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Grace Songa Shokkos, de la N1 au Mondial

Mondial

mercredi 9 décembre 2015 - © Laurent Hoppe

 4 min 36 de lecture

Quarante-huit heures après un match bien pauvre face à l'Argentine, l'équipe de France aspire à remettre de l'ordre dans son jeu face à la République Démocratique du Congo, jeudi. Une sélection atypique où figure Grace Songa Shokkos. De Bois-Colombes à Kolding, via son club actuel de Plan-de-Cuques, la meneuse de jeu binationale raconte de l’intérieur l'histoire des vice-championnes d'Afrique.

Pour le second samedi de suite, Grace Songa Shokkos sera éloignée de ses coéquipières de Plan-de-Cuques. La demi-centre de 23 ans (1,73 m, 61 kg) fera faux bond à Antibes, où jouera ce week-end le solide leader de la poule méridionale de Nationale 1, pour une noble cause. Un impondérable plutôt inattendu en Troisième division. Elle dispute le Championnat du monde, avec la République Démocratique du Congo. Au sein de la sélection la plus francophile du tournoi, derrière les Bleues et l'Espagne (8 représentantes), dont la moitié des joueuses évoluent dans l'Hexagone, de la LFH à la Nationale 3.

« Notre équipe est divisée en deux, portraitise notre guide. Une partie évolue en Europe, l’autre en Afrique. Toutes celles qui évoluent en France (sept sur seize) sont en D1 (l’ailière Simone Thiéro, à Toulon), en D2 (Aurélie Luhaka, arrière gauche du Havre), en N1 (outre Songa, Clémence Matutu officie à Angoulême et Patricia Mayoulou à Vesoul)… » Diane Louoba est gardienne de but à Aubervilliers (N2), Constance Louoba ordonne le jeu du Mans, en N3. Une telle représentation, à chaque strate de la pyramide nationale, est sans équivalent autour du globe (*). « On peut s’en étonner, mais nous jouons pour une nation qui commence à se faire connaître dans la planète handball, rétorque Grace Songa Shokkos. On fait avec les moyens du bord, sachant que très peu de joueuses qui évoluent en D1. »

Deux autres expatriées s’y sont illustrées, dans un passé proche. Luiza Makubanza, gardienne de but, était l’une des pionnières nantaises en LFH (2013-14). Christiane Mwasesa, qui a réussi cette année le doublé Championnat-coupe d’Angola avec Primero Agosto (entité omnisports de la capitale, Luanda), a écrit l’histoire de Toulon/Saint-Cyr en lettres dorées, entre 2009 et 2014. On ne s’aventure pas trop en affirmant que Thierry Vincent, le coach varois et observateur privilégié du Mondial, s’installera ce jeudi dans les tribunes de Kolding…

Le vice-champion d’Afrique 2014, managé par Célestin Mpoua Akua, « est en transition, avec des filles d’expérience et des jeunes qui font leur place doucement. Je me place dedans, glisse malicieusement Shokkos. Notre force première est le mental et l’agressivité. Notre philosophie consiste à vivre tous les moments à fond avec nos armes. » Moins perfectionnées que celles des nations de pointe, certes, mais suffisantes pour garder un rond de serviette dans le gotha. « C’est vraiment une chance extraordinaire, insiste la meneuse de jeu. J’essaie de profiter de chaque instant. Je m’en rendrai compte quand je serai maman et que je raconterai ça à mes enfants » s’esclaffe-t-elle.

A sa descendance, la fille de Bois-Colombes, ville des Hauts-de-Seine où elle a découvert le jeu à sept à l’âge de huit ans, pourra conter dans le détail son stage façon joint-venture. « Les moyens étant limités, la Fédération a délégué notre préparation à la fédération tunisienne, qui nous a très bien accueillie à partir du 16 novembre. » Elle décrira par le menu les petits déjeuners aux aurores, les deux matchs face au pays qui l’a vu naître et grandir. Son premier France – RDC remonte au 7 décembre 2013, au premier jour du Mondial serbe. Un souvenir impérissable, quand bien même la France d’Alain Portes s’était promenée (31-13) et l’ancienne Lommoise et Poitevine en difficulté (0/5 au tir). « Que le temps passe vite… C’était un moment très fort de ma carrière, car mon cœur est partagé. Mais j’en tire du positif, car tout ce qui se passe est une vraie chance. » Pour le face-à-face à venir, « l’objectif est évidement de faire mieux qu’en 2013. » Une assertion valable aussi pour le ranking final. « Finir au-dessus de la vingtième place (le classement d’il y a deux ans) serait déjà une grande progression pour nous. »

Les trois revers concédés jusqu’à présent en phase de groupes (15-23 contre l’Argentine, 11-26 devant les tenantes du titre brésiliennes, 17-35 mardi contre la Corée du Sud) ne compromettent pas le projet de la RDC, appelé à prendre corps en seconde semaine. « Nous n’avons pas à rougir de nos performances. Nous sommes là pour apprendre, et nous avons déjà appris. Les résultats sont sensiblement meilleurs que lors de notre première sortie mondiale. » L’enthousiasme de Grace Songa Shokkos, son envie d’être digne de l’Etat dont elle défend les couleurs depuis 2010, en juniors puis en seniors (nombre de sélections A inconnu), sont inaltérables. « Porter le maillot de la sélection, écouter l’hymne national, c'est une fierté vis-à-vis de ma famille d’ici et d'ailleurs, et par rapport à tous les gens qui me suivent de près ou de loin. » A Bois-Colombes, à Plan-de-Cuques, ils sont légion.
 
(*) Marta Mangué (Espagne, Brest) est la seule autre Mondialiste de France à évoluer ailleurs qu’en LFH. Trente joueuses en compétition jouent dans l’Hexagone, dont douze des dix-sept Françaises.
 
Les stats de Grace Songa Shokkos au Danemark : 7 buts en 3 matches (à 58 %). 1 passe décisive, 9 balles perdues, 1 exclusion. 105 minutes jouées sur 180 possibles.

Grace Songa Shokkos, de la N1 au Mondial 

Mondial

mercredi 9 décembre 2015 - © Laurent Hoppe

 4 min 36 de lecture

Quarante-huit heures après un match bien pauvre face à l'Argentine, l'équipe de France aspire à remettre de l'ordre dans son jeu face à la République Démocratique du Congo, jeudi. Une sélection atypique où figure Grace Songa Shokkos. De Bois-Colombes à Kolding, via son club actuel de Plan-de-Cuques, la meneuse de jeu binationale raconte de l’intérieur l'histoire des vice-championnes d'Afrique.

Pour le second samedi de suite, Grace Songa Shokkos sera éloignée de ses coéquipières de Plan-de-Cuques. La demi-centre de 23 ans (1,73 m, 61 kg) fera faux bond à Antibes, où jouera ce week-end le solide leader de la poule méridionale de Nationale 1, pour une noble cause. Un impondérable plutôt inattendu en Troisième division. Elle dispute le Championnat du monde, avec la République Démocratique du Congo. Au sein de la sélection la plus francophile du tournoi, derrière les Bleues et l'Espagne (8 représentantes), dont la moitié des joueuses évoluent dans l'Hexagone, de la LFH à la Nationale 3.

« Notre équipe est divisée en deux, portraitise notre guide. Une partie évolue en Europe, l’autre en Afrique. Toutes celles qui évoluent en France (sept sur seize) sont en D1 (l’ailière Simone Thiéro, à Toulon), en D2 (Aurélie Luhaka, arrière gauche du Havre), en N1 (outre Songa, Clémence Matutu officie à Angoulême et Patricia Mayoulou à Vesoul)… » Diane Louoba est gardienne de but à Aubervilliers (N2), Constance Louoba ordonne le jeu du Mans, en N3. Une telle représentation, à chaque strate de la pyramide nationale, est sans équivalent autour du globe (*). « On peut s’en étonner, mais nous jouons pour une nation qui commence à se faire connaître dans la planète handball, rétorque Grace Songa Shokkos. On fait avec les moyens du bord, sachant que très peu de joueuses qui évoluent en D1. »

Deux autres expatriées s’y sont illustrées, dans un passé proche. Luiza Makubanza, gardienne de but, était l’une des pionnières nantaises en LFH (2013-14). Christiane Mwasesa, qui a réussi cette année le doublé Championnat-coupe d’Angola avec Primero Agosto (entité omnisports de la capitale, Luanda), a écrit l’histoire de Toulon/Saint-Cyr en lettres dorées, entre 2009 et 2014. On ne s’aventure pas trop en affirmant que Thierry Vincent, le coach varois et observateur privilégié du Mondial, s’installera ce jeudi dans les tribunes de Kolding…

Le vice-champion d’Afrique 2014, managé par Célestin Mpoua Akua, « est en transition, avec des filles d’expérience et des jeunes qui font leur place doucement. Je me place dedans, glisse malicieusement Shokkos. Notre force première est le mental et l’agressivité. Notre philosophie consiste à vivre tous les moments à fond avec nos armes. » Moins perfectionnées que celles des nations de pointe, certes, mais suffisantes pour garder un rond de serviette dans le gotha. « C’est vraiment une chance extraordinaire, insiste la meneuse de jeu. J’essaie de profiter de chaque instant. Je m’en rendrai compte quand je serai maman et que je raconterai ça à mes enfants » s’esclaffe-t-elle.

A sa descendance, la fille de Bois-Colombes, ville des Hauts-de-Seine où elle a découvert le jeu à sept à l’âge de huit ans, pourra conter dans le détail son stage façon joint-venture. « Les moyens étant limités, la Fédération a délégué notre préparation à la fédération tunisienne, qui nous a très bien accueillie à partir du 16 novembre. » Elle décrira par le menu les petits déjeuners aux aurores, les deux matchs face au pays qui l’a vu naître et grandir. Son premier France – RDC remonte au 7 décembre 2013, au premier jour du Mondial serbe. Un souvenir impérissable, quand bien même la France d’Alain Portes s’était promenée (31-13) et l’ancienne Lommoise et Poitevine en difficulté (0/5 au tir). « Que le temps passe vite… C’était un moment très fort de ma carrière, car mon cœur est partagé. Mais j’en tire du positif, car tout ce qui se passe est une vraie chance. » Pour le face-à-face à venir, « l’objectif est évidement de faire mieux qu’en 2013. » Une assertion valable aussi pour le ranking final. « Finir au-dessus de la vingtième place (le classement d’il y a deux ans) serait déjà une grande progression pour nous. »

Les trois revers concédés jusqu’à présent en phase de groupes (15-23 contre l’Argentine, 11-26 devant les tenantes du titre brésiliennes, 17-35 mardi contre la Corée du Sud) ne compromettent pas le projet de la RDC, appelé à prendre corps en seconde semaine. « Nous n’avons pas à rougir de nos performances. Nous sommes là pour apprendre, et nous avons déjà appris. Les résultats sont sensiblement meilleurs que lors de notre première sortie mondiale. » L’enthousiasme de Grace Songa Shokkos, son envie d’être digne de l’Etat dont elle défend les couleurs depuis 2010, en juniors puis en seniors (nombre de sélections A inconnu), sont inaltérables. « Porter le maillot de la sélection, écouter l’hymne national, c'est une fierté vis-à-vis de ma famille d’ici et d'ailleurs, et par rapport à tous les gens qui me suivent de près ou de loin. » A Bois-Colombes, à Plan-de-Cuques, ils sont légion.
 
(*) Marta Mangué (Espagne, Brest) est la seule autre Mondialiste de France à évoluer ailleurs qu’en LFH. Trente joueuses en compétition jouent dans l’Hexagone, dont douze des dix-sept Françaises.
 
Les stats de Grace Songa Shokkos au Danemark : 7 buts en 3 matches (à 58 %). 1 passe décisive, 9 balles perdues, 1 exclusion. 105 minutes jouées sur 180 possibles.

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