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Euro: la candeur allemande face à l'expérience espagnole

Euro

samedi 30 janvier 2016 - © Yves Michel

 6 min 34 de lecture

L'Allemagne ou l'Espagne ? De cette affiche inédite pour une finale européenne, quelle équipe va succéder au palmarès à la France sacrée il y a deux ans au Danemark ? Le pronostic penche vers la très expérimentée "Roja", mais la "Mannschaft" et sa classe "biberon" ont des arguments à faire valoir.

par Yves MICHEL

C'est en quelque sorte une résurrection ou plutôt une prise de conscience que le réservoir existait et qu'il ne fallait pas rester empêtré dans ses souvenirs et la nostalgie d'une époque révolue. L'Allemagne avait déserté les podiums depuis son titre mondial en 2007 et progressivement... dangereusement... s'était rapprochée de l'abime. La qualif pour les Jeux de Londres lui était passée sous le nez, celle de l'Euro 2014 aussi et si l'IHF et un certain lobbying ne l'avaient pas rattrapée par la ficelle du short, elle n'aurait jamais participé au Mondial qatari. Ces turpitudes avaient d'ailleurs débouché sur l'éviction de Martin Heuberger et son remplacement par Dagur Sigurdsson. L'arrivée de l'Islandais a été déterminante. «Il a su rompre avec les Krause, Heinevetter, Klein, ceux qui étaient les starlettes de l’après titre et qui n’étaient pas de la génération des très grands comme Baur, Fritz ou Schwarzer, témoigne François-Xavier Houlet, grand spécialiste du hand allemand, et il est reparti avec de jeunes joueurs qui pour une grande majorité ont tous eu des résultats en catégorie jeunes et juniors. » Et depuis un an, les journalistes qui outre-Rhin suivent le hand, ont du s'accoutumer aux Kohlbacher, Ernst, Kühn, ou autre Dahmke. «Cette équipe est étonnante, poursuit celui qui est aussi consultant émérite sur beIN Sports, mais le plus inattendu, c'est d'arriver en finale avec ces joueurs-là. Il faut quand même se rappeler qu'au Mondial 2015, (avec une équipe sur le papier mieux armée puisque seulement 5 des 16 éléments présents aujourd'hui en finale étaient à Doha), ils avaient failli renverser le Qatar et passer en demi. Ils ne se retrouvent donc pas là par hasard. Il y a de la qualité dans ce groupe. » Mais cette joyeuse bande a du vaincre les aléas d'une équipe de haut niveau. Avant le début de l'Euro, c'est l'hécatombe. Gensheimer, Groetzki, Wiencek, soit le trio majeur de la base avant, Drux et Allendorf sont sur le flanc et déclarent forfait. Mais Sigurdsson trouve les bons éléments pour les remplacer. Sauf qu'au soir de la confrontation face à la Russie, l'Islandais doit encore garder son flegme légendaire. Weinhold et Dissinger se sont gravement blessés et doivent renoncer. «Les doutes auraient pu s'installer, sauf qu'on a à faire à des joueurs déjà solides, qui n'évoluent pas forcément dans les plus grands clubs allemands mais qui ont du temps de jeu. Au début de l'Euro, j'ai testé les connaissances de quelques experts de différents pays en leur demandant de me citer le nom de cinq joueurs allemands. Très peu ont été capables de le faire.» Et ce n'est pas en rameutant Häfner et Kühn il y a à peine quatre jours que Dagur Sigurdsson a amélioré la notoriété d'une équipe qui avec 24 ans et demi de moyenne d'âge est la plus jeune du tournoi.  



L'Espagne favorite mais...

Entre une équipe, l'Espagne figurant au départ dans le lot des favoris et une autre, l'Allemagne qu'il aurait été bien audacieux de situer à pareil niveau, le pronostic penche en faveur de Joan Canellas (photo ci-dessus) et ses "compañeros". La "Roja" dispute ce dimanche, la 4ème finale européenne de son histoire et elle n'a jamais gravi la plus haute marche du podium. « Les Espagnols sont favoris, approuve F-X Houlet, parce qu'ils ont l'expérience, la qualité de jeu et les hommes-clé pour faire la différence à tous moments. Cette équipe a l'avantage car elle peut à la fois évoluer sur un jeu de position, ce qu'a trop fait la France par exemple, mais aussi un jeu de mouvement, ce que fait l'Allemagne ou la Norvège. Mais l'Espagne a collectivement un jeu plus ambitieux. On l'a vu contre la Croatie avec Dujshebaev, Raul Entrerrios et la surprise Antonio Garcia. Même s'ils n'ont jamais gagné l'Euro, les Espagnols sont habitués aux grands rendez-vous. » L'autre avantage pour les hommes de Cadenas, contrairement à leur adversaire dominical, c'est qu'ils ont moins laissé de forces sur le terrain. En demi-finales, après une entame difficile face aux Croates, ils ont maintenu une avance de 3 à 4 buts qu'ils ont su préserver jusqu'au bout. Les Allemands eux, n'ont égalisé dans le temps règlementaire face à la Norvège, qu'à 19 secondes du terme mais dans la prolongation, les Nordiques ont continué à les bousculer, jusqu'à ce que Hafner, l'invité de la dernière heure ne vienne apporter la délivrance. « La marche de la finale est vraiment plus haute qu'elle ne l'a été quand l'Allemagne a battu le Danemark, la Norvège et même l'Espagne en match de groupe.» Cette confrontation programmée au tout début de l'Euro a d'ailleurs fédéré tout un groupe autour d'un objectif commun. Mais les Espagnols vont essayer de ne pas tomber deux fois dans le même piège. Et l'impétueux Jorge Maqueda va tout faire pour ne pas quitter définitivement le parquet dès la 1ère incartade comme ce fut le cas lors de la 1ère opposition.



Le joueur-révélation de F-X Houlet

Chez les Espagnols, le consultant de beIN n'a pas eu à entrer dans une longue réflexion pour plébisciter Raul Entrerrios (notre photo). « Pour l'impact qu'il a sur la Roja. Il est omniprésent, il joue juste et son niveau actuel est exceptionnel.» Chez les Allemands, "Zouzou" se montre plus collectif. « En fait, je citerai les deux ailiers (Reichmann et Dahmke)» Et de pointer le doigt sur une spécificité de la Bundesliga qui rejaillit forcément sur la sélection nationale. « Les clubs ne font appel dans l'ensemble qu'à des ailiers allemands et il y en a de très bons puisqu'on ne va pas en chercher à l'étranger. La réserve est phénoménale. Sellin par exemple, (Melsungen), certains journalistes allemands ne le connaissent pas. Pourtant c'est un des joueurs les plus prometteurs de sa génération.» Avec Pekeler et Dissinger (remplacé depuis le début de semaine), le gaucher a été champion du Monde juniors en 2011 en Grèce.

Les meilleurs artilleurs

Les deux meilleurs réalisateurs de cet Euro sont... espagnol (Valero Rivera - 47 buts à 80% dont 30/36 à 7m) et allemand (Tobias Reichmann - 43 buts à 83% dont 26/27 à 7m)

Du même club, pas de la même sélection

Tauron Kielce (Pol): Tobias Reichmann (All), Julen Aguinagalde (Esp)
THW Kiel (All): Rune Dahmke (All), Joan Canellas (Esp)
Rhein Neckar Löwen (All): Henrik Pekeler (All), Gedeon Guardiola, Rafael Baena (Esp)


                            Jannik Kohlbacher, plus jeune joueur de la finale

Le plus jeune....

côté allemand: Jannik Kohlbacher (pivot - HSG Wetzlar) 20 ans et 6 mois
côté espagnol: Alex Dujshebaev (arrière droit - HC Vardar) 23 ans et 1 mois

... le plus vieux

côté allemand: Carsten Lichtlein (gardien - Gummersbach)  35 ans et 3 mois
côté espagnol: Arpad Sterbik (gardien - HC Vardar)  36 ans et 2 mois

Le plus utilisé sur cet Euro...

côté allemand: le gardien Andreas Wolff (HSG Wetzlar)  5h25
côté espagnol: l'ailier droit Victor Tomas (FC Barcelone)  5h48

... le moins utilisé

côté allemand: le demi-centre Simon Ernst (Gummersbach)  9'33
côté espagnol: le pivot Rafael Baena (RNLöwen)  22'23 (4m)

Les arbitres français recalés

Souvent les arbitres français n'ont pu réaliser leur rêve et tenir le sifflet lors d'une finale. La faute aux performances de l'équipe de France qui allait très souvent jusqu'au bout. Sur cet Euro, Laurent Reveret et Stevann Pichon auraient pu espérer mais ont eu la consolation de diriger la demie entre la Norvège et l'Allemagne. Pour la finale, ce dimanche, l'EHF a fait confiance à la paire danoise Martin Gjeding et Mads Hansen.

Le programme dominical sur beIN SPORTS 3

15h00:  petite finale entre la Norvège et la Croatie
17h30:  finale entre l'Allemagne et l'Espagne

Euro: la candeur allemande face à l'expérience espagnole 

Euro

samedi 30 janvier 2016 - © Yves Michel

 6 min 34 de lecture

L'Allemagne ou l'Espagne ? De cette affiche inédite pour une finale européenne, quelle équipe va succéder au palmarès à la France sacrée il y a deux ans au Danemark ? Le pronostic penche vers la très expérimentée "Roja", mais la "Mannschaft" et sa classe "biberon" ont des arguments à faire valoir.

par Yves MICHEL

C'est en quelque sorte une résurrection ou plutôt une prise de conscience que le réservoir existait et qu'il ne fallait pas rester empêtré dans ses souvenirs et la nostalgie d'une époque révolue. L'Allemagne avait déserté les podiums depuis son titre mondial en 2007 et progressivement... dangereusement... s'était rapprochée de l'abime. La qualif pour les Jeux de Londres lui était passée sous le nez, celle de l'Euro 2014 aussi et si l'IHF et un certain lobbying ne l'avaient pas rattrapée par la ficelle du short, elle n'aurait jamais participé au Mondial qatari. Ces turpitudes avaient d'ailleurs débouché sur l'éviction de Martin Heuberger et son remplacement par Dagur Sigurdsson. L'arrivée de l'Islandais a été déterminante. «Il a su rompre avec les Krause, Heinevetter, Klein, ceux qui étaient les starlettes de l’après titre et qui n’étaient pas de la génération des très grands comme Baur, Fritz ou Schwarzer, témoigne François-Xavier Houlet, grand spécialiste du hand allemand, et il est reparti avec de jeunes joueurs qui pour une grande majorité ont tous eu des résultats en catégorie jeunes et juniors. » Et depuis un an, les journalistes qui outre-Rhin suivent le hand, ont du s'accoutumer aux Kohlbacher, Ernst, Kühn, ou autre Dahmke. «Cette équipe est étonnante, poursuit celui qui est aussi consultant émérite sur beIN Sports, mais le plus inattendu, c'est d'arriver en finale avec ces joueurs-là. Il faut quand même se rappeler qu'au Mondial 2015, (avec une équipe sur le papier mieux armée puisque seulement 5 des 16 éléments présents aujourd'hui en finale étaient à Doha), ils avaient failli renverser le Qatar et passer en demi. Ils ne se retrouvent donc pas là par hasard. Il y a de la qualité dans ce groupe. » Mais cette joyeuse bande a du vaincre les aléas d'une équipe de haut niveau. Avant le début de l'Euro, c'est l'hécatombe. Gensheimer, Groetzki, Wiencek, soit le trio majeur de la base avant, Drux et Allendorf sont sur le flanc et déclarent forfait. Mais Sigurdsson trouve les bons éléments pour les remplacer. Sauf qu'au soir de la confrontation face à la Russie, l'Islandais doit encore garder son flegme légendaire. Weinhold et Dissinger se sont gravement blessés et doivent renoncer. «Les doutes auraient pu s'installer, sauf qu'on a à faire à des joueurs déjà solides, qui n'évoluent pas forcément dans les plus grands clubs allemands mais qui ont du temps de jeu. Au début de l'Euro, j'ai testé les connaissances de quelques experts de différents pays en leur demandant de me citer le nom de cinq joueurs allemands. Très peu ont été capables de le faire.» Et ce n'est pas en rameutant Häfner et Kühn il y a à peine quatre jours que Dagur Sigurdsson a amélioré la notoriété d'une équipe qui avec 24 ans et demi de moyenne d'âge est la plus jeune du tournoi.  



L'Espagne favorite mais...

Entre une équipe, l'Espagne figurant au départ dans le lot des favoris et une autre, l'Allemagne qu'il aurait été bien audacieux de situer à pareil niveau, le pronostic penche en faveur de Joan Canellas (photo ci-dessus) et ses "compañeros". La "Roja" dispute ce dimanche, la 4ème finale européenne de son histoire et elle n'a jamais gravi la plus haute marche du podium. « Les Espagnols sont favoris, approuve F-X Houlet, parce qu'ils ont l'expérience, la qualité de jeu et les hommes-clé pour faire la différence à tous moments. Cette équipe a l'avantage car elle peut à la fois évoluer sur un jeu de position, ce qu'a trop fait la France par exemple, mais aussi un jeu de mouvement, ce que fait l'Allemagne ou la Norvège. Mais l'Espagne a collectivement un jeu plus ambitieux. On l'a vu contre la Croatie avec Dujshebaev, Raul Entrerrios et la surprise Antonio Garcia. Même s'ils n'ont jamais gagné l'Euro, les Espagnols sont habitués aux grands rendez-vous. » L'autre avantage pour les hommes de Cadenas, contrairement à leur adversaire dominical, c'est qu'ils ont moins laissé de forces sur le terrain. En demi-finales, après une entame difficile face aux Croates, ils ont maintenu une avance de 3 à 4 buts qu'ils ont su préserver jusqu'au bout. Les Allemands eux, n'ont égalisé dans le temps règlementaire face à la Norvège, qu'à 19 secondes du terme mais dans la prolongation, les Nordiques ont continué à les bousculer, jusqu'à ce que Hafner, l'invité de la dernière heure ne vienne apporter la délivrance. « La marche de la finale est vraiment plus haute qu'elle ne l'a été quand l'Allemagne a battu le Danemark, la Norvège et même l'Espagne en match de groupe.» Cette confrontation programmée au tout début de l'Euro a d'ailleurs fédéré tout un groupe autour d'un objectif commun. Mais les Espagnols vont essayer de ne pas tomber deux fois dans le même piège. Et l'impétueux Jorge Maqueda va tout faire pour ne pas quitter définitivement le parquet dès la 1ère incartade comme ce fut le cas lors de la 1ère opposition.



Le joueur-révélation de F-X Houlet

Chez les Espagnols, le consultant de beIN n'a pas eu à entrer dans une longue réflexion pour plébisciter Raul Entrerrios (notre photo). « Pour l'impact qu'il a sur la Roja. Il est omniprésent, il joue juste et son niveau actuel est exceptionnel.» Chez les Allemands, "Zouzou" se montre plus collectif. « En fait, je citerai les deux ailiers (Reichmann et Dahmke)» Et de pointer le doigt sur une spécificité de la Bundesliga qui rejaillit forcément sur la sélection nationale. « Les clubs ne font appel dans l'ensemble qu'à des ailiers allemands et il y en a de très bons puisqu'on ne va pas en chercher à l'étranger. La réserve est phénoménale. Sellin par exemple, (Melsungen), certains journalistes allemands ne le connaissent pas. Pourtant c'est un des joueurs les plus prometteurs de sa génération.» Avec Pekeler et Dissinger (remplacé depuis le début de semaine), le gaucher a été champion du Monde juniors en 2011 en Grèce.

Les meilleurs artilleurs

Les deux meilleurs réalisateurs de cet Euro sont... espagnol (Valero Rivera - 47 buts à 80% dont 30/36 à 7m) et allemand (Tobias Reichmann - 43 buts à 83% dont 26/27 à 7m)

Du même club, pas de la même sélection

Tauron Kielce (Pol): Tobias Reichmann (All), Julen Aguinagalde (Esp)
THW Kiel (All): Rune Dahmke (All), Joan Canellas (Esp)
Rhein Neckar Löwen (All): Henrik Pekeler (All), Gedeon Guardiola, Rafael Baena (Esp)


                            Jannik Kohlbacher, plus jeune joueur de la finale

Le plus jeune....

côté allemand: Jannik Kohlbacher (pivot - HSG Wetzlar) 20 ans et 6 mois
côté espagnol: Alex Dujshebaev (arrière droit - HC Vardar) 23 ans et 1 mois

... le plus vieux

côté allemand: Carsten Lichtlein (gardien - Gummersbach)  35 ans et 3 mois
côté espagnol: Arpad Sterbik (gardien - HC Vardar)  36 ans et 2 mois

Le plus utilisé sur cet Euro...

côté allemand: le gardien Andreas Wolff (HSG Wetzlar)  5h25
côté espagnol: l'ailier droit Victor Tomas (FC Barcelone)  5h48

... le moins utilisé

côté allemand: le demi-centre Simon Ernst (Gummersbach)  9'33
côté espagnol: le pivot Rafael Baena (RNLöwen)  22'23 (4m)

Les arbitres français recalés

Souvent les arbitres français n'ont pu réaliser leur rêve et tenir le sifflet lors d'une finale. La faute aux performances de l'équipe de France qui allait très souvent jusqu'au bout. Sur cet Euro, Laurent Reveret et Stevann Pichon auraient pu espérer mais ont eu la consolation de diriger la demie entre la Norvège et l'Allemagne. Pour la finale, ce dimanche, l'EHF a fait confiance à la paire danoise Martin Gjeding et Mads Hansen.

Le programme dominical sur beIN SPORTS 3

15h00:  petite finale entre la Norvège et la Croatie
17h30:  finale entre l'Allemagne et l'Espagne

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