Ce samedi, Yann Genty sera sur le parquet de Bercy dans les cages de Chambéry à l'occasion de la finale de la Coupe de France face à Dunkerque (21h00). Le gardien de buts savoyard a également été convoqué par Didier Dinart au prochain rassemblement de France "A" pour les deux derniers matches de qualification à l'Euro 2020. A 37 ans, tout vient à point pour qui sait attendre une consécration tardive.
par Yves MICHELQuelle semaine pour Yann Genty ! A 37 ans, le gardien de buts de Chambéry a su se montrer patient. Il vient d’être retenu par Didier Dinart au prochain rassemblement de France A pour les deux derniers matches de qualification à l’Euro 2020 et samedi, il participera au sein de l’équipe savoyarde, à la finale de la coupe de France masculine face à Dunkerque. Une affiche qui remet au goût du jour le passé puisqu’il y a huit ans, les deux formations s’étaient retrouvées face à face pour la même apothéose. Parmi les rescapés de l’époque, seuls Pierre Paturel et l’entraîneur adjoint Laurent Busselier côté chambérien et Baptiste Butto dans le camp nordiste seront sur le parquet de Bercy. Yann Genty lui, n’a jamais connu les honneurs même s’il s’est toujours illustré dans ce qu’il sait faire de mieux, défendre son périmètre et participer au jeu par des relances millimétrées. Ce n’est pas pour rien qu’il occupe actuellement la tête du classement des gardiens de l’élite avec 300 arrêts à son actif.
Yann, peut-on parler de semaine particulière pour toi ?
Oui et non… plus pour Chambéry que pour moi parce qu’il faut rester totalement concentré car on joue sur deux tableaux. La réception de Toulouse ce mercredi était importante. Surtout avec un Nîmes-Paris de l’autre côté. On a réalisé le match qu’il fallait et maintenant on peut se consacrer à la coupe.
Doit-on s’étonner de cette belle fin de saison de Chambéry ?
Je me rappelle l’année où on avait fini 4ème (en 2015) en battant Paris, Montpellier chez nous, on avait perdu des points contre des équipes qui étaient largement à notre portée. Et là, c’est un peu l’inverse. C’est là où je suis un peu étonné, on arrive à être appliqué sur ces matches-là.
Chambéry n’était plus habitué à avoir des matches à enjeu en fin de saison…
C’est vrai, c’est toujours pénible quand tu arrives à cette période de n’avoir plus rien à jouer. En plus, il faut continuer les entraînements. Tu as envie que la saison se termine et de passer à autre chose. Alors que là, ce qu’on vit est cool et cela nous prépare aussi à la saison prochaine.
Tu affiches vraiment cette volonté de rester dans la même dynamique…
Je ne suis pas le seul, c’est un vœu collectif et c’est Erick (Mathé) qui apporte cette régularité, cette rigueur tous les jours. Il a connu ça avec Montpellier et il nous apprend à comment se comporter face à des objectifs très élevés.
Erick Mathé est-il véritablement au centre du réacteur ?
Je donnerai l’exemple de cette semaine. Il y avait deux échéances et toi, joueur, bien-sûr que ce qui arrive en fin de semaine peut prendre le dessus dans ton esprit. Mais quand le coach ne pense qu’au match de championnat et qu’il ne parle à aucun moment de la coupe, c’est en fait lui qui est au centre du débat. Et du coup, ça déteint sur le groupe et tu ne t’occupes que de la priorité du moment et mercredi, c’était Toulouse.
Chambéry est désigné comme grand favori de cette finale de coupe…
C’est vrai qu’on les a récemment battus (il y a dix jours dans le Nord de 6 buts) mais je pense que ce n’était pas le vrai Dunkerque. On a bien senti de la part de Cazal et même d’Erick, qu’il y avait un poker menteur entre les deux. Ça serait vraiment se tromper si on pensait que cette finale s’apparente à une formalité. C’est un autre match, un autre contexte. Eux, ils ont tout à mettre là-dedans. Nous, derrière, il y a encore deux rendez-vous et le podium en championnat. Cela ne veut pas dire que samedi, on y va en dilettante.
Huit ans après la même finale…
Et là aussi, je me rappelle que Chambéry était largement favori. Et c’est Dunkerque qui a gagné. Peu importe ce qui s’est passé avant, une finale c’est particulier, la tactique passe après la motivation et l’envie. Personne dans l’équipe n’a déjà soulevé un trophée donc le challenge est excitant pour tout le monde.
Au fait, Chambéry en EHF c’est acquis mais Chambéry en Champions League, c’est réaliste ?
Franchement, c’est aux dirigeants de se prononcer sur la question. Est-ce que le 8ème budget du championnat français a les reins assez solides pour y aller ? En tant que sportif, tu t’en fous. Mon rôle est d’amener le club le plus haut possible et ensuite, c’est aux dirigeants de faire leur choix. Après, on peut se dire que la poule basse de Ligue des Champions vaut les poules EHF. Les joueurs que tu vas interroger vont tous te dire qu'ils préfèrent la Ligue des Champions. C’est normal !
Yann Genty en France A… cela fait quoi ?
(rires) Si Dinart m’avait appelé pour aller faire une pétanque, j’étais partant. C’est l’équipe de France quoi ! Quelle que soit la nature et l’enjeu des matches, tu ne peux éprouver que de la fierté.
Tu ne débutes quand même pas une nouvelle carrière à 37 ans !
Pour l’instant, j’ai du mal à me projeter, le rassemblement n’est pas programmé la semaine prochaine. J’ai tellement de choses à jouer avant que pour l’instant, je ne peux exprimer que ma satisfaction d’être appelé. Je suis plus focus sur Chambéry. Mon fils y pense plus que moi en insistant sur les six étoiles brodées sur le maillot (rires). Je n’ai pas envie de servir d’exemple mais les jeunes peuvent se servir de mon histoire. Il ne faut rien lâcher et toujours y croire.
Toute la ville en parle
La finale de coupe de France est un véritable événement à Chambéry. La ville a décidé d'encourager l'équipe et d'afficher son soutien avec le portrait de tous les joueurs sur des affiches suspendues. 1600 supporteurs sont attendus dans les gradins de Bercy. Pour ceux qui ne pourront pas faire le déplacement, un écran géant sera installé au gymnase Jean-Jaurès afin de suivre gratuitement la rencontre.
Alex Costoya sera le grand absent de la finale
Blessé à l'occasion du match de mercredi contre Toulouse, l'arrière espagnol doit déclarer forfait. Il souffre d'une douleur au pied qu'il a du mal à reposer à terre et il ne pourra donc pas tenir sa place. Tout comme Romain Briffe, opéré de l'épaule en février dernier et qui avait du renoncer jusqu'à la fin de la saison.
Les finales ne réussissent pas toujours aux Savoyards
Chambéry disputera ce samedi la 6ème finale de coupe de France de son histoire. Jusque-là, aucune n'a été gagnée. Si Montpellier a contrarié les ambitions savoyardes en 2002, 2005 et 2009, Dunkerque s'est imposé en 2011 et le PSG en 2014.