Quelques jours avant la LNH, le championnat espagnol débute ce week-end. Si la suprématie du FC Barcelone ne fait aucun doute, les places d'honneur seront très disputées. Décryptage d'une épreuve qui a perdu de sa valeur avec l'ancien Toulousain Gonzalo Perez de Vargas et l'histoire d'un nouveau venu en Asobal, le Français Fabien Brive. 

par Yves MICHEL

L'Asobal est un championnat à deux vitesses. Avec le FC Barcelone tout en haut et puis les autres. Même sans Nikola Karabatic qui a fait le chemin inverse du Croate Marko Kopljar mais avec le Tchèque Filip Jicha, le champion catalan est encore bien parti pour se succéder à lui même. Voilà cinq années de suite que les récents vainqueurs de la Ligue des Champions tiennent le haut du pavé de la Ligue Espagnole. Voilà deux saisons qu'ils terminent invaincus (30 succès en autant de matches). Alors que vont-ils laisser à leurs adversaires ? Pas grand chose puisque lors du précédent exercice, ils ont tout raflé (Liga, Coupe du Roi, Coupe Asobal et Supercoupe d'Espagne).

Quinze autres équipes chercheront à décrocher les accessits comme la 2ème place en Ligue des Champions ou l'un des trois tickets pour la coupe de l'EHF. A l'intersaison, Abanca Leon a mis un coup de balai dans son effectif en changeant d'entraîneur et en recrutant dix nouveaux joueurs parmi lesquels l'ancien ailier de Barcelone, Juanin Garcia qui revient dans le club de ses débuts. Autre valeur sûre de l'Asobal, la Rioja Logroño. L'équipe a certes perdu quelques bons éléments mais a attiré dans ses filets l'ancien montpelliérain Cristian Malmagro, au moins pour la phase aller, le temps de la guérison du Serbe Stefan Terzic, transfuge du Vardar Skopje et qui s'est blessé au genou. Granollers réputé pour sa formation et qui se fait régulièrement piller d'une année sur l'autre ne sera pas loin du sommet. La formation catalane a du toutefois encaisser le départ tardif de son arrière gauche Juan Del Arco (24 ans) tenté par une aventure plus lucrative au Qatar (Al Jaish). Guadalajara peut à son tour espérer se retrouver aux avant-postes. Surtout après le transfert de la "Légende" José Javier Hombrados. A 43 ans, l'ancien portier de la "Roja" qui ces dernières années avaient bifurqué par le Qatar et l'Allemagne (à Wetzlar, le club de Guillaume Joli) rentre au pays. Son expérience sera un atout majeur de l'équipe castillane. Quelles seront les bonnes surprises du championnat comme la saison écoulée, Anaitasuna et Cangas ?



Gonzalo Perez de V.: "Niko avait beaucoup de volume dans notre jeu"

La saison passée, après avoir excellé dans les cages toulousaines, Gonzalo Perez de Vargas est rentré à la maison mère, au FC Barcelone. Il a activement participé à la razzia catalane et a même prolongé son contrat jusqu'en 2020. Figure du Top 3 des meilleurs gardiens du dernier Mondial au Qatar (avec le même taux de réussite qu'Omeyer), le Barcelonais reste convaincu que cette année, le "Barça" aura fort à faire en Europe face à la menace parisienne.

En Asobal, on connaît déjà le champion...
Compte tenu de l'équipe et du budget qu'on a, c'est un objectif de tout gagner au niveau national. On veut aussi le SuperGlobe et la Coupe d'Europe.

Le niveau de l'Asobal a baissé, est ce un handicap quand on joue l'Europe ?
La LNH et la Bundesliga sont devant, c'est vrai par contre on a plus le temps de se reposer et de faire tourner l'effectif, ce qui n'est pas possible dans les autres championnats. Ce n'est pas un désavantage puisque la saison passée, on a remporté la Ligue des Champions. Avec la nouvelle formule et l'augmentation des matches européens, ça va même nous aider.

Le FC Barcelone est moins fort sans Nikola Karabatic ?
Niko avait beaucoup de volume dans notre jeu mais de notre côté, je pense que le recrutement est bon. Filip (Jicha) est un très grand joueur qui peut nous aider à faire oublier Niko, même si ça va être dur. Avec lui, Noka, Luka et les autres, le PSG se rajoute à la liste des favoris pour accéder au Final Four.  

Derrière le Barça, peut-il y avoir des surprises en Asobal ?
En principe, par rapport à la saison dernière, on va retrouver Logroño et Granollers mais il ne faudra pas oublier Leon qui a fait un gros recrutement.

Et le retour d'Hombrados ? A 43 ans, cela te laisse de l'espoir...
Il a toujours l'envie de jouer... C'est surtout dans sa tête que ça se passe, il va mener de front une activité professionnelle et le handball donc je pense qu'il sera surtout présent lors des matches les plus importants. 

Un 1er titre... déjà !

Ce mercredi, Barcelone a bien débuté la saison. Les "Blaugrana" se sont adjugés la Super Coupe d'Espagne en battant non sans mal, Granollers (26-23). Si le match a été très serré, les gardiens de buts des deux équipes y sont pour beaucoup. Côté barcelonais, Gonzalo Perez de Vargas a été le plus en vue avec 18 parades (43,9% de réussite).



Fabien Brive, "El Francés de Benidorm"

Jusque-là, Benidorm était surtout connu pour ses plages de sable fin et sa vie nocturne qui attirent des milliers de fêtards. Pourtant ce tumulte ambiant n’a pas découragé un handballeur français. Fabien Brive a débarqué voilà quelques semaines sur la "Costa Blanca" en provenance de Nice (Nationale 1) et à 29 ans, le Val d’Oisien d’origine tente un pari un peu fou. «En fait, c’est Edu Fernandez (ancien pivot de Chambéry, Valladolid et Atletico Madrid) avec qui je jouais au Cavigal (le club de Xavier Barachet à ses débuts) qui m’a présenté à l’entraîneur de Benidorm. A plusieurs reprises, il est venu assister à des matches et m’a proposé de m’engager pour une saison. J’ai pesé le pour et le contre et je me suis dit qu’à mon âge, l’occasion de vivre une telle aventure ne se reproduirait plus jamais. Donc j’ai foncé. » Issu d’une famille de handballeurs (son père a marqué les grandes heures d’Asnières dans les années 80 avant la fusion avec Paris), Fabien est tombé dans la marmite lorsqu’il avait 6 ans. Il ne sera jamais repéré par la filière fédérale, un éducateur bien avisé (encore un !) ayant décrété qu’il était bien trop petit pour son âge (il mesure aujourd’hui 1.99 m). De fait, le handball ne peut être pour lui qu'un loisir et à l'époque, il ne connaîtra jamais le très haut niveau. « Je n’ai pas de regrets par rapport à ça. La proposition en Espagne n’est pas autre chose qu’une opportunité. A la rigueur, la seule déception, c’est de ne pas être monté en pro D2 avec Nice la saison dernière. » La déception n’est que passagère, Fabien n’est pas du genre à s'attarder sur le passé. Le hand est sa gourmandise, le sport son exutoire. Au point même d'en faire son métier et obtenir un master en STAPS, un brevet d’état option "handball" et une licence en management, de quoi donc assurer ses arrières et la reconversion. «Je plonge un peu dans l’inconnu. Si ça marche, tant mieux, dans le cas contraire, je retournerai en France.»  A Asnières puis à Nice, Fabien a toujours été reconnu pour ses qualités de shooteur mais en Asobal, sa vivacité et sa mobilité pourront être utiles en défense centrale. « A moi de m’étoffer physiquement et d’améliorer mon travail autour du pivot. Ici plus qu’en France, c’est fondamental. Mais je suis ultra motivé, l’équipe nourrit quelques ambitions et les 1ères impressions sont excellentes. » L’arrière tricolore arrive dans une formation qui l’an dernier pour sa découverte de l’élite a terminé à une très encourageante 6ème place avec le même total de points (32) que Cangas. A quelques buts près, elle aurait même pu se qualifier pour la coupe EHF. «Même si la Liga n’est plus ce qu’elle était, même si la crise économique se fait encore sentir, ce sera de toute façon une dimension différente à ce que j’ai connu en France. Le coach me fait confiance, à moi désormais de lui rendre la monnaie. » Installé en famille à l’écart du brouhaha estival, le jeune papa espère que l’expérience sera convaincante et qu’elle se prolongera plus longtemps que prévu. Ce samedi, Benidorm amorcera la nouvelle saison face à l’un des promus, le Go Fit Santander. Mais le grand rendez-vous, face au cannibale barcelonais d'un certain Cédric Sorhaindo est programmé neuf journées plus tard, à la mi-novembre. 


                                                   Albert Rocas (Naturhouse La Rioja)

Les principaux mouvements d'intersaison

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