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JO: O.Nyokas "le 15ème homme n’est pas un faire-valoir"

Jeux Olympiques

dimanche 7 août 2016 - © Yves Michel

 7 min 15 de lecture

Aux Jeux Olympiques, Olivier Nyokas tient le rôle inconfortable du remplaçant. Le 15ème homme qui ne joue pas et qui doit attendre qu'une blessure intervienne dans l'équipe pour espérer figurer sur la feuille de match. Le futur arrière nantais a accepté sa position et croit en sa bonne étoile.

par Yves MICHEL

Dimanche, Olivier Nyokas était bien présent. Il est arrivé avec l'équipe, a accompagné ses partenaires jusqu’à la sortie du vestiaire mais au moment d’entrer sur le parquet, il est allé prendre sa place dans les tribunes de la "Future Arena". Le néo Nantais est le 15ème homme de Claude Onesta. Celui qui fait partie du groupe, qui n’apparait pas sur la feuille de match et qui doit prendre son mal en patience. Comme William Accambray, il y a quatre ans à Londres ou Cédric Paty en 2008 à Pékin. Remplaçant est un rôle si particulier aux Jeux Olympiques que le staff tricolore a mis tout en œuvre afin que le joueur concerné ne se sente pas exclu. Et surtout se tienne prêt à tout moment comme... Accambray et Paty, en cas de pépins.

N'est-ce pas frustrant de jouer le rôle du remplaçant ?
Je suis super content d’y être mais ce n’est pas une fin en soi. J’estime que le 15ème joueur, contrairement à ce qu’on peut penser, a un rôle assez important.

Ah bon ?
Oui et je suis persuadé que les coaches ont un plan pour moi. Aujourd’hui, je me considère comme un des quinze meilleurs joueurs français, ce n’est pas quelque chose qu’on offre à quelqu’un pour lui faire plaisir. J’ai travaillé, j'ai mérité ma place et j’espère pouvoir apporter ce petit plus quand on me donnera la possibilité de le faire. Déjà, je dois être prêt dans la tête et de ce côté-là, il n’y a aucun souci.

Ta présence à Rio, c'est donc du bonus ?
Il y a un an, je n’étais pas en équipe de France. Je suis arrivé, j’ai du faire mes preuves. L’Euro n’a pas été une réussite au niveau du résultat final mais il y a eu certaines satisfactions… Je ne gamberge pas, ce rôle de 15ème homme, ce n’est pas un faire-valoir.

Tu aurais pu te retrouver avec ton frère Kévynn...
Cela aurait été énorme, d’autant plus qu’il a participé au stage, il était au top mentalement mais les douleurs sont revenues après 3-4 jours parce qu’il n’avait pas eu d’entraînement aussi intensif depuis longtemps. Il a du renoncer mais ce n’est que partie remise…

A Rio, vous gardez le fil en permanence...
Bien-sûr ! en plus, c’est un pays qu’on connait déjà très bien pour y être allé plusieurs fois, on s'est fait beaucoup d'amis sur place. Kévynn y est même revenu en décembre mais je ne pense pas qu'il puisse venir car il a repris avec son nouveau club (Gummersbach… après deux saisons à Göppingen) et c'est important pour lui. Mais le contact est permanent, rien ne change.

La symbolique des Jeux, c'est quelque chose qui te parle ?
Je suis dans une équipe qui potentiellement a la chance de gagner un titre. Sans offenser qui que ce soit, il y a des nations qui ne sont pas à Rio dans le même état d’esprit. Chez nous, le mot d’ordre est de rester concentrés et concernés. La dispersion est interdite, il y a match tous les deux jours, on n’y va pas pour être spectateur et espérer aller voir d’autres disciplines. C’est clair que c’est la plus belle compétition qu’un athlète puisse vivre dans sa vie, tout sport confondu et je suis honoré d’y participer mais l’objectif est clair et on ne doit pas s’en écarter.

Cette période est un tournant dans ta carrière avec notamment ton retour en France, juste après...
Je ne le vois pas forcément comme cela… pour moi, le vrai marqueur c’est en novembre dernier lorsque j’ai été appelé pour la 1ère fois en sélection. J’étais en contact avec Nantes avant même de signer en Allemagne donc la nouveauté n’est pas là. 

Vis-tu plus intensément ce qui t'arrive maintenant ?
C’est clair car ce qui m’arrive est plutôt rare… J’avais 29 ans quand j’ai été appelé pour la 1ère fois… Avec Ludovic Fabregas par exemple, on a dix ans de différence. En fait c’est très paradoxal parce que je suis ancien dans l’âge mais je n’ai pas forcément l’expérience du niveau international. "Ludo" lui, a certains codes que je ne maîtrise pas. Ma maturité me permet tout de même d’emmagasiner les informations assez rapidement.

Regrettes-tu certains choix qui t'ont fait peut-être perdre du temps ?
Oui… c’est ce que je peux me dire après… mais je ne regrette aucun club où je suis passé. Ma carrière, c’est vrai, a été ralentie par des choix, notamment les deux descentes en D2 avec Créteil n’ont pas arrangé les choses.

Cela te permet sans doute d'être plus motivé que les autres
Quand je vois le boulot et le niveau de Daniel Narcisse et Thierry Omeyer qui sont un petit peu plus vieux que moi, c’est une source supplémentaire de motivation et je me dis que j’ai encore quelques belles années devant moi. Je suis reconnu car je fais partie de cette équipe mais je peux et je veux aller encore plus loin.

Un dernier détail, es tu prêt si besoin à jouer ailier gauche ?
Sans problème ! J’ai joué à ce poste un petit peu en Allemagne, j’ai été pris pour ma polyvalence tout en restant un joueur atypique mais je ne suis pas un ailier classique. Et puis avec "Mika" et Kentin, on est bien pourvu sur ce poste.



Cédric Paty, champion olympique pour 54 secondes !

Si il y a quatre ans à Londres, on se rappelle de l'entrée en jeu du 15ème homme William Accambray, en quarts de finale face à l'Espagne et son 7ème et dernier but décisif envoyant la France dans le carré final, personne n'a oublié l'aventure de Cédric Paty, en 2008 à Pékin. A l'époque, le remplaçant n'avait même pas le droit d'intégrer le village olympique. Et pourtant... « En fait, j’ai bénéficié d’une erreur sur mon accréditation qui au final, ressemblait à celle des autres. Donc on s’est organisé, on a trouvé un lit supplémentaire et j’ai pu m’installer dans l’appartement. J’ai évité de faire des aller et retour avec un accès à la journée.  Ce n’était pas plus mal car je n’étais pas à l’écart. » Et puis l'attente s'installe. "Cécé" contribue à la vie du groupe, participe aux entraînements et à toutes les séances vidéo. Et puis... lors du 2ème match de groupe contre la Croatie, Jérôme Fernandez se fracture la main droite et doit renoncer. « Je me retrouve sur la feuille de match mais comme ce n’était pas poste pour poste, je savais que je n’allais pas souvent jouer. Il n'y a jamais eu de frustration de ma part. Il y a tant de joueurs qui auraient aimé être à ma place ! » Le Chambérien est embarqué dans une aventure qui se termine en finale face à d'inattendus Islandais. A une minute de l'apothéose et alors que le résultat est acquis depuis un moment, « Claude me fait entrer, j'ai la dernière balle de buts, je ne marque pas mais quel pied ! J'ai vécu tout cela intensément avec une grande fierté. Des liens forts se sont créés car les Jeux ont été pour moi une expérience humaine hors normes. » Et l'année où Cédric Paty décide d'arrêter sa carrière sportive professionnelle, l'équipe de France est en course pour un 3ème titre olympique. 



Changement de joueurs: assouplissement des règles

Le règlement de la compétition a beaucoup évolué et autorise désormais chaque coach à pouvoir changer la composition du groupe. Le 13 juillet dernier, Claude Onesta a donc établi une liste de 15 joueurs (14 + un remplaçant) validée par le mouvement olympique français. Quelques semaines auparavant, il avait déposé une liste élargie de 28 joueurs auprès de l'IHF (les 15 de Rio + 13 réservistes parmi lesquels Pardin, Dumoulin, Kounkoud, K. Nyokas, Accambray,... restés en France). Depuis que les Tricolores sont arrivés au Brésil, trois solutions de remplacement sont désormais possibles.

° changement du gardien en cas de blessure, à tout moment de la compétition jusqu'à la finale.

° intégration du 15ème homme (Olivier Nyokas) à tout moment si un des 14 se blesse.

° possibilité d'appeler jusqu'au quart de finale, un remplaçant complémentaire qui ne serait pas le 15ème homme mais qui doit être issu de la liste des 28.

JO: O.Nyokas "le 15ème homme n’est pas un faire-valoir" 

Jeux Olympiques

dimanche 7 août 2016 - © Yves Michel

 7 min 15 de lecture

Aux Jeux Olympiques, Olivier Nyokas tient le rôle inconfortable du remplaçant. Le 15ème homme qui ne joue pas et qui doit attendre qu'une blessure intervienne dans l'équipe pour espérer figurer sur la feuille de match. Le futur arrière nantais a accepté sa position et croit en sa bonne étoile.

par Yves MICHEL

Dimanche, Olivier Nyokas était bien présent. Il est arrivé avec l'équipe, a accompagné ses partenaires jusqu’à la sortie du vestiaire mais au moment d’entrer sur le parquet, il est allé prendre sa place dans les tribunes de la "Future Arena". Le néo Nantais est le 15ème homme de Claude Onesta. Celui qui fait partie du groupe, qui n’apparait pas sur la feuille de match et qui doit prendre son mal en patience. Comme William Accambray, il y a quatre ans à Londres ou Cédric Paty en 2008 à Pékin. Remplaçant est un rôle si particulier aux Jeux Olympiques que le staff tricolore a mis tout en œuvre afin que le joueur concerné ne se sente pas exclu. Et surtout se tienne prêt à tout moment comme... Accambray et Paty, en cas de pépins.

N'est-ce pas frustrant de jouer le rôle du remplaçant ?
Je suis super content d’y être mais ce n’est pas une fin en soi. J’estime que le 15ème joueur, contrairement à ce qu’on peut penser, a un rôle assez important.

Ah bon ?
Oui et je suis persuadé que les coaches ont un plan pour moi. Aujourd’hui, je me considère comme un des quinze meilleurs joueurs français, ce n’est pas quelque chose qu’on offre à quelqu’un pour lui faire plaisir. J’ai travaillé, j'ai mérité ma place et j’espère pouvoir apporter ce petit plus quand on me donnera la possibilité de le faire. Déjà, je dois être prêt dans la tête et de ce côté-là, il n’y a aucun souci.

Ta présence à Rio, c'est donc du bonus ?
Il y a un an, je n’étais pas en équipe de France. Je suis arrivé, j’ai du faire mes preuves. L’Euro n’a pas été une réussite au niveau du résultat final mais il y a eu certaines satisfactions… Je ne gamberge pas, ce rôle de 15ème homme, ce n’est pas un faire-valoir.

Tu aurais pu te retrouver avec ton frère Kévynn...
Cela aurait été énorme, d’autant plus qu’il a participé au stage, il était au top mentalement mais les douleurs sont revenues après 3-4 jours parce qu’il n’avait pas eu d’entraînement aussi intensif depuis longtemps. Il a du renoncer mais ce n’est que partie remise…

A Rio, vous gardez le fil en permanence...
Bien-sûr ! en plus, c’est un pays qu’on connait déjà très bien pour y être allé plusieurs fois, on s'est fait beaucoup d'amis sur place. Kévynn y est même revenu en décembre mais je ne pense pas qu'il puisse venir car il a repris avec son nouveau club (Gummersbach… après deux saisons à Göppingen) et c'est important pour lui. Mais le contact est permanent, rien ne change.

La symbolique des Jeux, c'est quelque chose qui te parle ?
Je suis dans une équipe qui potentiellement a la chance de gagner un titre. Sans offenser qui que ce soit, il y a des nations qui ne sont pas à Rio dans le même état d’esprit. Chez nous, le mot d’ordre est de rester concentrés et concernés. La dispersion est interdite, il y a match tous les deux jours, on n’y va pas pour être spectateur et espérer aller voir d’autres disciplines. C’est clair que c’est la plus belle compétition qu’un athlète puisse vivre dans sa vie, tout sport confondu et je suis honoré d’y participer mais l’objectif est clair et on ne doit pas s’en écarter.

Cette période est un tournant dans ta carrière avec notamment ton retour en France, juste après...
Je ne le vois pas forcément comme cela… pour moi, le vrai marqueur c’est en novembre dernier lorsque j’ai été appelé pour la 1ère fois en sélection. J’étais en contact avec Nantes avant même de signer en Allemagne donc la nouveauté n’est pas là. 

Vis-tu plus intensément ce qui t'arrive maintenant ?
C’est clair car ce qui m’arrive est plutôt rare… J’avais 29 ans quand j’ai été appelé pour la 1ère fois… Avec Ludovic Fabregas par exemple, on a dix ans de différence. En fait c’est très paradoxal parce que je suis ancien dans l’âge mais je n’ai pas forcément l’expérience du niveau international. "Ludo" lui, a certains codes que je ne maîtrise pas. Ma maturité me permet tout de même d’emmagasiner les informations assez rapidement.

Regrettes-tu certains choix qui t'ont fait peut-être perdre du temps ?
Oui… c’est ce que je peux me dire après… mais je ne regrette aucun club où je suis passé. Ma carrière, c’est vrai, a été ralentie par des choix, notamment les deux descentes en D2 avec Créteil n’ont pas arrangé les choses.

Cela te permet sans doute d'être plus motivé que les autres
Quand je vois le boulot et le niveau de Daniel Narcisse et Thierry Omeyer qui sont un petit peu plus vieux que moi, c’est une source supplémentaire de motivation et je me dis que j’ai encore quelques belles années devant moi. Je suis reconnu car je fais partie de cette équipe mais je peux et je veux aller encore plus loin.

Un dernier détail, es tu prêt si besoin à jouer ailier gauche ?
Sans problème ! J’ai joué à ce poste un petit peu en Allemagne, j’ai été pris pour ma polyvalence tout en restant un joueur atypique mais je ne suis pas un ailier classique. Et puis avec "Mika" et Kentin, on est bien pourvu sur ce poste.



Cédric Paty, champion olympique pour 54 secondes !

Si il y a quatre ans à Londres, on se rappelle de l'entrée en jeu du 15ème homme William Accambray, en quarts de finale face à l'Espagne et son 7ème et dernier but décisif envoyant la France dans le carré final, personne n'a oublié l'aventure de Cédric Paty, en 2008 à Pékin. A l'époque, le remplaçant n'avait même pas le droit d'intégrer le village olympique. Et pourtant... « En fait, j’ai bénéficié d’une erreur sur mon accréditation qui au final, ressemblait à celle des autres. Donc on s’est organisé, on a trouvé un lit supplémentaire et j’ai pu m’installer dans l’appartement. J’ai évité de faire des aller et retour avec un accès à la journée.  Ce n’était pas plus mal car je n’étais pas à l’écart. » Et puis l'attente s'installe. "Cécé" contribue à la vie du groupe, participe aux entraînements et à toutes les séances vidéo. Et puis... lors du 2ème match de groupe contre la Croatie, Jérôme Fernandez se fracture la main droite et doit renoncer. « Je me retrouve sur la feuille de match mais comme ce n’était pas poste pour poste, je savais que je n’allais pas souvent jouer. Il n'y a jamais eu de frustration de ma part. Il y a tant de joueurs qui auraient aimé être à ma place ! » Le Chambérien est embarqué dans une aventure qui se termine en finale face à d'inattendus Islandais. A une minute de l'apothéose et alors que le résultat est acquis depuis un moment, « Claude me fait entrer, j'ai la dernière balle de buts, je ne marque pas mais quel pied ! J'ai vécu tout cela intensément avec une grande fierté. Des liens forts se sont créés car les Jeux ont été pour moi une expérience humaine hors normes. » Et l'année où Cédric Paty décide d'arrêter sa carrière sportive professionnelle, l'équipe de France est en course pour un 3ème titre olympique. 



Changement de joueurs: assouplissement des règles

Le règlement de la compétition a beaucoup évolué et autorise désormais chaque coach à pouvoir changer la composition du groupe. Le 13 juillet dernier, Claude Onesta a donc établi une liste de 15 joueurs (14 + un remplaçant) validée par le mouvement olympique français. Quelques semaines auparavant, il avait déposé une liste élargie de 28 joueurs auprès de l'IHF (les 15 de Rio + 13 réservistes parmi lesquels Pardin, Dumoulin, Kounkoud, K. Nyokas, Accambray,... restés en France). Depuis que les Tricolores sont arrivés au Brésil, trois solutions de remplacement sont désormais possibles.

° changement du gardien en cas de blessure, à tout moment de la compétition jusqu'à la finale.

° intégration du 15ème homme (Olivier Nyokas) à tout moment si un des 14 se blesse.

° possibilité d'appeler jusqu'au quart de finale, un remplaçant complémentaire qui ne serait pas le 15ème homme mais qui doit être issu de la liste des 28.

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