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Kentin Mahé - Arnaud Bingo, destins croisés

International

vendredi 22 octobre 2010 - © Yves Michel

 6 min 38 de lecture

C’est la surprise du chef !  Après Xavier Barachet et William Accambray, Claude Onesta élargit son groupe en puisant dans la génération qui alimentera les Bleus dans les prochaines années. Pour pallier aux absences sur blessure de Nikola Karabatic,  Michaël Guigou et Samuel Honrubia contre la Tunisie en amical (les 28 et 30 octobre, à Chambéry et à Nantes), le sélectionneur national fait appel  à Kentin Mahé et à  Arnaud Bingo.

Deux joueurs prometteurs, au caractère affirmé et au talent indiscutable.
L’incorporation de Kentin Mahé, à peine 19 ans et 5 mois, peut paraître soudaine mais depuis quelques temps, Sylvain Nouet, le patron de la filière jeune à la Fédération française de handball, surveillait d’un œil bienveillant l’évolution du demi-centre et ailier gauche de Dormagen (D.1 allemande).  Et l’adjoint de Claude Onesta en France A, de confirmer,  « en raison des circonstances, appeler Kentin, était devenu une évidence ».  Lors du dernier Euro des moins de 21 ans en Slovaquie, il avait été un des rares tricolores à se hisser au plus haut niveau, ce qui d’ailleurs, lui avait valu le titre de meilleur buteur et meilleur joueur du tournoi. Depuis le début de la saison, il bataille dur avec son club allemand pour ne pas sombrer dans les profondeurs du classement et si jusque là, avec un calendrier défavorable, les résultats ne sont pas au rendez-vous (1 victoire, 6 défaites), le jeune Français donne satisfaction à l’encadrement de Dormagen.

Kentin Mahé, c’est une pépite à l’état brut. Un joueur toujours en mouvement, au service des autres avant de penser à lui, un gars formé à la rudesse et à l’exigence allemande, volontaire et fin tacticien. Ses points faibles : son jeune âge bien-sûr d’où son inévitable manque d’expérience au plus haut niveau et sa morphologie. Il reconnait lui-même, devoir encore progresser sur le plan physique pour rivaliser avec les meilleurs mondiaux.

Sa sélection, l’aîné des Mahé l’a apprise de la meilleure des façons qui soit, par son père Pascal, international à 297 reprises dans les années 90, à l’époque des chercheurs d’or du handball tricolore, du temps des Bronzés et autres Barjots. « Mon père a tout d’abord reçu un coup de fil de Claude Onesta lui annonçant son désir de me sélectionner et il a tout de suite répercuté l’information. Je l’ai écouté mais je n’ai toujours pas réalisé. Quand lundi midi, j’entrerai dans le hall de l’hôtel parisien où sont rassemblés les joueurs de l’équipe de France, je me rendrai compte de ce qui m’arrive. » Kentin passe la tête dans l’entrebâillement de la porte qui conduit tout droit vers France A. Comme l’avait fait en 2002, encore un peu plus jeune, à 18 ans et 7 mois, un certain Nikola Karabatic. Comme l’avait fait Pascal, le père de Kentin, avec une première sélection, en décembre 1984, à 21 ans. « La sélection de Kentin est un véritable cadeau. Elle arrive peut-être trop tôt mais Claude Onesta a été clair. Elle n’est pas une fin en soi. Kentin doit encore progresser mais qui va se plaindre de le faire au contact des meilleurs français ? Et dire que ce lundi qui arrive, Kentin devait retrouver ses potes juniors pour un stage en Tunisie contre la Tunisie. L’adversaire sera le même mais plus âgé et ce sera en France ! ».  En France, où le jeune Mahé évoluera un jour sans doute mais en attendant, ses pensées sont ailleurs. « Je regarde depuis toujours, cette équipe à la télé, elle a tout gagné et au moins, pour une semaine, je vais en faire partie. C’est énorme ! Et croyez-moi, je vais me donner à fond pour essayer de montrer mes qualités. Je prends ça comme une grande chance que tout le monde n’a pas. »

Pour Arnaud Bingo, c’est Stéphane Imbratta qui a eu le privilège de jouer le facteur. L’entraîneur de Tremblay vantait depuis au moins deux saisons les mérites de son joueur et Claude Onesta a reçu le message cinq sur cinq.  « C’est souvent Arnaud qui a remis l’équipe dans le sens de la marche, confie le stratège séquano-dionysien. Il joue pour les autres et c’est un véritable bosseur. Depuis que je suis au club, il n’a raté qu’un seul entraînement. Souvent, je suis obligé de le freiner car même blessé, il serait sur le terrain. » Pas plus tard que mercredi en Coupe de la Ligue contre Paris, Arnaud légèrement touché au bras, a passé son match sur le banc. Il est évident qu’il aurait pu apporter à l’équipe de Tremblay, ce petit coup de folie qui aurait pu lui permettre de s’imposer mais Stéphane Imbratta, sans préjuger de ce qui attendait son poulain, l’a préservé.  « Je suis content de ce qui lui arrive. Cela va lui permettre de progresser encore, de grandir. » L’ascension de ce passionné de compétition est fulgurante. Du haut de ses 23 ans et de son mètre 90, Arnaud entame sa 7ème saison en Division 1 masculine. Au début, c’était à Villefranche sur Saône (normal pour un natif de Lyon) où à l’époque, il côtoie un certain Cédric Paty. Après un passage à Villeurbanne,  c’est à Tremblay qu’il va prendre son véritable envol. C’est le petit jeune de l’équipe et parmi l’un des plus actifs. Il est constamment aux aguets. Sur le côté gauche, il a presque tout du joueur polyvalent puisque indifféremment utilisé à l’aile et à l’arrière. Son explosivité et son travail défensif sont également mises en valeur et c’est ce qui a intéressé Claude Onesta.

Arnaud lui, garde les pieds sur terre même s’il savoure pleinement ce qui lui arrive. «Quand Stéphane m’a dit que Claude Onesta l’avait appelé pour me sélectionner en France A, cela m’a fait tout drôle. J’ai encore du mal à réaliser et je suis très content. Je sais où je mets les pieds. » Sous le maillot tricolore, Arnaud Bingo retrouvera Sébastien Ostertag son camarade de club, au même poste d’ailleurs. «Il n’y a aucun souci entre nous, on s’entend très bien. J’étais déjà très heureux de le voir chez les Bleus. Maintenant je serai à ses côtés. » Et on serait tenté de dire pour Arnaud que désormais, c’est le plus dur qui commence. Derrière Michaël Guigou, le titulaire incontesté du poste, la place est très convoitée. « Je ne me prends pas la tête. Mais durant cette semaine chez les Bleus, je vais emmagasiner le plus de choses possibles. Cela me fait évidemment plaisir de me retrouver avec des grands joueurs. Je vais faire ce que je sais faire. Jouer au handball, tout simplement. » Il est nature, simple et positif, le Tremblaysien. Et c’est ce qui fait son charme. Mais en cherchant bien, il doit encore s’améliorer et travailler dans des domaines bien précis. « Il faut qu’il prenne quelques kilos et surtout qu’il gagne en technicité sur sa position d’ailier, précise Stéphane Imbratta, ensuite il lui faut peaufiner la qualité de son tir et le jeu sur petit espace. Il a néanmoins tout pour réussir s’il continue à travailler dans ce sens». Le conseil  venant de l’entraîneur qui a conduit Ivry au titre de champion de France en 2007 et Tremblay sur le podium et à l’Europe, les deux dernières saisons, est une sacrée référence.

Arnaud Bingo-Kentin Mahé, deux destins croisés. La même date désormais sur leur CV de joueur : le 28 octobre 2010, 1ère sélection en équipe de France et juste en dessous, parmi leur meilleur souvenir, cette première immersion dans l’univers des A. Avant d’ajouter d’autres  lignes à leur palmarès. C’est tout le mal que l’on peut leur souhaiter.

 Yves MICHEL (www.rtl-lequipe.fr)

Kentin Mahé - Arnaud Bingo, destins croisés 

International

vendredi 22 octobre 2010 - © Yves Michel

 6 min 38 de lecture

C’est la surprise du chef !  Après Xavier Barachet et William Accambray, Claude Onesta élargit son groupe en puisant dans la génération qui alimentera les Bleus dans les prochaines années. Pour pallier aux absences sur blessure de Nikola Karabatic,  Michaël Guigou et Samuel Honrubia contre la Tunisie en amical (les 28 et 30 octobre, à Chambéry et à Nantes), le sélectionneur national fait appel  à Kentin Mahé et à  Arnaud Bingo.

Deux joueurs prometteurs, au caractère affirmé et au talent indiscutable.
L’incorporation de Kentin Mahé, à peine 19 ans et 5 mois, peut paraître soudaine mais depuis quelques temps, Sylvain Nouet, le patron de la filière jeune à la Fédération française de handball, surveillait d’un œil bienveillant l’évolution du demi-centre et ailier gauche de Dormagen (D.1 allemande).  Et l’adjoint de Claude Onesta en France A, de confirmer,  « en raison des circonstances, appeler Kentin, était devenu une évidence ».  Lors du dernier Euro des moins de 21 ans en Slovaquie, il avait été un des rares tricolores à se hisser au plus haut niveau, ce qui d’ailleurs, lui avait valu le titre de meilleur buteur et meilleur joueur du tournoi. Depuis le début de la saison, il bataille dur avec son club allemand pour ne pas sombrer dans les profondeurs du classement et si jusque là, avec un calendrier défavorable, les résultats ne sont pas au rendez-vous (1 victoire, 6 défaites), le jeune Français donne satisfaction à l’encadrement de Dormagen.

Kentin Mahé, c’est une pépite à l’état brut. Un joueur toujours en mouvement, au service des autres avant de penser à lui, un gars formé à la rudesse et à l’exigence allemande, volontaire et fin tacticien. Ses points faibles : son jeune âge bien-sûr d’où son inévitable manque d’expérience au plus haut niveau et sa morphologie. Il reconnait lui-même, devoir encore progresser sur le plan physique pour rivaliser avec les meilleurs mondiaux.

Sa sélection, l’aîné des Mahé l’a apprise de la meilleure des façons qui soit, par son père Pascal, international à 297 reprises dans les années 90, à l’époque des chercheurs d’or du handball tricolore, du temps des Bronzés et autres Barjots. « Mon père a tout d’abord reçu un coup de fil de Claude Onesta lui annonçant son désir de me sélectionner et il a tout de suite répercuté l’information. Je l’ai écouté mais je n’ai toujours pas réalisé. Quand lundi midi, j’entrerai dans le hall de l’hôtel parisien où sont rassemblés les joueurs de l’équipe de France, je me rendrai compte de ce qui m’arrive. » Kentin passe la tête dans l’entrebâillement de la porte qui conduit tout droit vers France A. Comme l’avait fait en 2002, encore un peu plus jeune, à 18 ans et 7 mois, un certain Nikola Karabatic. Comme l’avait fait Pascal, le père de Kentin, avec une première sélection, en décembre 1984, à 21 ans. « La sélection de Kentin est un véritable cadeau. Elle arrive peut-être trop tôt mais Claude Onesta a été clair. Elle n’est pas une fin en soi. Kentin doit encore progresser mais qui va se plaindre de le faire au contact des meilleurs français ? Et dire que ce lundi qui arrive, Kentin devait retrouver ses potes juniors pour un stage en Tunisie contre la Tunisie. L’adversaire sera le même mais plus âgé et ce sera en France ! ».  En France, où le jeune Mahé évoluera un jour sans doute mais en attendant, ses pensées sont ailleurs. « Je regarde depuis toujours, cette équipe à la télé, elle a tout gagné et au moins, pour une semaine, je vais en faire partie. C’est énorme ! Et croyez-moi, je vais me donner à fond pour essayer de montrer mes qualités. Je prends ça comme une grande chance que tout le monde n’a pas. »

Pour Arnaud Bingo, c’est Stéphane Imbratta qui a eu le privilège de jouer le facteur. L’entraîneur de Tremblay vantait depuis au moins deux saisons les mérites de son joueur et Claude Onesta a reçu le message cinq sur cinq.  « C’est souvent Arnaud qui a remis l’équipe dans le sens de la marche, confie le stratège séquano-dionysien. Il joue pour les autres et c’est un véritable bosseur. Depuis que je suis au club, il n’a raté qu’un seul entraînement. Souvent, je suis obligé de le freiner car même blessé, il serait sur le terrain. » Pas plus tard que mercredi en Coupe de la Ligue contre Paris, Arnaud légèrement touché au bras, a passé son match sur le banc. Il est évident qu’il aurait pu apporter à l’équipe de Tremblay, ce petit coup de folie qui aurait pu lui permettre de s’imposer mais Stéphane Imbratta, sans préjuger de ce qui attendait son poulain, l’a préservé.  « Je suis content de ce qui lui arrive. Cela va lui permettre de progresser encore, de grandir. » L’ascension de ce passionné de compétition est fulgurante. Du haut de ses 23 ans et de son mètre 90, Arnaud entame sa 7ème saison en Division 1 masculine. Au début, c’était à Villefranche sur Saône (normal pour un natif de Lyon) où à l’époque, il côtoie un certain Cédric Paty. Après un passage à Villeurbanne,  c’est à Tremblay qu’il va prendre son véritable envol. C’est le petit jeune de l’équipe et parmi l’un des plus actifs. Il est constamment aux aguets. Sur le côté gauche, il a presque tout du joueur polyvalent puisque indifféremment utilisé à l’aile et à l’arrière. Son explosivité et son travail défensif sont également mises en valeur et c’est ce qui a intéressé Claude Onesta.

Arnaud lui, garde les pieds sur terre même s’il savoure pleinement ce qui lui arrive. «Quand Stéphane m’a dit que Claude Onesta l’avait appelé pour me sélectionner en France A, cela m’a fait tout drôle. J’ai encore du mal à réaliser et je suis très content. Je sais où je mets les pieds. » Sous le maillot tricolore, Arnaud Bingo retrouvera Sébastien Ostertag son camarade de club, au même poste d’ailleurs. «Il n’y a aucun souci entre nous, on s’entend très bien. J’étais déjà très heureux de le voir chez les Bleus. Maintenant je serai à ses côtés. » Et on serait tenté de dire pour Arnaud que désormais, c’est le plus dur qui commence. Derrière Michaël Guigou, le titulaire incontesté du poste, la place est très convoitée. « Je ne me prends pas la tête. Mais durant cette semaine chez les Bleus, je vais emmagasiner le plus de choses possibles. Cela me fait évidemment plaisir de me retrouver avec des grands joueurs. Je vais faire ce que je sais faire. Jouer au handball, tout simplement. » Il est nature, simple et positif, le Tremblaysien. Et c’est ce qui fait son charme. Mais en cherchant bien, il doit encore s’améliorer et travailler dans des domaines bien précis. « Il faut qu’il prenne quelques kilos et surtout qu’il gagne en technicité sur sa position d’ailier, précise Stéphane Imbratta, ensuite il lui faut peaufiner la qualité de son tir et le jeu sur petit espace. Il a néanmoins tout pour réussir s’il continue à travailler dans ce sens». Le conseil  venant de l’entraîneur qui a conduit Ivry au titre de champion de France en 2007 et Tremblay sur le podium et à l’Europe, les deux dernières saisons, est une sacrée référence.

Arnaud Bingo-Kentin Mahé, deux destins croisés. La même date désormais sur leur CV de joueur : le 28 octobre 2010, 1ère sélection en équipe de France et juste en dessous, parmi leur meilleur souvenir, cette première immersion dans l’univers des A. Avant d’ajouter d’autres  lignes à leur palmarès. C’est tout le mal que l’on peut leur souhaiter.

 Yves MICHEL (www.rtl-lequipe.fr)

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