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Euro U20M: Avec la France, cardiaques s'abstenir !

International

dimanche 22 juillet 2018 - © Yves Michel

 8 min 22 de lecture

Les joueurs de l'équipe de France des moins de 20 ans ont mis à rude épreuve les nerfs de leurs supporteurs. Face au Danemark, ils avaient pris une avance confortable (+8) lorsqu'ils sont restés muets l'espace de sept minutes. Tout le monde a tremblé mais au final, l'essentiel est préservé. Ils se sont imposés (31-30) et disputeront le Top 8 (Tour Principal). La tâche ne s'annonce pas aisée car pour entrer dans le carré final, les partenaires de Kyllian Villeminot (notre photo de tête) devront gagner deux matches "de coupe" face à la Croatie (ce mardi) et l'Espagne (ce mercredi). 

par Yves Michel, à Celje (Slovénie)

Il est sans doute écrit quelque part que la vie de l’équipe de France des moins de 20 ans ne peut pas ressembler à un long fleuve tranquille. Pour quelle raison faire simple quand on peut se compliquer la tâche et par exemple prendre un 7-0 en seulement sept minutes (après avoir mené 12-4 à la 16ème) et remettre du coup les Danois dans le match ?  Au cours de ce 1er quart d’heure, intelligemment négocié avec une parfaite conclusion sur fin de montée de balle ou d’attaque placée, la France affiche un visage séduisant et tout ou presque leur réussit. Les Nordiques sont en apnée, pris dans une tenaille défensive adverse, multiplient les pertes de balle ou butent sur Valentin Kieffer qui affiche d’excellentes dispositions. Et puis, le trou noir, la panne de secteur où va resurgir le scénario du match contre la Portugal. A la faveur d’un 2ème temps mort, l’entraîneur danois prend deux décisions radicales. Il rappelle sur le banc, son 1er gardien et surtout change de tactique offensive en optant pour le jeu à 7 contre 6. Un coaching qui donc va s’avérer gagnant puisque le 2ème portier Frederik Bo Andersen va sortir des ballons et se mettre à briller, ensuite les Français jusque-là si conquérants et très sérieux en défense ne vont jamais trouver les bonnes clés pour endiguer le surnombre. « Même si à l’entraînement, on avait anticipé cette éventualité, avoue Arnaud Parisy, en essayant de les perturber, on connait un temps faible et le temps qu’on retrouve des valeurs pour être un peu plus groupés, ils nous ont faits mal et ils se sont remis en selle. » Et les vieux démons sont revenus. Excès de précipitation, ballons catapultés de manière irraisonnée, manque de lucidité dans les enclenchements, refus de jeu, bref, les Français ne sont plus maîtres du parquet et sont poussés à la faute. A maintes reprises, le pivot Lukas Jörgensen (6 buts) va profiter de leur naïveté en prenant leur défense à revers. « On avait pris le parti d’avoir un "3 haut" qui joue les trajectoires et qui protège, explique l’adjoint de Yohann Delattre, mais on n’a pas forcément réussi à le faire, parce qu’aussi nos n°2 ne reviennent pas assez vite. Sur le 7 contre 6, on a pris peu de tirs de la base arrière, ils ont systématiquement recherché leur pivot et pour eux, cela a bien fonctionné. Cela doit nous alerter et nous renforcer dans les décisions à prendre si on doit revivre ce genre de choses. » A ce moment-là du match, les petits Français avaient grillé leur acquis. Tout était à refaire et en avaient-ils les ressources ? Le Danemark avait remonté son handicap mais ne parvenait pas à passer devant. Le ballon du +1 va lui brûler les mains. Comme souvent dans ce cas-là, un somptueux Kyllian Villeminot va trouver les ressources nécessaires pour insuffler une bouffée d’oxygène et dégager la bonne issue. Le capitaine tricolore a l’instinct du renard tiraillé par la faim. A la fois imprévisible et roublard. Sous le regard et les encouragements de papa et maman qui ont fait le déplacement jusqu’à Celjé, c'est donc lui qui dans cette fin de match si incertaine, a sonné le rappel. Le combat a été âpre, les débats tendus mais les Bleuets ont fait preuve d’un mental de guerrier. Ils ont retrouvé la "grinta" au bon moment. Aussi bien offensivement que défensivement, il y a encore des réglages à opérer mais l'ensemble montre au fil des rendez-vous, sa détermination. Pour preuve la fin de match.



Il restait encore sept secondes au chrono lorsque les Nordiques condamnés à l’exploit (le match nul à 30-30 ne leur suffisait pas) ont déployé une défense tout terrain. Cette victoire, les Français la voulaient ! A la conclusion de l'ultime possession, Elohim Prandi à la manière d’un William Accambray en quart de finale des Jeux Olympiques 2012, va régler à l’entrée de zone, le sort de l’infortuné gardien Andersen (31-30). « Au-delà du handball, c’est dans les têtes que le déroulement de ce match va faire du bien, enchaîne Arnaud Parisy. On a dépensé beaucoup d’énergie, il va falloir mettre l’accent sur la récupération. » L’équipe française revient de loin mais grâce à ce succès, elle s’évite le purgatoire d’un championnat parallèle qui n’intéresse personne et bascule dans le top 8 européen. « On sort lessivés d’un tel combat mais satisfaits d’avoir mené à bien cette mission, conçoit Yoann Gibelin (photo ci-dessus). C’était un match d’homme, quoi ! Malgré ce scénario un peu fou, on s’est rassuré dans le jeu. On était largement en tête, ils sont revenus sans jamais nous devancer. On a montré du caractère, de la solidarité et sans être dans l’excès, on peut être confiant. »  Les Français ont retrouvé cette force que trois jours plus tôt, une équipe du Portugal avait mise à mal. Ce résultat repousse encore un peu plus loin les limites d'un doute qui aurait pu définitivement s'installer. Pour autant, la France ne va pas aborder la suite avec le maximum d'atouts en mains. Jamais une formation sans le moindre point à l'entame du tour principal, ne s'est hissée dans le dernier carré. Il y a deux ans, les Danois se sont retrouvés dans ce cas, cela a failli passer mais ils ont été recalés à cause d'une plus faible différence de buts par rapport à la France et à la Slovénie. 

En deux jours, (mardi et mercredi) les Tricolores devront se coltiner deux équipes qui ont soif de revanche après avoir échoué en finale de l'Euro U18 pour les Croates et du Mondial U19 pour les Espagnols. Ils sont donc condamnés à l'exploit.

  

A Celje, Dvorana Zlatorog, dimanche 22 juillet à 17h
3ème journée de l’Euro masculin U21 
Arbitres : Dimitar Mitrevski & Blagojche Todorovski (Macédoine) 
France - Danemark  31-30 (MT 16-14)

France : V. Kieffer, (11/41 dt 1/2 à 7 - 27%) B. Soullier (gardiens) J. Bos (5/7), H. Brouzet (0/0), A. Cochery, C. Damiani (2/3), R. Dourte (1/1), R. Dupont-Marion (0/0), N. Gaudin (3/4 dt 1/1 à 7), Y. Gibelin (2/3), E. Kempf (2/5), D. Nahi (2/2), T. Poyet (0/0), E. Prandi (7/8), G. Tribillon (0/1), K. Villeminot (7/8)

Danemark : meilleurs buteurs : M. Gidsel (5), M. Moller (6), J. Würtz (4), F. Andersen (1), A. Laursen (1), L. Jörgensen (6), M. Petersen (3) R. Ejlersen (3), N. Vinther (1)



Trois questions à... Elohim Prandi, arrière gauche de la sélection

"Elo", que faut-il retenir de ce match ? L'esprit de solidarité qui vous a animés ? 
Oui parce qu'on aurait pu ne pas réagir lorsqu'ils sont revenus à notre hauteur. Ils n'avaient rien montré jusque-là, ils ont su profiter de nos erreurs et nous ont mis en difficulté à 7 contre 6. Ce qui est important, c'est que dans les moments critiques, on n'a jamais baissé les bras. 

Il n'y a eu aucun moment de doute lorsqu'ils reviennent à hauteur ? 
On n'a pas douté sur notre capacité à se reprendre. C'est vrai que sur le coup, tu peux te sentir démuni et sans armes. On ne voulait pas se faire "allumer" comme on l'avait été par les Portugais. Le 7-0, on le prend alors qu'il reste beaucoup de temps derrière, donc il n'y avait aucune raison de paniquer. 

Maintenant, c'est une nouvelle aventure qui commence...
En fait, sur un Euro, chaque équipe a un joker. On va dire qu'on l'a utilisé face au Portugal. Désormais pour nous, ce n'est plus un championnat, c'est une coupe, chaque match est éliminatoire. Depuis jeudi, on a progressé le plus souvent dans la douleur mais on a prouvé qu'on avait le mental pour réagir. J'attends beaucoup des deux matches qui arrivent.  

Le diaporama photos "Spécial Bleus" par Yves Michel

Euro U20M: Avec la France, cardiaques s'abstenir ! 

International

dimanche 22 juillet 2018 - © Yves Michel

 8 min 22 de lecture

Les joueurs de l'équipe de France des moins de 20 ans ont mis à rude épreuve les nerfs de leurs supporteurs. Face au Danemark, ils avaient pris une avance confortable (+8) lorsqu'ils sont restés muets l'espace de sept minutes. Tout le monde a tremblé mais au final, l'essentiel est préservé. Ils se sont imposés (31-30) et disputeront le Top 8 (Tour Principal). La tâche ne s'annonce pas aisée car pour entrer dans le carré final, les partenaires de Kyllian Villeminot (notre photo de tête) devront gagner deux matches "de coupe" face à la Croatie (ce mardi) et l'Espagne (ce mercredi). 

par Yves Michel, à Celje (Slovénie)

Il est sans doute écrit quelque part que la vie de l’équipe de France des moins de 20 ans ne peut pas ressembler à un long fleuve tranquille. Pour quelle raison faire simple quand on peut se compliquer la tâche et par exemple prendre un 7-0 en seulement sept minutes (après avoir mené 12-4 à la 16ème) et remettre du coup les Danois dans le match ?  Au cours de ce 1er quart d’heure, intelligemment négocié avec une parfaite conclusion sur fin de montée de balle ou d’attaque placée, la France affiche un visage séduisant et tout ou presque leur réussit. Les Nordiques sont en apnée, pris dans une tenaille défensive adverse, multiplient les pertes de balle ou butent sur Valentin Kieffer qui affiche d’excellentes dispositions. Et puis, le trou noir, la panne de secteur où va resurgir le scénario du match contre la Portugal. A la faveur d’un 2ème temps mort, l’entraîneur danois prend deux décisions radicales. Il rappelle sur le banc, son 1er gardien et surtout change de tactique offensive en optant pour le jeu à 7 contre 6. Un coaching qui donc va s’avérer gagnant puisque le 2ème portier Frederik Bo Andersen va sortir des ballons et se mettre à briller, ensuite les Français jusque-là si conquérants et très sérieux en défense ne vont jamais trouver les bonnes clés pour endiguer le surnombre. « Même si à l’entraînement, on avait anticipé cette éventualité, avoue Arnaud Parisy, en essayant de les perturber, on connait un temps faible et le temps qu’on retrouve des valeurs pour être un peu plus groupés, ils nous ont faits mal et ils se sont remis en selle. » Et les vieux démons sont revenus. Excès de précipitation, ballons catapultés de manière irraisonnée, manque de lucidité dans les enclenchements, refus de jeu, bref, les Français ne sont plus maîtres du parquet et sont poussés à la faute. A maintes reprises, le pivot Lukas Jörgensen (6 buts) va profiter de leur naïveté en prenant leur défense à revers. « On avait pris le parti d’avoir un "3 haut" qui joue les trajectoires et qui protège, explique l’adjoint de Yohann Delattre, mais on n’a pas forcément réussi à le faire, parce qu’aussi nos n°2 ne reviennent pas assez vite. Sur le 7 contre 6, on a pris peu de tirs de la base arrière, ils ont systématiquement recherché leur pivot et pour eux, cela a bien fonctionné. Cela doit nous alerter et nous renforcer dans les décisions à prendre si on doit revivre ce genre de choses. » A ce moment-là du match, les petits Français avaient grillé leur acquis. Tout était à refaire et en avaient-ils les ressources ? Le Danemark avait remonté son handicap mais ne parvenait pas à passer devant. Le ballon du +1 va lui brûler les mains. Comme souvent dans ce cas-là, un somptueux Kyllian Villeminot va trouver les ressources nécessaires pour insuffler une bouffée d’oxygène et dégager la bonne issue. Le capitaine tricolore a l’instinct du renard tiraillé par la faim. A la fois imprévisible et roublard. Sous le regard et les encouragements de papa et maman qui ont fait le déplacement jusqu’à Celjé, c'est donc lui qui dans cette fin de match si incertaine, a sonné le rappel. Le combat a été âpre, les débats tendus mais les Bleuets ont fait preuve d’un mental de guerrier. Ils ont retrouvé la "grinta" au bon moment. Aussi bien offensivement que défensivement, il y a encore des réglages à opérer mais l'ensemble montre au fil des rendez-vous, sa détermination. Pour preuve la fin de match.



Il restait encore sept secondes au chrono lorsque les Nordiques condamnés à l’exploit (le match nul à 30-30 ne leur suffisait pas) ont déployé une défense tout terrain. Cette victoire, les Français la voulaient ! A la conclusion de l'ultime possession, Elohim Prandi à la manière d’un William Accambray en quart de finale des Jeux Olympiques 2012, va régler à l’entrée de zone, le sort de l’infortuné gardien Andersen (31-30). « Au-delà du handball, c’est dans les têtes que le déroulement de ce match va faire du bien, enchaîne Arnaud Parisy. On a dépensé beaucoup d’énergie, il va falloir mettre l’accent sur la récupération. » L’équipe française revient de loin mais grâce à ce succès, elle s’évite le purgatoire d’un championnat parallèle qui n’intéresse personne et bascule dans le top 8 européen. « On sort lessivés d’un tel combat mais satisfaits d’avoir mené à bien cette mission, conçoit Yoann Gibelin (photo ci-dessus). C’était un match d’homme, quoi ! Malgré ce scénario un peu fou, on s’est rassuré dans le jeu. On était largement en tête, ils sont revenus sans jamais nous devancer. On a montré du caractère, de la solidarité et sans être dans l’excès, on peut être confiant. »  Les Français ont retrouvé cette force que trois jours plus tôt, une équipe du Portugal avait mise à mal. Ce résultat repousse encore un peu plus loin les limites d'un doute qui aurait pu définitivement s'installer. Pour autant, la France ne va pas aborder la suite avec le maximum d'atouts en mains. Jamais une formation sans le moindre point à l'entame du tour principal, ne s'est hissée dans le dernier carré. Il y a deux ans, les Danois se sont retrouvés dans ce cas, cela a failli passer mais ils ont été recalés à cause d'une plus faible différence de buts par rapport à la France et à la Slovénie. 

En deux jours, (mardi et mercredi) les Tricolores devront se coltiner deux équipes qui ont soif de revanche après avoir échoué en finale de l'Euro U18 pour les Croates et du Mondial U19 pour les Espagnols. Ils sont donc condamnés à l'exploit.

  

A Celje, Dvorana Zlatorog, dimanche 22 juillet à 17h
3ème journée de l’Euro masculin U21 
Arbitres : Dimitar Mitrevski & Blagojche Todorovski (Macédoine) 
France - Danemark  31-30 (MT 16-14)

France : V. Kieffer, (11/41 dt 1/2 à 7 - 27%) B. Soullier (gardiens) J. Bos (5/7), H. Brouzet (0/0), A. Cochery, C. Damiani (2/3), R. Dourte (1/1), R. Dupont-Marion (0/0), N. Gaudin (3/4 dt 1/1 à 7), Y. Gibelin (2/3), E. Kempf (2/5), D. Nahi (2/2), T. Poyet (0/0), E. Prandi (7/8), G. Tribillon (0/1), K. Villeminot (7/8)

Danemark : meilleurs buteurs : M. Gidsel (5), M. Moller (6), J. Würtz (4), F. Andersen (1), A. Laursen (1), L. Jörgensen (6), M. Petersen (3) R. Ejlersen (3), N. Vinther (1)



Trois questions à... Elohim Prandi, arrière gauche de la sélection

"Elo", que faut-il retenir de ce match ? L'esprit de solidarité qui vous a animés ? 
Oui parce qu'on aurait pu ne pas réagir lorsqu'ils sont revenus à notre hauteur. Ils n'avaient rien montré jusque-là, ils ont su profiter de nos erreurs et nous ont mis en difficulté à 7 contre 6. Ce qui est important, c'est que dans les moments critiques, on n'a jamais baissé les bras. 

Il n'y a eu aucun moment de doute lorsqu'ils reviennent à hauteur ? 
On n'a pas douté sur notre capacité à se reprendre. C'est vrai que sur le coup, tu peux te sentir démuni et sans armes. On ne voulait pas se faire "allumer" comme on l'avait été par les Portugais. Le 7-0, on le prend alors qu'il reste beaucoup de temps derrière, donc il n'y avait aucune raison de paniquer. 

Maintenant, c'est une nouvelle aventure qui commence...
En fait, sur un Euro, chaque équipe a un joker. On va dire qu'on l'a utilisé face au Portugal. Désormais pour nous, ce n'est plus un championnat, c'est une coupe, chaque match est éliminatoire. Depuis jeudi, on a progressé le plus souvent dans la douleur mais on a prouvé qu'on avait le mental pour réagir. J'attends beaucoup des deux matches qui arrivent.  

Le diaporama photos "Spécial Bleus" par Yves Michel

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