Un but. Voilà ce qu’il a manqué aux Parisiennes pour créer l’un des plus grands exploits du hand français face à Holstebro, essoré par le jeu des vice-championnes de France (32-20). Mais cette performance offre beaucoup, beaucoup d’espoirs pour la suite. Et alimente les rêves de titre de tout un club.
C’est énorme, et ça aurait pu l’être encore davantage. Normalement, il n’y avait plus aucun suspense dans ce quart de finale de Coupe EHF, puisque Issy-Paris avait totalement explosé à l’aller au Danemark, pris de vitesse par les petits gabarits d’Holstebro (40-27). Remonter un tel écart face à une formation de ce standing est tout bonnement impossible. Et pourtant, les Parisiennes ont bien failli faire mentir tout le monde. Vendredi, dans un Coubertin agréablement garni (un peu moins de 2000 spectateurs), elles ont complètement écartelé leur adversaire. Eteint en attaque, dépassé par le jeu collectif efficace des Françaises, sans solution, Holstebro a tremblé avant de sauver sa qualification dans les derniers instants (32-20). Et il n’y avait qu’à voir Armelle Attingré faire les 100 pas dans les couloirs des vestiaires pour comprendre que le rêve, la gardienne et les siennes l’ont touché du doigt.

« Les 13 buts de retard, on n’en parlait pas, on savait que ce serait compliqué alors l’objectif était de jouer, travailler pour la suite, prendre du plaisir. » Karolina Zalewski et les siennes en ont pris, et dès le début. La défense, trop permissive à l’aller, se montrait compacte et agressive pour perturber la belle circulation de balle adverse, menée par Kristina Kristiansen, meilleure demi-centre du dernier Euro. Totalement déroutées, les Danoises perdaient 7 ballons en 11 minutes (!), Issy-Paris se nourrissait des contres et créait un premier écart prometteur sur un but en pivot de l’excellente Fehri (5-1, 8e). Les deux temps-mort d’Agesen n’y faisaient rien : Attingré commençait son énorme match (20 arrêts à 51%) et les frangines Oftedal – avec une Hanna en progrès constants ces dernières semaines – donnaient 8 buts d’avance à Issy-Paris (11-3, 19e). « C’était dur de marquer, on a joué contre une équipe différente de l’aller cette fois, beaucoup plus agressive », ne pouvait que constater Silje Solberg (photo ci-dessus), elle aussi déterminante dans ses cages (18 arrêts).
Une défense plus haute des Danoises associée à une petite baisse d’intensité d’Issy-Paris, qui a peu tourné, resserrait le score (12-6, 24e). Mais la machine se remettait en marche avec le premier but de Jovanovic, diminuée par une cheville souffrante, en début de seconde période (20-11, 33e). D’un tir en pleine lucarne, Hanna Oftedal donnait enfin 10 buts d’avance aux siennes (23-13, 46e). Puis Coralie Lassource, au bout d’un contre, qualifiait les Franciliennes (50e). « Il y avait de la motivation, de l’engouement (et un arbitrage très permissif, ndlr), on s’est laissé porter par le truc, raconte son homologue de l’aile droite Karolina Zalewski. Un truc se passait. »

Un 3-0 danois douchait l’enthousiasme (28-18, 55e). Mais ces Lionnes avaient des ressources insoupçonnées vendredi. « En début de match, tu donnes tout, puis d’un coup tu lèves la tête et tu vois l’écart qui est creusé, puis tu dois rebaisser la tête et te battre pour la qualification », revit Sophia Fehri (photo ci-dessus), qui a plus que justifié sa titularisation en pivot (4/5). Lassource, de l’aile cette fois, envoyait à nouveau son équipe en demi-finale (31-18, 58e). Mais 30 secondes plus tard, Jamina Roberts, qui n’est pas internationale suédoise pour rien, faisait valoir son talent dans les duels et offrait une fin de match folle. Un premier but de l’arrière gauche (31-19, 58’30’’), une action menée jusqu’au bout par Issy et un caviar de Jovanovic pour Wibe (32-19, 59’12’’), un nouveau but de Roberts à 20 secondes du terme (32-20), et un temps-mort parisien. En supériorité numérique, Stine Oftedal feintait et tentait sa chance par-dessous. A côté. Et ce sont les Danoises qui exultent. « Même si on a connu des problèmes en attaque, on a toujours tenté et notre défense a bien tenu, souffle Solberg. On n’a pas eu peur, on ne pensait pas au score. Mais bien sûr, je suis contente du dénouement… »
Passé le temps des premiers regrets, Issy-Paris n’étais pas malheureux non plus. « C’est sur le match aller qu’on a des regrets. Là, on est fières », affirme Fehri. Privé de Spincer et avec une Jovanovic amoindrie, le club parisien a livré sa meilleure prestation des deux dernières saisons face à un cador européen. « L’équipe que j’ai sentie sur le terrain aujourd’hui, c’était vraiment bien. Cela prouve qu’on est capable. Maintenant, il faut reproduire la même chose en Championnat », prône Zalewski. Une victoire, à Fleury ou face à Nîmes, permettra d’assurer la 2e place, qualificative pour les demi-finales. Ensuite, aucun adversaire ne sera imbattable si les Parisiennes évoluent à ce niveau. Le titre, dont les dirigeants rêvent tellement, ne sera alors peut-être pas si loin.

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Quart de finale retour de Coupe EHF
A Paris (Coubertin), 1700 spectateurs environ
ISSY-PARIS HAND – TEAM TVIS HOLSTEBRO
32 – 20 (Mi-temps : 17 – 10)
Issy-Paris.- Gardiennes : Attingré (60 min, 20 arrêts) et Garba. Joueuses de champ : C. Lassource (6/9), S. Oftedal (7/10), Briémant (1/1), Zalewski (4/5), H. Oftedal (5/9), Wibe (2/4), Camara (1/3), Fehri (4/5), Bossavy, Jovanovic (2/9), Issifou. Entraîneur : P. Morel.
Holstebro.- Gardiennes : Solberg (60 min, 18 arrêts) et Vulm (1 arrêt). Joueuses de champ : Dragojevic, Blohm (1/3), Hagman (3/7), Andersen (2/5), Roberts (4/7), Pedersen, Nielsen, Hald, Norgaard (3/9), Kristiansen (3/6), Möller (4/13). Entraîneur : N. Agesen.
Coupe des vainqueurs de Coupe : Fleury a un pied dans le dernier carré
Christophe Cassan, l’entraîneur de Fleury, disait que le staff ferait le point à la mi-temps de cette double confrontation face à Zvezda Zvenigorod. Tout le monde doit être très satisfait de la victoire (28-19) autant que de la prestation livrée par un Fleury extrêmement solide en défense et toujours efficace en attaque (14 petits tirs loupés). Les lauréates de la Coupe de la Ligue ont mis un premier pied en demi-finale, mais attention : le 7 majeur a beaucoup donné vendredi (1 heure complète pour les ailières Houette et Tounkara et la gardienne Zoqbi auteure de 18 arrêts, 50 minutes pour les arrières Barbosa-Niombla-Mangué). Pas sûr que ce soit aussi simple dimanche, pour le match retour, d’autant que les Russes ont davantage fait tourner (même si seulement 4 joueuses ont marqué). Mais Fleury a gagné le droit de voir venir.

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Quart de finale aller de Coupe des vainqueurs de Coupe
A Fleury-les-Aubrais (Albert-Dauger), 600 spectateurs
ZVEZDA ZVENIIGOROD – FLEURY LOIRET
19 – 28 (Mi-temps : 9 – 15)
Zvenigorod.- Gardiennes : Basarab (30 min, 8 arrêts), Sidorova (30 min, 3 arrêts) et Yakupova. Joueuses de champ : Ivanova, Potapenko (4/11), Klimantceva, Antonova (5/7), Koroleva (0/6), Kozhodar (0/2), Uskova (0/1), Marennikova (3/7), Khavronina (7/12), Amelchenko (0/1), Zakharova (0/2), Zakordonskaia. Entraîneur : A. Revva.
Fleury.- Gardiennes : Zoqbi de Paula (60 min, 18 arrêts) et Callavé. Joueuses de champ : Mino-Larenas, Agathe (3/5), Kamdop (1/3), Tounkara (5/7), Houette (6/8), Nianh, Bruneau, Manga, De Sosa, Niombla (2/3), Ngo-Leyi (0/3), Grimaud, Barbosa (7/8), Mangué (4/5). Entraîneur : C. Cassan