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Trefilov, le donneur de voix

International

samedi 26 novembre 2011 - © Yves Michel

 4 min 32 de lecture

Evgueni Trefilov, l’entraineur de l’équipe féminine russe est à lui seul, une attraction. Craint par ses joueuses, admiré pour sa réussite et ses quatre titres mondiaux, le personnage ne passe pas inaperçu. Volcan sans cesse en éruption, le technicien cache sous sa carapace, une véritable  passion pour le handball.  

En dépit d’être l’entraîneur des multiples championnes du Monde, le Russe Evgueni Trefilov a un comportement qui sur un banc de touche ne laisse personne indifférent. Que ses joueuses soient en phase d’attaque ou de défense, qu’elles aient marqué un but ou perdu un ballon, le colosse de Krasnodar n’arrête pas de vociférer, gesticuler et jurer dans une langue que seules ses protégées comprennent mais qu’heureusement les arbitres ignorent. Ce samedi, alors que le Monténégro, 6ème du dernier Euro juste devant… la Russie, avait le toupet de titiller « ses filles », Trefilov a fait vibrer sa voix de baryton, le visage rouge tomate, s’agitant comme un sémaphore sur le ponton d’un porte-avions. Ce n’est en effet que dans les dernières minutes de ce premier match de gala que les Russes ont pris la mesure de leur vis-à-vis (35-30). Jusque-là, les championnes du Monde en titre n’avaient pas été très inspirées butant sur une défense monténégrine bien en place et perdant un nombre inhabituel de ballons. Le brave Evgueni lui, a accompagné son équipe jusqu'aux vestiaires et a continué à ruminer, comme à son habitude. « Nous, on l’aime bien, répondent de concert Charlotte et Julie Bonaventura, les deux arbitres françaises. Il ne nous dérange pas même s’il donne l’impression de toujours crier sur ses joueuses. » De mémoire, les deux jumelles orfèvres du sifflet n’ont jamais eu de problèmes majeurs avec le personnage. « De toute façon, s’amusent-elles, nous ne comprenons pas le russe mais si on voit qu’il est trop pressant, on lui demande de se calmer. » Et ce n’est pas un géant de près de deux mètres et de 120 kg qui va les impressionner. « Il est très expressif mais correct. C’est vrai qu’il est tout le temps dans cet état d’excitation. Il y a deux saisons, nous arbitrions la rencontre de coupe des coupes entre les Danoises d’Ikast et les Russes de Zvezda qu’entraîne Trefilov, et on occupait le vestiaire mitoyen. Dix minutes après la rencontre (perdue par les Russes), les murs tremblaient encore ! ». Et chaque fois, ses cordes vocales en prennent un coup !


Evgueni Trefilov arpente les parquets de handball depuis…. plusieurs décennies. Il a tout connu ou presque, en club chez lui à Krasnodar, puis à Togliatti et Zvenigorod, avec la sélection masculine dans le sillage du grand Maximov qui lui a inculqué ses grands principes basés sur le travail et rien que le travail et donc depuis 13 ans, en équipe nationale féminine. Qu’elle plaise ou non, sa méthode a des résultats. On trouve sur sa carte de visite, quatre titres mondiaux avec la sélection, une Ligue des Champions et une Coupe de l’EHF avec Zvezda, sans compter les trophées nationaux, un palmarès envié par bon nombre de ses collègues. Le quinquagénaire fascine autant qu’il déroute. « Il faut faire la différence entre l’apparence et le contenu, souligne Arnaud Gandais, l’entraîneur d’Issy-Paris Handball. C’est un amoureux du handball, un passionné du jeu. Il n’a que faire des honneurs et est constamment à la recherche de la perfection. » Trefilov, ce sont finalement les joueuses qui en parlent le mieux. Amélie Goudjo, une des pivots de l’équipe de France est habituée depuis longtemps à croiser la silhouette imposante du Moscovite sur tous les terrains de la planète. « C’est un entraîneur super exigeant qui a un charisme énorme. Je pense que derrière son image de grande dureté, il doit y avoir un grand cœur. Mais c’est vrai, il ne peut s’empêcher de crier sur ses joueuses, et très souvent, c’est limite. » Et malgré la réussite qu’il obtient, personne parmi ses collègues entraîneurs n’envisage d’adopter ses recettes. « Ça fait partie de la culture russe, reconnait Amélie Goudjo.  L’école russe est basée sur une certaine discipline et les filles n’osent pas répondre. Le vivier est tellement important qu’elles risqueraient de se faire virer. » En attendant Evgueni Trefilov tient le cap. Dans quelques jours, il entamera une nouvelle campagne, sur un autre continent avec toujours la même ambition: conduire "ses filles" au sommet, vers un cinquième titre mondial d'affilée. Et s'il faut hurler pour y parvenir, les cordes vocales de cet amateur de films avec Louis De Funès (cela ne s'invente pas) seront encore sollicitées. 

Trefilov, le donneur de voix 

International

samedi 26 novembre 2011 - © Yves Michel

 4 min 32 de lecture

Evgueni Trefilov, l’entraineur de l’équipe féminine russe est à lui seul, une attraction. Craint par ses joueuses, admiré pour sa réussite et ses quatre titres mondiaux, le personnage ne passe pas inaperçu. Volcan sans cesse en éruption, le technicien cache sous sa carapace, une véritable  passion pour le handball.  

En dépit d’être l’entraîneur des multiples championnes du Monde, le Russe Evgueni Trefilov a un comportement qui sur un banc de touche ne laisse personne indifférent. Que ses joueuses soient en phase d’attaque ou de défense, qu’elles aient marqué un but ou perdu un ballon, le colosse de Krasnodar n’arrête pas de vociférer, gesticuler et jurer dans une langue que seules ses protégées comprennent mais qu’heureusement les arbitres ignorent. Ce samedi, alors que le Monténégro, 6ème du dernier Euro juste devant… la Russie, avait le toupet de titiller « ses filles », Trefilov a fait vibrer sa voix de baryton, le visage rouge tomate, s’agitant comme un sémaphore sur le ponton d’un porte-avions. Ce n’est en effet que dans les dernières minutes de ce premier match de gala que les Russes ont pris la mesure de leur vis-à-vis (35-30). Jusque-là, les championnes du Monde en titre n’avaient pas été très inspirées butant sur une défense monténégrine bien en place et perdant un nombre inhabituel de ballons. Le brave Evgueni lui, a accompagné son équipe jusqu'aux vestiaires et a continué à ruminer, comme à son habitude. « Nous, on l’aime bien, répondent de concert Charlotte et Julie Bonaventura, les deux arbitres françaises. Il ne nous dérange pas même s’il donne l’impression de toujours crier sur ses joueuses. » De mémoire, les deux jumelles orfèvres du sifflet n’ont jamais eu de problèmes majeurs avec le personnage. « De toute façon, s’amusent-elles, nous ne comprenons pas le russe mais si on voit qu’il est trop pressant, on lui demande de se calmer. » Et ce n’est pas un géant de près de deux mètres et de 120 kg qui va les impressionner. « Il est très expressif mais correct. C’est vrai qu’il est tout le temps dans cet état d’excitation. Il y a deux saisons, nous arbitrions la rencontre de coupe des coupes entre les Danoises d’Ikast et les Russes de Zvezda qu’entraîne Trefilov, et on occupait le vestiaire mitoyen. Dix minutes après la rencontre (perdue par les Russes), les murs tremblaient encore ! ». Et chaque fois, ses cordes vocales en prennent un coup !


Evgueni Trefilov arpente les parquets de handball depuis…. plusieurs décennies. Il a tout connu ou presque, en club chez lui à Krasnodar, puis à Togliatti et Zvenigorod, avec la sélection masculine dans le sillage du grand Maximov qui lui a inculqué ses grands principes basés sur le travail et rien que le travail et donc depuis 13 ans, en équipe nationale féminine. Qu’elle plaise ou non, sa méthode a des résultats. On trouve sur sa carte de visite, quatre titres mondiaux avec la sélection, une Ligue des Champions et une Coupe de l’EHF avec Zvezda, sans compter les trophées nationaux, un palmarès envié par bon nombre de ses collègues. Le quinquagénaire fascine autant qu’il déroute. « Il faut faire la différence entre l’apparence et le contenu, souligne Arnaud Gandais, l’entraîneur d’Issy-Paris Handball. C’est un amoureux du handball, un passionné du jeu. Il n’a que faire des honneurs et est constamment à la recherche de la perfection. » Trefilov, ce sont finalement les joueuses qui en parlent le mieux. Amélie Goudjo, une des pivots de l’équipe de France est habituée depuis longtemps à croiser la silhouette imposante du Moscovite sur tous les terrains de la planète. « C’est un entraîneur super exigeant qui a un charisme énorme. Je pense que derrière son image de grande dureté, il doit y avoir un grand cœur. Mais c’est vrai, il ne peut s’empêcher de crier sur ses joueuses, et très souvent, c’est limite. » Et malgré la réussite qu’il obtient, personne parmi ses collègues entraîneurs n’envisage d’adopter ses recettes. « Ça fait partie de la culture russe, reconnait Amélie Goudjo.  L’école russe est basée sur une certaine discipline et les filles n’osent pas répondre. Le vivier est tellement important qu’elles risqueraient de se faire virer. » En attendant Evgueni Trefilov tient le cap. Dans quelques jours, il entamera une nouvelle campagne, sur un autre continent avec toujours la même ambition: conduire "ses filles" au sommet, vers un cinquième titre mondial d'affilée. Et s'il faut hurler pour y parvenir, les cordes vocales de cet amateur de films avec Louis De Funès (cela ne s'invente pas) seront encore sollicitées. 

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