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Alain Portes, le Bronzé des Jeux

Jeux Olympiques

jeudi 26 juillet 2012 - © Yves Michel

 7 min 52 de lecture

Vingt ans après l'ambiance de Barcelone et la première médaille de bronze de l'histoire du handball français, Alain Portes retrouve les Jeux Olympiques. Comme entraîneur, à la tête de la sélection nationale de Tunisie. 

10 mars 1990… Jérôme Fernandez vient de fêter ses 13 ans, Xavier Barachet lui, n’est même pas entré dans sa troisième année. Cette date, ils sont à peine une vingtaine à l’avoir gravée dans leur mémoire. Ils ont pour nom Debureau, Perreux, Volle, Richardson, Médard, Gardent, Costantini bien-sûr et entre autre, un certain Alain Portes. Jusque-là, le petit ailier gauche nîmois a connu la misère d’une équipe de France qui rame dans les profondeurs du handball international et qui soudain, va sortir de son trou et écrire les premières belles pages d’une histoire qui dure encore. 10 mars 1990 vers 11h, en match de classement du Mondial B qui se déroule à Prague, les Français viennent de battre les Islandais d'Alfred Gislason et obtenir leur billet pour les Jeux Olympiques de juillet 1992 à Barcelone. Voilà comment tout a commencé. La suite, on la connait. Avec bien entendu, cette première médaille de bronze remportée sous le soleil espagnol, au nez et à la barbe… tiens donc, des Islandais repêchés quelques mois plus tôt après la disqualification de la Yougoslavie en pleine guerre. 


1992-2012… Vingt ans se sont écoulés et parmi les rescapés de cette folle équipée, seul Alain Portes renoue avec l’aventure des Jeux. Depuis juin 2009, « Bib bip » comme on l’appelait du temps où il cavalait dans le couloir gauche est le sélectionneur de l’équipe nationale de Tunisie. Cet hiver, au Maroc, après avoir remporté pour la 2ème fois consécutive, la  Coupe d’Afrique des Nations, les Tunisiens se sont directement qualifiés pour Londres. Objectif inavoué: atteindre les quarts. Pour cela, il faudra terminer dans les quatre premiers d’un groupe où figurent déjà la France, la Suède, l’Islande, l’Argentine et à un degré moindre, la Grande Bretagne. Les places vont être très chères. 

Alain, comment la Tunisie aborde-t-elle ces Jeux ? 
J’ai voulu mettre mes joueurs en danger et donc en prépa, on a joué des grandes nations. Nous n’avons pas gagné, nous n’avons pas été ridicules, loin de là, même si j’aurais bien aimé accrocher un des adversaires (la France et l’Islande à l’EuroTournoi, puis la Serbie et la Hongrie, quatre nations présentes aux Jeux)

La Tunisie a montré certaines faiblesses…
Nous avons des points faibles, c’est sûr. Il nous manque des défenseurs plus solides, des arrières un peu plus puissants malgré une certaine progression. Il faut qu'on arrive à un peu plus brouiller les cartes. Le forfait de Mosbah Sanaï, blessé à l’EuroTournoi  est  très handicapant car c’est un joueur complet. 

De fait, vous avez rappelé le Nantais Gharbi que vous aviez exclu pour indiscipline…
On a fait passer l'intérêt collectif en 1er. Avec le recul, la sanction de l'exclure de la sélection est apparue trop forte surtout par rapport à tout ce qu'il a fait jusque là. On est revenu sur notre décision. Depuis, il fait profil bas, il a fait des excuses et sa présence est une bonne chose car il a des qualités. C'est un guerrier et quand il y a des matches engagés il répond présent. 

Issam Tej vous a également donné du fil à retordre…
Issam doit être un modèle mais il participe à ce que j’appellerais une indiscipline chronique. Il a déjà été radié par le passé donc ça devient embêtant. Ce n'est pas un bon exemple pour nos jeunes qui sont fragiles au niveau justement, de la discipline. En ce qui concerne le comportement hors du terrain, je préfèrerais que leurs idoles s'appellent Megannem ou Hmam plutôt que Gharbi ou Tej.


Le fait d’avoir placé le Toulousain Ayed dans le rôle du remplaçant en a étonné plus d’un…
C’est un crève-cœur car c'est un garçon irréprochable. Il a été bon contre la France à Strasbourg, il a été nettement moins bon par la suite. Le problème, c'est que pour avoir une équipe équilibrée, il me faut des défenseurs. Dans une formation à 14, il faut obligatoirement faire un sacrifice et c'est sur l'aile gauche que c'est tombé car c'est là qu'on peut avoir des solutions de rechange. Forcément Anouar est déçu, évidemment qu'il m'en veut mais je dois faire des choix. 

Il y a une certaine hiérarchie dans cette poule. Si la Grande Bretagne n’a pas beaucoup de chances de se retrouver en quart, la 2ème place du condamné devrait se disputer entre votre équipe et l’Argentine.
Ça devrait ressembler à cela. Je pense que dans un très bon jour, on peut bousculer la Suède et l'Islande. Il faut éviter que le match contre l'Argentine soit pour nous, un 8ème de finale. Le 1er objectif, c'est de montrer notre meilleur visage. Pour la 1ère fois depuis que je suis à la tête de cette sélection, le ministère des sports tunisiens ne m'a fixé aucun objectif. La priorité c'est l'après. 

Vous affrontez la France jeudi prochain, sans trop d’illusion ? 
Il ne faut pas se tromper d’adversaire. La France sera au rendez-vous avec des joueurs qui ont envie de bien faire, qui ont rectifié le tir après leur Euro en Serbie et qui élèveront leur niveau lorsqu'il le faudra. Ils n'ont pas encore atteint leur pic de forme. Pour moi, la France est LE favori. 

A titre personnel, vingt ans après, vous revenez aux Jeux…
C'est très particulier de participer à des Jeux, 20 ans après.  Quand on fait des JO, on est marqué à vie. Barcelone, je m'en souviens comme si c'était hier. J'avais hâte de m'y replonger et je ne suis pas déçu. Ce qui est génial avec les Jeux, c'est notamment la vie dans le village, tu peux aller partout, rencontrer n'importe quel sportif. Il y a un sentiment de liberté et de bien-être où les grandes stars deviennent des anonymes ou presque. Personne n'a le droit de rouler les mécaniques et chacun retrouve un peu d'humilité. 

Ce vendredi soir, il y a la cérémonie d’ouverture et le Raphaëlois Heykel Megannem (photo du bas) est le porte-drapeau de la délégation tunisienne…
Ce sera l'avant-veille du 1er match contre la Suède, cela peut fatiguer mais les handballeurs tunisiens et suédois vont y aller. Lui est très heureux, ça se sent même si il ne le dit pas. Ce n'est pas étonnant que ce soit lui lorsque tu vois ce que représente le hand en Tunisie. En plus, quand Heykel est mis en avant, dans de telles circonstances, il essaie d'être bon. Je n'y vois que du positif. 


Les rendez-vous de la Tunisie…. (heure française)

Dimanche 29 juillet : 15h30 Suède-Tunisie
Mardi 31 juillet : 10h30 Tunisie-Islande
Jeudi 2 août : 12h15 France-Tunisie
Samedi 4 août : 10h30 Tunisie-Gde Bretagne
Lundi 6 août : 12h15 Argentine-Tunisie

Alain Portes, le Bronzé des Jeux 

Jeux Olympiques

jeudi 26 juillet 2012 - © Yves Michel

 7 min 52 de lecture

Vingt ans après l'ambiance de Barcelone et la première médaille de bronze de l'histoire du handball français, Alain Portes retrouve les Jeux Olympiques. Comme entraîneur, à la tête de la sélection nationale de Tunisie. 

10 mars 1990… Jérôme Fernandez vient de fêter ses 13 ans, Xavier Barachet lui, n’est même pas entré dans sa troisième année. Cette date, ils sont à peine une vingtaine à l’avoir gravée dans leur mémoire. Ils ont pour nom Debureau, Perreux, Volle, Richardson, Médard, Gardent, Costantini bien-sûr et entre autre, un certain Alain Portes. Jusque-là, le petit ailier gauche nîmois a connu la misère d’une équipe de France qui rame dans les profondeurs du handball international et qui soudain, va sortir de son trou et écrire les premières belles pages d’une histoire qui dure encore. 10 mars 1990 vers 11h, en match de classement du Mondial B qui se déroule à Prague, les Français viennent de battre les Islandais d'Alfred Gislason et obtenir leur billet pour les Jeux Olympiques de juillet 1992 à Barcelone. Voilà comment tout a commencé. La suite, on la connait. Avec bien entendu, cette première médaille de bronze remportée sous le soleil espagnol, au nez et à la barbe… tiens donc, des Islandais repêchés quelques mois plus tôt après la disqualification de la Yougoslavie en pleine guerre. 


1992-2012… Vingt ans se sont écoulés et parmi les rescapés de cette folle équipée, seul Alain Portes renoue avec l’aventure des Jeux. Depuis juin 2009, « Bib bip » comme on l’appelait du temps où il cavalait dans le couloir gauche est le sélectionneur de l’équipe nationale de Tunisie. Cet hiver, au Maroc, après avoir remporté pour la 2ème fois consécutive, la  Coupe d’Afrique des Nations, les Tunisiens se sont directement qualifiés pour Londres. Objectif inavoué: atteindre les quarts. Pour cela, il faudra terminer dans les quatre premiers d’un groupe où figurent déjà la France, la Suède, l’Islande, l’Argentine et à un degré moindre, la Grande Bretagne. Les places vont être très chères. 

Alain, comment la Tunisie aborde-t-elle ces Jeux ? 
J’ai voulu mettre mes joueurs en danger et donc en prépa, on a joué des grandes nations. Nous n’avons pas gagné, nous n’avons pas été ridicules, loin de là, même si j’aurais bien aimé accrocher un des adversaires (la France et l’Islande à l’EuroTournoi, puis la Serbie et la Hongrie, quatre nations présentes aux Jeux)

La Tunisie a montré certaines faiblesses…
Nous avons des points faibles, c’est sûr. Il nous manque des défenseurs plus solides, des arrières un peu plus puissants malgré une certaine progression. Il faut qu'on arrive à un peu plus brouiller les cartes. Le forfait de Mosbah Sanaï, blessé à l’EuroTournoi  est  très handicapant car c’est un joueur complet. 

De fait, vous avez rappelé le Nantais Gharbi que vous aviez exclu pour indiscipline…
On a fait passer l'intérêt collectif en 1er. Avec le recul, la sanction de l'exclure de la sélection est apparue trop forte surtout par rapport à tout ce qu'il a fait jusque là. On est revenu sur notre décision. Depuis, il fait profil bas, il a fait des excuses et sa présence est une bonne chose car il a des qualités. C'est un guerrier et quand il y a des matches engagés il répond présent. 

Issam Tej vous a également donné du fil à retordre…
Issam doit être un modèle mais il participe à ce que j’appellerais une indiscipline chronique. Il a déjà été radié par le passé donc ça devient embêtant. Ce n'est pas un bon exemple pour nos jeunes qui sont fragiles au niveau justement, de la discipline. En ce qui concerne le comportement hors du terrain, je préfèrerais que leurs idoles s'appellent Megannem ou Hmam plutôt que Gharbi ou Tej.


Le fait d’avoir placé le Toulousain Ayed dans le rôle du remplaçant en a étonné plus d’un…
C’est un crève-cœur car c'est un garçon irréprochable. Il a été bon contre la France à Strasbourg, il a été nettement moins bon par la suite. Le problème, c'est que pour avoir une équipe équilibrée, il me faut des défenseurs. Dans une formation à 14, il faut obligatoirement faire un sacrifice et c'est sur l'aile gauche que c'est tombé car c'est là qu'on peut avoir des solutions de rechange. Forcément Anouar est déçu, évidemment qu'il m'en veut mais je dois faire des choix. 

Il y a une certaine hiérarchie dans cette poule. Si la Grande Bretagne n’a pas beaucoup de chances de se retrouver en quart, la 2ème place du condamné devrait se disputer entre votre équipe et l’Argentine.
Ça devrait ressembler à cela. Je pense que dans un très bon jour, on peut bousculer la Suède et l'Islande. Il faut éviter que le match contre l'Argentine soit pour nous, un 8ème de finale. Le 1er objectif, c'est de montrer notre meilleur visage. Pour la 1ère fois depuis que je suis à la tête de cette sélection, le ministère des sports tunisiens ne m'a fixé aucun objectif. La priorité c'est l'après. 

Vous affrontez la France jeudi prochain, sans trop d’illusion ? 
Il ne faut pas se tromper d’adversaire. La France sera au rendez-vous avec des joueurs qui ont envie de bien faire, qui ont rectifié le tir après leur Euro en Serbie et qui élèveront leur niveau lorsqu'il le faudra. Ils n'ont pas encore atteint leur pic de forme. Pour moi, la France est LE favori. 

A titre personnel, vingt ans après, vous revenez aux Jeux…
C'est très particulier de participer à des Jeux, 20 ans après.  Quand on fait des JO, on est marqué à vie. Barcelone, je m'en souviens comme si c'était hier. J'avais hâte de m'y replonger et je ne suis pas déçu. Ce qui est génial avec les Jeux, c'est notamment la vie dans le village, tu peux aller partout, rencontrer n'importe quel sportif. Il y a un sentiment de liberté et de bien-être où les grandes stars deviennent des anonymes ou presque. Personne n'a le droit de rouler les mécaniques et chacun retrouve un peu d'humilité. 

Ce vendredi soir, il y a la cérémonie d’ouverture et le Raphaëlois Heykel Megannem (photo du bas) est le porte-drapeau de la délégation tunisienne…
Ce sera l'avant-veille du 1er match contre la Suède, cela peut fatiguer mais les handballeurs tunisiens et suédois vont y aller. Lui est très heureux, ça se sent même si il ne le dit pas. Ce n'est pas étonnant que ce soit lui lorsque tu vois ce que représente le hand en Tunisie. En plus, quand Heykel est mis en avant, dans de telles circonstances, il essaie d'être bon. Je n'y vois que du positif. 


Les rendez-vous de la Tunisie…. (heure française)

Dimanche 29 juillet : 15h30 Suède-Tunisie
Mardi 31 juillet : 10h30 Tunisie-Islande
Jeudi 2 août : 12h15 France-Tunisie
Samedi 4 août : 10h30 Tunisie-Gde Bretagne
Lundi 6 août : 12h15 Argentine-Tunisie

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