La loi avait fait parler il y a cinq ans. La Croatie, à la pointe de la prévention routière, instaurait alors la sobriété totale en matière de conduite. Fi de l'hypocrisie des Français donneurs de leçons, et de leurs 0,5 g autorisés en forme de faux-fuyants. Chez les Croates, qu'on se le dise, au diable les demi-mesures : au volant, pas d'alcool. Un point, c'est tout.
L'échelle des sanctions ne donnait à personne l'envie d'oser le moindre petit verre. Une goulée de panaché respirait le crime à plein nez. Une bière méritait le quartier d'isolement. Et une deuxième valait à son buveur rien moins que l'opprobre national.
Mais les vignerons veillaient. En douce, par petites touches, poignée de main après poignée de main, ils ont approché et convaincu les élus de tous bords : comment inviter les touristes à déguster les produits de nos terroirs si c'est pour les verbaliser au premier virage en sortant du domaine ?
Et les vignerons ont fini par arriver à leurs fins, les élus fini par basculer : en juin 2008, la limite autorisée est repassée à 0,5 g. L'imminence de la saison estivale et ses millions de touristes ? Celle du Mondial de handball et ses centaines de journalistes bringueurs ? On ne le saura jamais. Aujourd'hui, en Croatie, il est toujours déconseillé de prendre le volant si l'on a bu un verre. Mais on peut finir le deuxième d'abord.