut niveau.

La saison dernière a été stressante avec une fin heureuse…
On partait de loin. On n’avait pas réussi à décrocher un billet européen et on a eu des moments de doute. L’essentiel c’est qu’on s’est remis dans le sens de la marche et petit à petit, on s’est rapproché pour finir 4ème. On aurait même pu faire mieux si on avait correctement négocié ce virage à Nîmes (défaite d’un but lors de l’avant dernière journée). Il faut aussi savoir d’où on vient et se satisfaire de ce qui nous est arrivé.

Un nouvel entraîneur est arrivé avec des méthodes assez musclées…
C'est sûr, ce n’est pas le plus drôle de la planète mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. J’espère que la rigueur qu’il a ramenée nous sera profitable.

Tu viens de prolonger jusqu’en 2018 pour une fin de carrière à Chambéry…
Je pense qu’on est bien parti pour. C’est quand même une super aventure et tant que physiquement cela va bien, il n’y a aucun souci et c’est une réelle satisfaction d’avoir pu évoluer professionnellement dans un seul club.

L’opportunité de partir ailleurs ne s’est jamais présentée ?
Si bien-sûr… mais même si on s’est souvent battu contre vents et marées, même si on a été souvent 2èmes ou jouer les rôles de trouble-fêtes, je ne regrette certainement pas d’être resté pour vivre tout ça. Dans chaque équipe qui est passée, j’ai toujours retiré quelque chose de constructif.

Tu es le dernier des Mohicans de la fratrie…
Attends, je m’arrêterai peut-être en 2045, qui sait ? (rires)

Vos enfants sont prêts à prendre la relève ?
Il y en a quelques-uns qui jouent comme ça pour s’amuser mais sans idée précise pour la suite.


                                                          Joao Da Silva

Le Chambéry Savoie Handball  version 2015-2016

1er Tour de la Coupe de la Ligue

Ce soir à 20h15, au Phare, Chambéry reçoit Tremblay en coupe de la Ligue. Presqu'au même moment (20h00), Cesson accueillera Créteil. Ce mercredi, la 1ère surprise est venue de Nîmes éliminé dans sa salle par Toulouse qui a mieux négocié le money-time (33-34). En revanche, qualification pour les quarts plus aisée pour Dunkerque qui s'est imposé face à Pays d'Aix (31-26) avec une belle prestation d'Alexandre Demaille, le nouveau gardien nordiste (11 arrêts à 50%).