bandeau handzone

Mondial Masc: Le Qatar, la fin d'un mythe ?

Mondial

dimanche 22 janvier 2017 - © Yves Michel

 5 min 40 de lecture

Ce dimanche à 18h00, à l’Accor Arena de Paris Bercy, le Qatar joue son avenir international en 8èmes de finale face à l’Allemagne. L’affiche est alléchante entre le vice champion du Monde et le champion d’Europe en titre mais n’est-elle pas déséquilibrée ? L’équipe de Bertrand Roiné a perdu quelques éléments en route et semble en bout de course. La fin du mythe ?

A Paris, Yves MICHEL

La scène se déroule il y a un peu plus d’un an à Paris-Bercy. A l’occasion de l’étape crépusculaire (il n’y en aura pas d’autres derrière) de la Golden League masculine. Le Qatar vient de s’imposer pour la 1ère fois de son histoire (25-28) face à une équipe de France rajeunie et pour manifester sa joie, improvise une danse comme si ces joueurs venus d’un  peu partout venaient de remporter une compétition majeure. Douze mois plus tard, les temps ont bien changé. Sept des 16 éléments sacrés vice-champions du monde en 2015 sont aux abonnés absents. Certains sont blessés, d’autres ont quitté la péninsule et sont repartis dans leur pays d’origine. A l’époque, les Stojanovic, Memisevic ou l’ancien Nantais Borja Fernandez avaient posé leurs valises à Doha pour le dépaysement mais surtout pour la monnaie sonnante et trébuchante que l’émir avait consenti à leur verser.  Le buteur Markovic lui, n’a pas eu les faveurs du sélectionneur Valero Rivera. Amputé d’une partie de ses meilleurs éléments, le Qatar est redevenu une sélection exotique qui ne fait plus peur. Les débuts dans ce Mondial à Paris sont plutôt chaotiques. Certes, les handballeurs qataris se sont qualifiés pour les 8èmes mais en battant une bien faible Argentine et  un Bahrein aux moyens limités mais se sont inclinés face à l’Egypte, la Suède et le Danemark. Classé 4ème, le Qatar affrontera l’Allemagne. Autant dire une montagne. Si le groupe qatari a été remanié et rajeuni avec des joueurs du cru, Bertrand Roiné (notre photo de tête) qui le 17 février prochain fêtera ses 36 ans, est resté. Arrivé pendant l’été 2012 pour évoluer au sein du club de  Lekhwiya, (où il est toujours) l’ancien chambérien champion du monde avec la France en 2011 a attendu trois années avant d’obtenir la double nationalité.

Bertrand, le Qatar qu’on avait connu est un peu l’ombre de lui-même…
Pfffff… on sait que c’est compliqué même si en venant ici, l’objectif était de se qualifier pour les 8èmes.

On a l’impression que rien n’a changé en 2 ans, que personne n’a évolué.
Je ne sais pas trop. Pourtant, on continue à disputer des tournois de haut niveau, à bien s’entraîner. En fait, on ne joue pas assez relâchés. On ne joue pas comme il y a six mois même si on peut expliquer cela par les défections qu’on a eues par rapport aux blessés et ceux qui ont arrêté. On se met peut-être trop de pression en se disant qu’il faut faire bonne figue tout le temps.

Ce statut de vice-champion du Monde n’est-il pas trop lourd à porter ?
Peut-être, peut-être… au début, oui et non parce qu’on a fait des bons matches, on a été jouer en Allemagne, on perd le 1er match, on gagne le second, on bat deux fois la Pologne mais je pense qu’ici sur ce Mondial, on se met trop de poids sur les épaules.

Est-ce que cela n’est pas tout simplement, le début de la fin ?
Comme je dis à chaque fois, on n’a pas pris Mikkel Hansen, ni Nikola Karabatic, je ne dis pas qu’on est… des truffes (sic)… Chaque fois, la question est posée, je comprends que cela en dérange certains, je pense même à titre personnel que le règlement devrait être changé parce que trois ans, ce n’est peut-être pas assez. On est beaucoup critiqué aussi parce qu’on est le Qatar et qu’on dérange un peu, je me rappelle qu’au précédent Mondial, il y avait l’Autriche avec de nombreux naturalisés et personne ne l’a relevé.  On pointe du doigt le Qatar mais que dire du rugby ou de l’athlétisme français ?

La vie au Qatar, c’est si génial que cela ?
Ah mais moi, je me sens bien là-bas. Je vais avoir bientôt 36 ans et si je peux encore jouer une ou deux saisons de plus, je ne m’en priverai pas. Avec ma famille, on est vraiment très bien installé.


L'Espagnol Valero Rivera est toujours l'entraîneur du Qatar mais pour combien de temps ?

Tu regardes quand même ce que fait l’équipe de France, non ?
Bien-sûr ! Je suis né en France, je la remercie pour tout, c’est ici que j’ai été formé, mes premiers coaches, il ne faut pas croire que j’ai tout oublié. Je regarde les matches des Bleus, je suis content pour eux parce qu’ils font un super parcours, ils ont toujours fait partie des favoris, avec des jeunes qui sont bien entrés dans la compétition. S’ils gagnent ce championnat du Monde, je serai content pour eux, comme je l’étais au Qatar même s’il y avait la déception d’avoir perdu la finale.

D’un point de vue émotionnel, c’est fort de jouer ce Mondial en France ?
Non pas plus que cela… Je suis venu jouer ici, plusieurs fois en Golden League, les supporters m’accueillent très bien, ils scandent mon nom, ils m’encouragent, je prends énormément de plaisir quand je les entends.

Est-ce que ce Mondial est ta dernière compétition internationale ?
Franchement, je n’en sais rien, je prends ce qu’il y a à prendre et surtout chaque compét, une par une. La prochaine dans un an, ce sont les championnats d’Asie, on verra où cela me mène.

Cédric Paty qui est de ta génération a lui, tout arrêté…
Oui mais enfin lui, il a de vieux genoux, c’est pour ça  (rires). Mais c’est vrai, je sens que j’arrive à la fin, mon corps joue moins vite mais tant que je prends du plaisir, si le coach a besoin de moi… pourquoi pas. Déjà aux Jeux, je pensais que c’était l’ultime épreuve à laquelle je participais, je venais d’accomplir mon rêve de gamin et puis j’ai repris avec la sélection. Cela a été dur et en retrouvant du rythme, j’ai continué.

Est-ce utopique d’envisager le Qatar en finale ?
Pas utopique… je dirai… compliqué. Il y a des équipes comme l’Allemagne (son futur adversaire en 8ème) qui maîtrisent mieux que nous la situation, on n’a pas d’historique par rapport au haut niveau, la France a mis du temps avant de monter sur les 1ers podiums. On est loin de tout ça, il y a des jeunes qui sont avec nous, j’espère que cela va pousser et que le Qatar restera parmi les meilleurs.

Mondial Masc: Le Qatar, la fin d'un mythe ?  

Mondial

dimanche 22 janvier 2017 - © Yves Michel

 5 min 40 de lecture

Ce dimanche à 18h00, à l’Accor Arena de Paris Bercy, le Qatar joue son avenir international en 8èmes de finale face à l’Allemagne. L’affiche est alléchante entre le vice champion du Monde et le champion d’Europe en titre mais n’est-elle pas déséquilibrée ? L’équipe de Bertrand Roiné a perdu quelques éléments en route et semble en bout de course. La fin du mythe ?

A Paris, Yves MICHEL

La scène se déroule il y a un peu plus d’un an à Paris-Bercy. A l’occasion de l’étape crépusculaire (il n’y en aura pas d’autres derrière) de la Golden League masculine. Le Qatar vient de s’imposer pour la 1ère fois de son histoire (25-28) face à une équipe de France rajeunie et pour manifester sa joie, improvise une danse comme si ces joueurs venus d’un  peu partout venaient de remporter une compétition majeure. Douze mois plus tard, les temps ont bien changé. Sept des 16 éléments sacrés vice-champions du monde en 2015 sont aux abonnés absents. Certains sont blessés, d’autres ont quitté la péninsule et sont repartis dans leur pays d’origine. A l’époque, les Stojanovic, Memisevic ou l’ancien Nantais Borja Fernandez avaient posé leurs valises à Doha pour le dépaysement mais surtout pour la monnaie sonnante et trébuchante que l’émir avait consenti à leur verser.  Le buteur Markovic lui, n’a pas eu les faveurs du sélectionneur Valero Rivera. Amputé d’une partie de ses meilleurs éléments, le Qatar est redevenu une sélection exotique qui ne fait plus peur. Les débuts dans ce Mondial à Paris sont plutôt chaotiques. Certes, les handballeurs qataris se sont qualifiés pour les 8èmes mais en battant une bien faible Argentine et  un Bahrein aux moyens limités mais se sont inclinés face à l’Egypte, la Suède et le Danemark. Classé 4ème, le Qatar affrontera l’Allemagne. Autant dire une montagne. Si le groupe qatari a été remanié et rajeuni avec des joueurs du cru, Bertrand Roiné (notre photo de tête) qui le 17 février prochain fêtera ses 36 ans, est resté. Arrivé pendant l’été 2012 pour évoluer au sein du club de  Lekhwiya, (où il est toujours) l’ancien chambérien champion du monde avec la France en 2011 a attendu trois années avant d’obtenir la double nationalité.

Bertrand, le Qatar qu’on avait connu est un peu l’ombre de lui-même…
Pfffff… on sait que c’est compliqué même si en venant ici, l’objectif était de se qualifier pour les 8èmes.

On a l’impression que rien n’a changé en 2 ans, que personne n’a évolué.
Je ne sais pas trop. Pourtant, on continue à disputer des tournois de haut niveau, à bien s’entraîner. En fait, on ne joue pas assez relâchés. On ne joue pas comme il y a six mois même si on peut expliquer cela par les défections qu’on a eues par rapport aux blessés et ceux qui ont arrêté. On se met peut-être trop de pression en se disant qu’il faut faire bonne figue tout le temps.

Ce statut de vice-champion du Monde n’est-il pas trop lourd à porter ?
Peut-être, peut-être… au début, oui et non parce qu’on a fait des bons matches, on a été jouer en Allemagne, on perd le 1er match, on gagne le second, on bat deux fois la Pologne mais je pense qu’ici sur ce Mondial, on se met trop de poids sur les épaules.

Est-ce que cela n’est pas tout simplement, le début de la fin ?
Comme je dis à chaque fois, on n’a pas pris Mikkel Hansen, ni Nikola Karabatic, je ne dis pas qu’on est… des truffes (sic)… Chaque fois, la question est posée, je comprends que cela en dérange certains, je pense même à titre personnel que le règlement devrait être changé parce que trois ans, ce n’est peut-être pas assez. On est beaucoup critiqué aussi parce qu’on est le Qatar et qu’on dérange un peu, je me rappelle qu’au précédent Mondial, il y avait l’Autriche avec de nombreux naturalisés et personne ne l’a relevé.  On pointe du doigt le Qatar mais que dire du rugby ou de l’athlétisme français ?

La vie au Qatar, c’est si génial que cela ?
Ah mais moi, je me sens bien là-bas. Je vais avoir bientôt 36 ans et si je peux encore jouer une ou deux saisons de plus, je ne m’en priverai pas. Avec ma famille, on est vraiment très bien installé.


L'Espagnol Valero Rivera est toujours l'entraîneur du Qatar mais pour combien de temps ?

Tu regardes quand même ce que fait l’équipe de France, non ?
Bien-sûr ! Je suis né en France, je la remercie pour tout, c’est ici que j’ai été formé, mes premiers coaches, il ne faut pas croire que j’ai tout oublié. Je regarde les matches des Bleus, je suis content pour eux parce qu’ils font un super parcours, ils ont toujours fait partie des favoris, avec des jeunes qui sont bien entrés dans la compétition. S’ils gagnent ce championnat du Monde, je serai content pour eux, comme je l’étais au Qatar même s’il y avait la déception d’avoir perdu la finale.

D’un point de vue émotionnel, c’est fort de jouer ce Mondial en France ?
Non pas plus que cela… Je suis venu jouer ici, plusieurs fois en Golden League, les supporters m’accueillent très bien, ils scandent mon nom, ils m’encouragent, je prends énormément de plaisir quand je les entends.

Est-ce que ce Mondial est ta dernière compétition internationale ?
Franchement, je n’en sais rien, je prends ce qu’il y a à prendre et surtout chaque compét, une par une. La prochaine dans un an, ce sont les championnats d’Asie, on verra où cela me mène.

Cédric Paty qui est de ta génération a lui, tout arrêté…
Oui mais enfin lui, il a de vieux genoux, c’est pour ça  (rires). Mais c’est vrai, je sens que j’arrive à la fin, mon corps joue moins vite mais tant que je prends du plaisir, si le coach a besoin de moi… pourquoi pas. Déjà aux Jeux, je pensais que c’était l’ultime épreuve à laquelle je participais, je venais d’accomplir mon rêve de gamin et puis j’ai repris avec la sélection. Cela a été dur et en retrouvant du rythme, j’ai continué.

Est-ce utopique d’envisager le Qatar en finale ?
Pas utopique… je dirai… compliqué. Il y a des équipes comme l’Allemagne (son futur adversaire en 8ème) qui maîtrisent mieux que nous la situation, on n’a pas d’historique par rapport au haut niveau, la France a mis du temps avant de monter sur les 1ers podiums. On est loin de tout ça, il y a des jeunes qui sont avec nous, j’espère que cela va pousser et que le Qatar restera parmi les meilleurs.

Dans la même rubrique

  1 2 3 4