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Eh les gars, vous allez nous manquer !

France

mardi 21 mars 2017 - © Yves Michel

 7 min 53 de lecture

L'info avait fuité dès dimanche mais ce mardi matin, Thierry Omeyer et Daniel Narcisse ont officialisé leur décision de prendre leur retraite internationale début mai. Ils continueront à jouer sous les couleurs du PSG jusqu'en juin 2018. Les deux icônes du hand hexagonal laisseront un sacré vide chez les Bleus où vont se poser très vite des questions sur la relève. Notamment sur le poste de gardien.

par Yves MICHEL

On ne va pas les oublier de sitôt et il est rare de voir une assistance de journalistes applaudir après une intervention de joueurs. Sauf que ces joueurs-là ne sont pas n’importe lesquels. Thierry Omeyer et Daniel Narcisse participent à la mémoire du handball international depuis presque deux décennies et pour les dinosaures des stylos, micros et caméras et même les plus jeunes, ils sont devenus au fil du temps, deux légendes. Et ce n’est pas rien de les voir mettre le clignotant. Ils arrêteront leur carrière en équipe de France, après les deux matches de qualification à l’Euro 2018 prévus contre la Norvège en mai prochain mais continueront à évoluer au sein du PSG jusqu’en juin 2018.

Alors ce mardi matin dans une salle bondée, sous le regard complice de leur épouse respective, les deux se sont lancés dans un exercice inhabituel. Prendre seul la parole pour expliquer une décision lourde de conséquences. Pour eux, leur famille mais aussi pour le hand français. « Inconsciemment, j’ai pris cette décision, avoue "Titi" depuis un petit moment et pour être sûr que ce soit la bonne, il fallait un délai de réflexion. 18 ans (en bleu) c’est énorme et j’ai rempli tous les objectifs que je m’étais fixé. Je voudrais remercier les coaches mais aussi les joueurs avec qui j’ai partagé cette aventure. » Et heureusement que le portier ne les a pas tous cités car la liste aurait été aussi longue que son palmarès ou celle des attaquants adverses qu’il a dégoûtés. Daniel Narcisse lui, se dit fier de partager ce moment un peu spécial avec son pote de longue date, non sans rappeler le contexte qui l’a conduit à prendre la même décision. « Le staff voulait que je continue et j’ai eu du mal à me décider. Quand je suis arrivé en 2000 (en équipe de France), jamais je n’aurais imaginé avoir une telle carrière. Titi, c’est quelqu’un qui m’a beaucoup apporté dans le sport car il s’acharnait vraiment à tous les entraînements, ce qui n’était pas forcément ma philosophie (sourires). » Le titre de champion du Monde décroché en janvier à Bercy sera donc le dernier inscrit sur leur carte de visite tricolore. Il leur restera à profiter des quinze mois à vivre sous les couleurs du PSG avec des trophées encore à gagner. Et la suite ? Chacun y pense et chacun suivra une formation pour devenir entraîneur. « Je vais rester dans le hand, c’est mon envie, valide Thierry Omeyer. Aujourd’hui, ce n’est que ma retraite internationale. En équipe de France, j’ai le sentiment du devoir accompli. Je suis en paix avec moi-même.» Jamais en France, un gardien de buts n'avait duré aussi longtemps au plan international. Si tant est qu'il ait un seul regret, "Titi" ne dépassera ou n'égalera pas le record d'Andrei Lavrov qui encore à 42 ans, gardait les cages de la sélection russe.  



Il va bien falloir leur trouver des remplaçants !

« Le renouvellement en équipe de France c’est important disait Nikola Karabatic il y a deux ans après le Mondial qatari. C’est ce qui a toujours fait notre succès. » Seulement voilà, au niveau des gardiens comment peut-on envisager l’avenir après le retrait de Thierry Omeyer ? « La question mérite vraiment d’être posée, acquiesce Daniel Costantini car à mon sens, rien n’a été fait pour anticiper ce départ. Même s’il existe en France des potentiels à ce poste. Mais il va falloir les transformer progressivement en gardien de niveau international. Vincent Gérard a les épaules assez larges pour prendre le rôle de n°1 à condition de lui trouver un bon n°2. » Et c’est là que l’équation est à résoudre. Depuis que Didier Dinart et Guillaume Gille ont pris les commandes de France A, la formule avec trois gardiens totalement impliqués a été délaissée. Avant le Mondial par exemple, Cyril Dumoulin n’a même pas participé aux matches amicaux contre la Slovénie et d’ailleurs, l’intéressé lui-même ne se faisait guère d’illusions de se voir quelques jours plus tard dans les 16 sélectionnés. Aux Jeux et à l’Euro en Pologne, il a du passer son tour. Avec la bonne saison qu’il effectue avec Nantes, doit-il être relancé en sélection ? « Il a quand même 33 ans et ce n’est pas le profil éventuel qu’il serait intéressant de rechercher, fait remarquer l’ancien entraîneur de l’équipe de France. Il est peut-être bon en ce moment avec Nantes parce que justement il ne joue plus en sélection. Il va donc falloir avoir du culot et de l’imagination.» Sur les 14 binômes de LNH, 16 gardiens sont de nationalité française, 11 ont dépassé ou sont sur le point d’avoir 30 ans et parmi ceux-là, 8 n’ont jamais été intégrés de près ou de loin à France A. C’est dire si la difficulté d’une vraie relève et d’un vrai rôle à assumer en tant que n°2 (derrière Vincent Gérard) existent. 


Le Nantais Cyril Dumoulin n'a pas tiré un trait sur son avenir en bleu  

Dans les dernières années Onesta, Wesley Pardin était apparu comme le 3ème homme, lui aussi peut-il être relancé ? Restent ensuite Kévin Bonnefoi de Cesson qui vient de retrouver la compétition après une blessure au coude et le Chambérien Julien Meyer. « Pour moi, Pardin n’a pas le niveau, assène Daniel Costantini. A Toulouse cette année, il a les coudées franches mais quand il dépasse les 25% de réussite, c’est un miracle. Les deux autres représentent plus l’avenir. Mais il va désormais falloir revenir au système à trois gardiens avec Vincent Gérard n°1 indiscutable même s'il n’offre pas encore des gages systématiques de stabilité. L’équilibre serait d’avoir Bonnefoi qui a un gros physique et commence à avoir un peu de bouteille et Meyer dont je pense le plus grand bien sauf qu’à Chambéry, il n’est pas titulaire, le n°1 là-bas c’est Genty (35 ans) et il est utilisé quand le match est gagné ou quand il est perdu et qu’il n’y a plus de pression (comme face à Paris, il y a une semaine où il s’est illustré avec 21 arrêts). » L’absence de Daniel Narcisse pourrait paraître plus facile à combler.


Baptême du feu en France A imminent pour le Chambérien Julien Meyer ?

Ces derniers temps, que ce soit en club mais surtout en sélection, le Parisien est utilisé en impact player. On se rappelle notamment son implication à la dernière seconde en demi-finale des Jeux de Rio face à l’Allemagne. « Il n’y a que quand il ne sera plus là qu’on se rendra compte si son absence est préjudiciable ou pas, tempère celui qui en janvier 2000 a offert à Narcisse sa 1ère cape chez les A. Daniel, c’est l’anti-Omeyer, il n’a jamais revendiqué de jouer tous les matches pendant une heure. Mais ses entrées ont souvent fait du bien. Des gars aussi polyvalents capables de défendre devant, derrière, de jouer demi-centre ou sur le côté gauche, de marquer des buts et d’être passeur, derrière Narcisse, il n’y en a pas. Il y a des spécialistes. Et je me demande si ce n’est pas une opportunité pour Nicolas Claire. Dans un rôle particulier, uniquement d’attaquant et de meneur de jeu. » Sans oublier ceux qui ont perdu un peu de crédit ces derniers mois comme Accambray en disgrâce à Paris mais qui devrait retrouver un peu plus de temps de jeu à Veszprém, Grébille dont la progression a souvent été perturbée par des blessures, N’Guessan qui commence à prendre le rôle de l’éternel espoir et dont les sorties en bleu n’ont jamais été pleinement convaincantes. « Oui mais dans aucun de ces joueurs, je vois un profil à la Narcisse capable de jouer brillamment les couteaux suisses.» Là aussi, des nouveaux visages pourraient faire à terme, leur apparition. En puisant pourquoi pas dans les générations qui arrivent.




La réponse "maladroite" de la matinée…

… est l’œuvre de Philippe Bana, le DTN de la FFHB (à droite sur notre photo) à un journaliste qui émettait l’idée d’associer Jérôme Fernandez aux départs de Thierry Omeyer et Daniel Narcisse lors de leur ultime rendez-vous en bleu sur le sol français, en mai à Clermont-Ferrand face à la Norvège. Depuis qu’il n’a plus été sélectionné, aucun hommage ne lui a été rendu. L'argumentation de Philippe Bana a véritablement surpris l’assistance eu égard aux services rendus et au palmarès de l’ancien capitaine de l’équipe de France. « Franchement, quand on a des monuments comme ça dans l’histoire du sport et du handball, on se concentre sur les monuments quoi ! Joël (Delplanque – président de la FFHB) et moi, on est leurs gardes du corps pour les accompagner et on en est fiers. C’est sur eux qu’on va se concentrer à ce moment précis. » Au sujet de Jérôme Fernandez, un autre monument, le si jovial DTN du hand français nous avait habitués à meilleure répartie.

Eh les gars, vous allez nous manquer ! 

France

mardi 21 mars 2017 - © Yves Michel

 7 min 53 de lecture

L'info avait fuité dès dimanche mais ce mardi matin, Thierry Omeyer et Daniel Narcisse ont officialisé leur décision de prendre leur retraite internationale début mai. Ils continueront à jouer sous les couleurs du PSG jusqu'en juin 2018. Les deux icônes du hand hexagonal laisseront un sacré vide chez les Bleus où vont se poser très vite des questions sur la relève. Notamment sur le poste de gardien.

par Yves MICHEL

On ne va pas les oublier de sitôt et il est rare de voir une assistance de journalistes applaudir après une intervention de joueurs. Sauf que ces joueurs-là ne sont pas n’importe lesquels. Thierry Omeyer et Daniel Narcisse participent à la mémoire du handball international depuis presque deux décennies et pour les dinosaures des stylos, micros et caméras et même les plus jeunes, ils sont devenus au fil du temps, deux légendes. Et ce n’est pas rien de les voir mettre le clignotant. Ils arrêteront leur carrière en équipe de France, après les deux matches de qualification à l’Euro 2018 prévus contre la Norvège en mai prochain mais continueront à évoluer au sein du PSG jusqu’en juin 2018.

Alors ce mardi matin dans une salle bondée, sous le regard complice de leur épouse respective, les deux se sont lancés dans un exercice inhabituel. Prendre seul la parole pour expliquer une décision lourde de conséquences. Pour eux, leur famille mais aussi pour le hand français. « Inconsciemment, j’ai pris cette décision, avoue "Titi" depuis un petit moment et pour être sûr que ce soit la bonne, il fallait un délai de réflexion. 18 ans (en bleu) c’est énorme et j’ai rempli tous les objectifs que je m’étais fixé. Je voudrais remercier les coaches mais aussi les joueurs avec qui j’ai partagé cette aventure. » Et heureusement que le portier ne les a pas tous cités car la liste aurait été aussi longue que son palmarès ou celle des attaquants adverses qu’il a dégoûtés. Daniel Narcisse lui, se dit fier de partager ce moment un peu spécial avec son pote de longue date, non sans rappeler le contexte qui l’a conduit à prendre la même décision. « Le staff voulait que je continue et j’ai eu du mal à me décider. Quand je suis arrivé en 2000 (en équipe de France), jamais je n’aurais imaginé avoir une telle carrière. Titi, c’est quelqu’un qui m’a beaucoup apporté dans le sport car il s’acharnait vraiment à tous les entraînements, ce qui n’était pas forcément ma philosophie (sourires). » Le titre de champion du Monde décroché en janvier à Bercy sera donc le dernier inscrit sur leur carte de visite tricolore. Il leur restera à profiter des quinze mois à vivre sous les couleurs du PSG avec des trophées encore à gagner. Et la suite ? Chacun y pense et chacun suivra une formation pour devenir entraîneur. « Je vais rester dans le hand, c’est mon envie, valide Thierry Omeyer. Aujourd’hui, ce n’est que ma retraite internationale. En équipe de France, j’ai le sentiment du devoir accompli. Je suis en paix avec moi-même.» Jamais en France, un gardien de buts n'avait duré aussi longtemps au plan international. Si tant est qu'il ait un seul regret, "Titi" ne dépassera ou n'égalera pas le record d'Andrei Lavrov qui encore à 42 ans, gardait les cages de la sélection russe.  



Il va bien falloir leur trouver des remplaçants !

« Le renouvellement en équipe de France c’est important disait Nikola Karabatic il y a deux ans après le Mondial qatari. C’est ce qui a toujours fait notre succès. » Seulement voilà, au niveau des gardiens comment peut-on envisager l’avenir après le retrait de Thierry Omeyer ? « La question mérite vraiment d’être posée, acquiesce Daniel Costantini car à mon sens, rien n’a été fait pour anticiper ce départ. Même s’il existe en France des potentiels à ce poste. Mais il va falloir les transformer progressivement en gardien de niveau international. Vincent Gérard a les épaules assez larges pour prendre le rôle de n°1 à condition de lui trouver un bon n°2. » Et c’est là que l’équation est à résoudre. Depuis que Didier Dinart et Guillaume Gille ont pris les commandes de France A, la formule avec trois gardiens totalement impliqués a été délaissée. Avant le Mondial par exemple, Cyril Dumoulin n’a même pas participé aux matches amicaux contre la Slovénie et d’ailleurs, l’intéressé lui-même ne se faisait guère d’illusions de se voir quelques jours plus tard dans les 16 sélectionnés. Aux Jeux et à l’Euro en Pologne, il a du passer son tour. Avec la bonne saison qu’il effectue avec Nantes, doit-il être relancé en sélection ? « Il a quand même 33 ans et ce n’est pas le profil éventuel qu’il serait intéressant de rechercher, fait remarquer l’ancien entraîneur de l’équipe de France. Il est peut-être bon en ce moment avec Nantes parce que justement il ne joue plus en sélection. Il va donc falloir avoir du culot et de l’imagination.» Sur les 14 binômes de LNH, 16 gardiens sont de nationalité française, 11 ont dépassé ou sont sur le point d’avoir 30 ans et parmi ceux-là, 8 n’ont jamais été intégrés de près ou de loin à France A. C’est dire si la difficulté d’une vraie relève et d’un vrai rôle à assumer en tant que n°2 (derrière Vincent Gérard) existent. 


Le Nantais Cyril Dumoulin n'a pas tiré un trait sur son avenir en bleu  

Dans les dernières années Onesta, Wesley Pardin était apparu comme le 3ème homme, lui aussi peut-il être relancé ? Restent ensuite Kévin Bonnefoi de Cesson qui vient de retrouver la compétition après une blessure au coude et le Chambérien Julien Meyer. « Pour moi, Pardin n’a pas le niveau, assène Daniel Costantini. A Toulouse cette année, il a les coudées franches mais quand il dépasse les 25% de réussite, c’est un miracle. Les deux autres représentent plus l’avenir. Mais il va désormais falloir revenir au système à trois gardiens avec Vincent Gérard n°1 indiscutable même s'il n’offre pas encore des gages systématiques de stabilité. L’équilibre serait d’avoir Bonnefoi qui a un gros physique et commence à avoir un peu de bouteille et Meyer dont je pense le plus grand bien sauf qu’à Chambéry, il n’est pas titulaire, le n°1 là-bas c’est Genty (35 ans) et il est utilisé quand le match est gagné ou quand il est perdu et qu’il n’y a plus de pression (comme face à Paris, il y a une semaine où il s’est illustré avec 21 arrêts). » L’absence de Daniel Narcisse pourrait paraître plus facile à combler.


Baptême du feu en France A imminent pour le Chambérien Julien Meyer ?

Ces derniers temps, que ce soit en club mais surtout en sélection, le Parisien est utilisé en impact player. On se rappelle notamment son implication à la dernière seconde en demi-finale des Jeux de Rio face à l’Allemagne. « Il n’y a que quand il ne sera plus là qu’on se rendra compte si son absence est préjudiciable ou pas, tempère celui qui en janvier 2000 a offert à Narcisse sa 1ère cape chez les A. Daniel, c’est l’anti-Omeyer, il n’a jamais revendiqué de jouer tous les matches pendant une heure. Mais ses entrées ont souvent fait du bien. Des gars aussi polyvalents capables de défendre devant, derrière, de jouer demi-centre ou sur le côté gauche, de marquer des buts et d’être passeur, derrière Narcisse, il n’y en a pas. Il y a des spécialistes. Et je me demande si ce n’est pas une opportunité pour Nicolas Claire. Dans un rôle particulier, uniquement d’attaquant et de meneur de jeu. » Sans oublier ceux qui ont perdu un peu de crédit ces derniers mois comme Accambray en disgrâce à Paris mais qui devrait retrouver un peu plus de temps de jeu à Veszprém, Grébille dont la progression a souvent été perturbée par des blessures, N’Guessan qui commence à prendre le rôle de l’éternel espoir et dont les sorties en bleu n’ont jamais été pleinement convaincantes. « Oui mais dans aucun de ces joueurs, je vois un profil à la Narcisse capable de jouer brillamment les couteaux suisses.» Là aussi, des nouveaux visages pourraient faire à terme, leur apparition. En puisant pourquoi pas dans les générations qui arrivent.




La réponse "maladroite" de la matinée…

… est l’œuvre de Philippe Bana, le DTN de la FFHB (à droite sur notre photo) à un journaliste qui émettait l’idée d’associer Jérôme Fernandez aux départs de Thierry Omeyer et Daniel Narcisse lors de leur ultime rendez-vous en bleu sur le sol français, en mai à Clermont-Ferrand face à la Norvège. Depuis qu’il n’a plus été sélectionné, aucun hommage ne lui a été rendu. L'argumentation de Philippe Bana a véritablement surpris l’assistance eu égard aux services rendus et au palmarès de l’ancien capitaine de l’équipe de France. « Franchement, quand on a des monuments comme ça dans l’histoire du sport et du handball, on se concentre sur les monuments quoi ! Joël (Delplanque – président de la FFHB) et moi, on est leurs gardes du corps pour les accompagner et on en est fiers. C’est sur eux qu’on va se concentrer à ce moment précis. » Au sujet de Jérôme Fernandez, un autre monument, le si jovial DTN du hand français nous avait habitués à meilleure répartie.

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