Au tout début de la Gajeva Ulica, une ruelle qui s'élance depuis les rails de tramway qui zèbrent la Trg Bana Jelacica, une vingtaine de chalets en bois sont sagement alignés, dépliant leurs étals.
L'ambiance est alsacienne. Le vin chaud à la cannelle bouillonne dans une épaisse marmite en fonte, titillant les narines des promeneurs. Et le vent vif et froid qui fouette Zagreb est son meilleur argument commercial, sa publicité la plus efficace.
Plus loin, des pains d'épice, des friandises, des bouteilles de slivovica, l'envoûtante eau de vie croate. Et tout un arsenal de souvenirs et de petits cadeaux aussi charmants qu'inutiles : des cœurs rouges pendent au bout d'une cordelette en déclarant leur flamme à Zagreb, des napperons en dentelle attendent impatiemment de s'immiscer sous un plat, sous un bibelot, des poupées blondes exhibent fièrement leur maillot au damier rouge et blanc siglé Hrvatska.
Le décalage horaire est énorme entre la France et la Croatie. Quand les grands boulevards Paris s'agitent pour les soldes, les ruelles de Zagreb sont restées bloquées à Noël.