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Mondial France-Slovénie: Fabrégas-Gaber, le duel majuscule

Mondial

mercredi 25 janvier 2017 - © Yves Michel

 7 min 40 de lecture

Les Bleus ont retrouvé Paris et surtout Bercy où ce jeudi soir (21h), ils affrontent la Slovénie en demi-finale du championnat du Monde. En vieil habitué, du haut de ses 20 ans, Ludovic Fabrégas participera à la fête sans que cela ne le perturbe. Le pivot international qui retrouvera face à lui Matej Gaber avec qui il a partagé le même poste à Montpellier, est d'une régularité exemplaire depuis le début de la compétition.

A Paris, de notre envoyé spécial Yves MICHEL

Le temps qui passe n’a aucune prise sur Ludovic Fabrégas. Le pivot de l’équipe de France aurait pu s’enflammer, se perdre dans l’immensité de cette salle hors normes de Lille, il n’en a rien été, bien au contraire. A peine 20 ans sur sa carte d’identité et son ascension est fulgurante, tant en club qu’en France A. « Il est dans la continuité de sa progression, confirme Patrice Canayer. Très convaincant dans ce qu’il fait, aussi bien dans le secteur défensif qu’offensif. Emotionnellement, il tient bien le choc. Il a un avantage par rapport à beaucoup de joueurs, c’est qu’il apprend vite et il retient vite les leçons. Je me rappelle, l’an passé contre Flensburg, il avait disjoncté et s’était pris un rouge et on avait vu qu’il s’était laissé emporté. Et il est capable de rapidement rectifier le tir. » Et l’entraîneur du Montpellier Handball ne peut être que ravi de récupérer dans quelques jours, un élément qui aura fait le plein de confiance et qui aura franchi un nouveau cap. "Chiqui" (du surnom attribué par Didier Dinart) donne l’impression de rester insensible aux compliments et louanges. « Je ne cherche pas à attirer la lumière sur moi, martèle "Ludo", je me bats tout simplement pour l’équipe, je me fais énormément plaisir et je vis des émotions de "ouf". J'ai 20 ans, on a vécu pour le moment, une très belle aventure, on s'ouvre la porte justement pour aller chercher une médaille. Maintenant, il y a quatre équipes et on peut finir au pied du podium donc on va éviter ça et préparer au mieux ce rendez-vous face à la Slovénie.» A l’âge du Montpelliérain, Guéric Kervadec, le pivot des Barjots du titre mondial de 1995 n’était pas encore en sélection. Retiré du haut niveau depuis trois ans, l’ancien Cristolien apprécie à leur juste valeur les performances du jeune international. «Il m’épate car il dégage une vraie force, une sérénité et il commence à devenir une pièce essentielle de l’équipe de France. Il maîtrise beaucoup de choses sur ce poste de pivot. La prise de balle, la position, sa gamme de shoots, il n’est pas du tout stéréotypé et défensivement, c’est la même chose. » Le Catalan, 37 sélections au compteur, est celui qui a le meilleur pourcentage de réussite chez les Bleus (93% avec seulement 2 tirs loupés) mais surtout avec 4h52 de temps de jeu, celui qui a été le plus utilisé dans l’effectif.

 

Juste devant Nikola Karabatic et Valentin Porte. Ce qui n’était vraiment pas prévu au départ puisqu’aux côtés de Cédric Sorhaindo, Luka Karabatic devait prendre sa part de responsabilités. Depuis le 2ème match du Mondial face au Japon et la blessure du pivot parisien, Didier Dinart et Guillaume Gille ont, de fait augmenté la charge de travail de l’Héraultais sans que cela ne le perturbe. « C’est aussi du au fait qu’il est très bien entouré, insiste Guéric Kervadec. Il est dans un cadre sain, il est chouchouté sans l’être, il n’est pas laissé de côté et certainement pas en galère par rapport à la pression qui pourrait peser. S’il devait encore progresser dans un secteur, je dirais que c’est en défense mais même là, il est bien en avance.» Ce jeudi soir face à la Slovénie, "Ludo" Fabrégas trouvera sur sa route ses deux coéquipiers au MHB Vid Kavticnik et Jure Dolenec et plus directement, le pivot Matej Gaber (notre photo) qu’il a côtoyé pendant trois saisons dans l’Hérault et qui l’été dernier, a émigré en Hongrie à Szeged. « Quand il est arrivé au club, raconte le natif de Kranj, il n’était pas bien épais. Il a vraiment bien progressé depuis (rires). C’est un bon joueur et un bon mec, aussi. On formait un bon duo à Montpellier. Je ne jouais pas beaucoup, j’étais utilisé plus en défense mais je garde une excellente expérience. J’ai hâte d’être à cette demi-finale contre la France. On verra qui de Ludo ou moi se qualifie. Il y a de la fatigue dans les deux équipes, je pense que la clé du match se situe en défense. Et d’avoir perdu Luka, c’est un handicap pour la France. » Reste que Ludovic Fabrégas comme à son habitude ne fera aucun sentiment face à un adversaire plutôt inattendu dans le carré final. A Banyuls, le fief familial et dans tout le pays "sang et or", le peuple catalan retiendra son souffle.



Le duel Fabrégas-Gaber vu par Patrice Canayer

Ce sera le match dans le match. L'affrontement entre deux styles où la force sera le dénominateur commun mais l'élégance à mettre un peu plus au crédit du jeune Français. Patrice Canayer connaît les deux joueurs pour en avoir dirigé un (Matej Gaber) entre 2013 et 2016 et pour veiller sur la progression de l'autre (Ludovic Fabrégas) depuis son arrivée de Banyuls dans le fief héraultais à l'âge de 16 ans.

« Les deux sont deux très bons défenseurs dans un style un petit peu particulier. Ludovic est peut-être un petit peu plus technique que Matej qui est un petit peu plus brut, par moments un petit peu plus "sauvage", Ludo est plus réfléchi mais ce sont deux éléments de grand talent. Mais après, il ne faut pas juger ce duel à travers deux joueurs. La défense est une alchimie complète. Dans le système mis en place par l’équipe de France, Ludovic a l’air d’être bien positionné, il a des performances défensives, très convaincantes et le doute qu’on pouvait avoir d’enchaîner attaque et défense sur un temps de jeu assez long, on ne l'a plus, c’est très positif. » 



Vid Kavticnik : « Francozi so absolutni favoriti » *

Il est de tous les Slovènes, celui qui depuis 2009 (date de son arrivée en France) connait le mieux les Bleus et en particulier ceux qui sont passés ou évoluent encore à Montpellier. Vid Kavticnik lié au club héraultais jusqu'en 2019 a des liens encore plus forts avec Nikola Karabatic. "Vidko" est le parrain d’Alek, le fils de Nikola qui est lui-même parrain de Lara, la fille du capitaine slovène. Avant de répondre à nos questions, il a effectué un passage obligé par une télé du pays et pour lui, cela ne fait aucun doute... sur cette demi-finale, * « les Français sont absolument favoris »
  
"Vidko", la Slovénie dans le dernier carré !
C’est extraordinaire pour nous, on n’avait pas prévu de se retrouver là mais on est très content et j’espère qu’on va continuer sur notre lancée en faisant surtout un beau match.

Est-ce possible de battre la France ?
Tout est possible, on l’a vu sur l’ensemble de cette compétition avec l’élimination de l’Allemagne ou du Danemark. On connait les qualités de cette équipe, elle est extraordinaire mais si on a la possibilité de les battre, on ne se privera pas.

Les deux matches de préparation doivent-ils être des repères ?
C’est tout à fait différent. Demain (ce jeudi), c’est une demi-finale. Il va falloir qu’on joue notre handball, comme on l’a fait jusqu’à maintenant et peut-être qu’à la fin, on sera content.

Est-ce que c’est un avantage d’avoir joué le quart ici à Bercy ?
Oui, je pense pour la récupération, ce n’est pas mal. On n’a pas eu à faire de trajet, on a regagné vite l’hôtel, on a pu dormir un peu plus et puis, quand tu joues une demi-finale, la fatigue n’existe pas.

Cela va être un match de parrains…
Oui, c’est vrai, ça va être particulier mais pendant 60 minutes, il n’y aura pas d’amis. Pourtant avec Niko, on se parle presque tous les jours (par sms interposés). Hier (mardi) après le match, on s’est même marré parce qu’on va jouer l’un contre l’autre.

C’est pratiquement le seul match du Mondial où la France n’aura eu qu’un jour de répit. 
(rires) Ah, je ne sais pas si cela peut jouer. A la fin, la fatigue est sur toutes les équipes, tout le monde est dans les mêmes conditions, ça ne compte pas beaucoup.

Toi qui connais très bien la France, ce sera utile pour tes coéquipiers ?
Oui, c’est sûr mais on a déjà joué sept matches, on a vu ce que la France était capable de faire, on a vu qu’ils étaient très forts et que si tu n’étais pas à 200%, l’écart peut être fait et tu perds de dix buts. Le Mondial est en France, ils sont encore plus motivés et cela va être très difficile. Dans cette équipe, il y a beaucoup de stars, chaque joueur peut faire basculer la rencontre, nous, on fonctionne différemment, plus comme une équipe. Et comme une équipe, on est très fort.

Mondial France-Slovénie: Fabrégas-Gaber, le duel majuscule  

Mondial

mercredi 25 janvier 2017 - © Yves Michel

 7 min 40 de lecture

Les Bleus ont retrouvé Paris et surtout Bercy où ce jeudi soir (21h), ils affrontent la Slovénie en demi-finale du championnat du Monde. En vieil habitué, du haut de ses 20 ans, Ludovic Fabrégas participera à la fête sans que cela ne le perturbe. Le pivot international qui retrouvera face à lui Matej Gaber avec qui il a partagé le même poste à Montpellier, est d'une régularité exemplaire depuis le début de la compétition.

A Paris, de notre envoyé spécial Yves MICHEL

Le temps qui passe n’a aucune prise sur Ludovic Fabrégas. Le pivot de l’équipe de France aurait pu s’enflammer, se perdre dans l’immensité de cette salle hors normes de Lille, il n’en a rien été, bien au contraire. A peine 20 ans sur sa carte d’identité et son ascension est fulgurante, tant en club qu’en France A. « Il est dans la continuité de sa progression, confirme Patrice Canayer. Très convaincant dans ce qu’il fait, aussi bien dans le secteur défensif qu’offensif. Emotionnellement, il tient bien le choc. Il a un avantage par rapport à beaucoup de joueurs, c’est qu’il apprend vite et il retient vite les leçons. Je me rappelle, l’an passé contre Flensburg, il avait disjoncté et s’était pris un rouge et on avait vu qu’il s’était laissé emporté. Et il est capable de rapidement rectifier le tir. » Et l’entraîneur du Montpellier Handball ne peut être que ravi de récupérer dans quelques jours, un élément qui aura fait le plein de confiance et qui aura franchi un nouveau cap. "Chiqui" (du surnom attribué par Didier Dinart) donne l’impression de rester insensible aux compliments et louanges. « Je ne cherche pas à attirer la lumière sur moi, martèle "Ludo", je me bats tout simplement pour l’équipe, je me fais énormément plaisir et je vis des émotions de "ouf". J'ai 20 ans, on a vécu pour le moment, une très belle aventure, on s'ouvre la porte justement pour aller chercher une médaille. Maintenant, il y a quatre équipes et on peut finir au pied du podium donc on va éviter ça et préparer au mieux ce rendez-vous face à la Slovénie.» A l’âge du Montpelliérain, Guéric Kervadec, le pivot des Barjots du titre mondial de 1995 n’était pas encore en sélection. Retiré du haut niveau depuis trois ans, l’ancien Cristolien apprécie à leur juste valeur les performances du jeune international. «Il m’épate car il dégage une vraie force, une sérénité et il commence à devenir une pièce essentielle de l’équipe de France. Il maîtrise beaucoup de choses sur ce poste de pivot. La prise de balle, la position, sa gamme de shoots, il n’est pas du tout stéréotypé et défensivement, c’est la même chose. » Le Catalan, 37 sélections au compteur, est celui qui a le meilleur pourcentage de réussite chez les Bleus (93% avec seulement 2 tirs loupés) mais surtout avec 4h52 de temps de jeu, celui qui a été le plus utilisé dans l’effectif.

 

Juste devant Nikola Karabatic et Valentin Porte. Ce qui n’était vraiment pas prévu au départ puisqu’aux côtés de Cédric Sorhaindo, Luka Karabatic devait prendre sa part de responsabilités. Depuis le 2ème match du Mondial face au Japon et la blessure du pivot parisien, Didier Dinart et Guillaume Gille ont, de fait augmenté la charge de travail de l’Héraultais sans que cela ne le perturbe. « C’est aussi du au fait qu’il est très bien entouré, insiste Guéric Kervadec. Il est dans un cadre sain, il est chouchouté sans l’être, il n’est pas laissé de côté et certainement pas en galère par rapport à la pression qui pourrait peser. S’il devait encore progresser dans un secteur, je dirais que c’est en défense mais même là, il est bien en avance.» Ce jeudi soir face à la Slovénie, "Ludo" Fabrégas trouvera sur sa route ses deux coéquipiers au MHB Vid Kavticnik et Jure Dolenec et plus directement, le pivot Matej Gaber (notre photo) qu’il a côtoyé pendant trois saisons dans l’Hérault et qui l’été dernier, a émigré en Hongrie à Szeged. « Quand il est arrivé au club, raconte le natif de Kranj, il n’était pas bien épais. Il a vraiment bien progressé depuis (rires). C’est un bon joueur et un bon mec, aussi. On formait un bon duo à Montpellier. Je ne jouais pas beaucoup, j’étais utilisé plus en défense mais je garde une excellente expérience. J’ai hâte d’être à cette demi-finale contre la France. On verra qui de Ludo ou moi se qualifie. Il y a de la fatigue dans les deux équipes, je pense que la clé du match se situe en défense. Et d’avoir perdu Luka, c’est un handicap pour la France. » Reste que Ludovic Fabrégas comme à son habitude ne fera aucun sentiment face à un adversaire plutôt inattendu dans le carré final. A Banyuls, le fief familial et dans tout le pays "sang et or", le peuple catalan retiendra son souffle.



Le duel Fabrégas-Gaber vu par Patrice Canayer

Ce sera le match dans le match. L'affrontement entre deux styles où la force sera le dénominateur commun mais l'élégance à mettre un peu plus au crédit du jeune Français. Patrice Canayer connaît les deux joueurs pour en avoir dirigé un (Matej Gaber) entre 2013 et 2016 et pour veiller sur la progression de l'autre (Ludovic Fabrégas) depuis son arrivée de Banyuls dans le fief héraultais à l'âge de 16 ans.

« Les deux sont deux très bons défenseurs dans un style un petit peu particulier. Ludovic est peut-être un petit peu plus technique que Matej qui est un petit peu plus brut, par moments un petit peu plus "sauvage", Ludo est plus réfléchi mais ce sont deux éléments de grand talent. Mais après, il ne faut pas juger ce duel à travers deux joueurs. La défense est une alchimie complète. Dans le système mis en place par l’équipe de France, Ludovic a l’air d’être bien positionné, il a des performances défensives, très convaincantes et le doute qu’on pouvait avoir d’enchaîner attaque et défense sur un temps de jeu assez long, on ne l'a plus, c’est très positif. » 



Vid Kavticnik : « Francozi so absolutni favoriti » *

Il est de tous les Slovènes, celui qui depuis 2009 (date de son arrivée en France) connait le mieux les Bleus et en particulier ceux qui sont passés ou évoluent encore à Montpellier. Vid Kavticnik lié au club héraultais jusqu'en 2019 a des liens encore plus forts avec Nikola Karabatic. "Vidko" est le parrain d’Alek, le fils de Nikola qui est lui-même parrain de Lara, la fille du capitaine slovène. Avant de répondre à nos questions, il a effectué un passage obligé par une télé du pays et pour lui, cela ne fait aucun doute... sur cette demi-finale, * « les Français sont absolument favoris »
  
"Vidko", la Slovénie dans le dernier carré !
C’est extraordinaire pour nous, on n’avait pas prévu de se retrouver là mais on est très content et j’espère qu’on va continuer sur notre lancée en faisant surtout un beau match.

Est-ce possible de battre la France ?
Tout est possible, on l’a vu sur l’ensemble de cette compétition avec l’élimination de l’Allemagne ou du Danemark. On connait les qualités de cette équipe, elle est extraordinaire mais si on a la possibilité de les battre, on ne se privera pas.

Les deux matches de préparation doivent-ils être des repères ?
C’est tout à fait différent. Demain (ce jeudi), c’est une demi-finale. Il va falloir qu’on joue notre handball, comme on l’a fait jusqu’à maintenant et peut-être qu’à la fin, on sera content.

Est-ce que c’est un avantage d’avoir joué le quart ici à Bercy ?
Oui, je pense pour la récupération, ce n’est pas mal. On n’a pas eu à faire de trajet, on a regagné vite l’hôtel, on a pu dormir un peu plus et puis, quand tu joues une demi-finale, la fatigue n’existe pas.

Cela va être un match de parrains…
Oui, c’est vrai, ça va être particulier mais pendant 60 minutes, il n’y aura pas d’amis. Pourtant avec Niko, on se parle presque tous les jours (par sms interposés). Hier (mardi) après le match, on s’est même marré parce qu’on va jouer l’un contre l’autre.

C’est pratiquement le seul match du Mondial où la France n’aura eu qu’un jour de répit. 
(rires) Ah, je ne sais pas si cela peut jouer. A la fin, la fatigue est sur toutes les équipes, tout le monde est dans les mêmes conditions, ça ne compte pas beaucoup.

Toi qui connais très bien la France, ce sera utile pour tes coéquipiers ?
Oui, c’est sûr mais on a déjà joué sept matches, on a vu ce que la France était capable de faire, on a vu qu’ils étaient très forts et que si tu n’étais pas à 200%, l’écart peut être fait et tu perds de dix buts. Le Mondial est en France, ils sont encore plus motivés et cela va être très difficile. Dans cette équipe, il y a beaucoup de stars, chaque joueur peut faire basculer la rencontre, nous, on fonctionne différemment, plus comme une équipe. Et comme une équipe, on est très fort.

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